Chlorothalonil

Le chlorothalonil pur est une substance cristalline incolore et inodore. Il est utilisé comme biocide pesticide, en substance active de produit phytosanitaire (ou produit phytopharmaceutique), entrant dans la composition de certains antifoulings en raison de ses propriétés fongicides. C'est aussi un antigerminatif de contact. Il appartient à la famille chimique des organochlorés dérivés du benzène.

Chlorothalonil
Identification
No CAS 1897-45-6
No ECHA 100.015.990
No CE 217-588-1
No RTECS NT2600000
SMILES
InChI
Apparence cristaux incolores et inodores[1].
Propriétés chimiques
Formule C8Cl4N2  [Isomères]
Masse molaire[2] 265,911 ± 0,015 g/mol
C 36,13 %, Cl 53,33 %, N 10,53 %,
Propriétés physiques
fusion 250 à 251 °C[3]
ébullition 350 °C[3]
Solubilité 0,6 mg·l-1 (eau, 20 °C)[3]
Masse volumique 1,8 g·cm-3[1]
Pression de vapeur saturante à 40 °C : <1,3 Pa[1]
Précautions
SGH[4]

Danger
H317, H318, H330, H335, H351 et H410
Transport
-
   2811   
Classification du CIRC
Groupe 2B : Peut-être cancérogène pour l'Homme[5]
Écotoxicologie
DL50 3 700 mg·kg-1 (souris, peroral)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Réglementation

Sur le plan de la réglementation des produits phytopharmaceutiques :

En mars 2019, l'Union européenne n'a pas renouvelé l'autorisation du chlorothalonil, avec un délai de retrait au 20 novembre 2019, et un délai de grâce maximum au 20 mai 2020[6],[7].

En décembre 2019, en Suisse, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) interdit à son tour l’utilisation du chlorothalonil avec effet au 1er janvier 2020[8]. Mais, le 24 août 2020, le Tribunal administratif fédéral oblige l’OSAV à retirer de sa page web sa réévaluation du chlorothalonil. C'est là une mesure provisionnelle, valable jusqu'à décision prise sur le fonds pour la validité, ou la non validité, de cette réévaluation.

Caractéristiques physico-chimiques

Les caractéristiques physico-chimiques dont l'ordre de grandeur est indiqué ci-après, influencent les risques de transfert de cette substance active vers les eaux, et le risque de pollution des eaux :

Écotoxicologie

Le lecteur doit d'abord se référer à la législation nationale et internationale mise à jour. Sous réserve de changements non encore intégrés dans cet article, sur le plan de l’écotoxicologie, les concentrations létales 50 (CL50) dont l'ordre de grandeur est indiqué ci-après, sont observées :

Il est classé toxique pour les poissons, polluant marin et pouvant causer des effets à long terme sur l'environnement aquatique. Il est cependant utilisé dans certains antifoulings.
À partir d'une certaine température ou lors d'incendie, il produit des fumées et gaz irritants ou toxiques, contenant du chlorure d'hydrogène et des oxydes d'azote. À 20 °C, il est peu volatil dans l'air, mais sous forme particulaire ou mis en suspension par pulvérisation ou dispersion, surtout sous forme de poudre, il peut être inhalé et intoxiquer l'Homme ou des animaux.

phytopharmacovigilance : L'Anses a publié en 2018 une fiche dédiée à ce pesticide[9].

Chez les abeilles, le chlorothalonil a aussi été reconnu comme augmentant considérablement les infections par les champignons Nosema ceranae et Nosema apis[10], qui joueraient un rôle dans le syndrome d'effondrement des colonies[11].

Toxicité pour l’Homme

On manque de données toxicologique précises concernant l’Homme. La dose journalière acceptable (DJA) est aujourd'hui (2006) de l’ordre de : 0,01 mg·kg-1·j-1. Il provoque une sensation de brûlure sur la peau, avec érythème facial et péri-orbital possible, risque d'eczéma de contact (de photosensibilisation et/ou urticaire?). Selon l'OMS, une exposition chronique ou répétée de la peau peut causer une dermatite et une sensibilisation cutanée. Une dermite irritative peut survenir pour des concentrations à peine supérieures à 0,01 %.

Les yeux rouges, irrités et des troubles de la vue surviennent en cas de contact avec l'œil. Des douleurs au ventre et une sensation de brûlure apparaissent en cas d'ingestion. Des effets sur les reins et les voies digestives peuvent survenir.

La base de données TELETOX (Base de données des produits phytosanitaires) rappelle qu'en raison des solvants organiques qui lui sont toujours associés, des troubles de la conscience, ou une pneumopathie peuvent survenir après inhalation. Une urticaire de contact et une réaction anaphylactique généralisée (œdème de Quincke accompagnée de laryngospasme et dyspnée) apparus quelques minutes après l'inhalation sont aussi signalé par TELETOX pour un cas.

Selon l'agence américaine EPA, il a été classé en 1999 dans la catégorie B2 des "probables cancérogènes" pour l'humain[12],[13].

Selon le Centre international de recherche sur le cancer CIRC, la qualification dans la catégorie 2B signifie qu'une substance est "peut-être carcinogène". Il est utile de rappeler ici que cette catégorie contient actuellement 313 agents "possibles carcinogènes", comme les extraits de feuilles de l'Aloe vera, alors que c'est la catégorie 2A qui contient 88 agents "probablement carcinogènes", comme le glyphosate. La catégorie 1 contient les 120 agents certainement carcinogènes.

Codes de classement

N° ICSC  : 0134
N° ONU  : 2588
Sa Classe de danger ONU est 6.1 ; Il ne doit pas être transporté ou stocké avec des aliments ou produits alimentaires, il est classé "Polluant marin" (marine pollutant). Le symbole Xn doit figurer sur le contenant. L'OMS donne la consigne d'éviter la dispersion de poussières, d'éviter tout contact avec le produit, tout particulièrement pour les enfants et adolescents.

Voir aussi

Notes et références

  1. CHLOROTHALONIL, fiche(s) de sécurité du Programme International sur la Sécurité des Substances Chimiques, consultée(s) le 9 mai 2009
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. Entrée « Chlorothalonil » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 31 mars 2009 (JavaScript nécessaire)
  4. Numéro index 608-014-00-4 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du règlement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  5. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 2B : Peut-être cancérogènes pour l'Homme », sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
  6. (en) « EU Pesticides database - European Commission - Chlorothalonil », sur ec.europa.eu (consulté le )
  7. Marie Maurisse, « Deux pesticides à risque sont encore largement utilisés en Suisse », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  8. Le chlorothalonil sera interdit à partir du 1er janvier 2020, Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, 12 décembre 2019
  9. Fiche PPV du Chlorothalonil, Anses, version 01/11/2017, mise en ligne le 02/02/2018
  10. (en) Dennis vanEngelsdorp, Robyn Rose, Jennie Stitzinger et Michael Andree, « Crop Pollination Exposes Honey Bees to Pesticides Which Alters Their Susceptibility to the Gut Pathogen Nosema ceranae », PLOS ONE, vol. 8, no 7, , e70182 (ISSN 1932-6203, PMID 23894612, PMCID PMC3722151, DOI 10.1371/journal.pone.0070182, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Robert A. Cramer Jr, Kevin W. Wanner, Joanna Gress et Shan L. Bilimoria, « Iridovirus and Microsporidian Linked to Honey Bee Colony Decline », PLOS ONE, vol. 5, no 10, , e13181 (ISSN 1932-6203, PMID 20949138, PMCID PMC2950847, DOI 10.1371/journal.pone.0013181, lire en ligne, consulté le )
  12. https://archive.epa.gov/pesticides/reregistration/web/pdf/0097red.pdf
  13. « Effets toxiques des matières actives - SAgE pesticides - Chlorothalonil », sur www.sagepesticides.qc.ca (consulté le )
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