Chiac

Le chiac, parfois appelé le/la chiacque ou chiak, est une variété du français acadien, parlée surtout au Sud-Est du Nouveau-Brunswick au Canada[1],[2]. Bien que des débats existent au sujet de sa définition, le chiac est souvent caractérisé et distingué des autres variétés du français acadien par l'importance et les formes particulières de ses emprunts à l'anglais[1],[3],[4]. Un Chiac, ou Chiacque au féminin, est aussi un Acadien de la côte sud-est du Nouveau-Brunswick[5].

Chiac, Chiacque, Chiak
Pays Canada
Région Sud-est du Nouveau-Brunswick
Typologie SVO flexionnelle syllabique
Classification par famille

Exemples

Le chiac est l'une des variétés du français acadien, qui comporte une part plus ou moins importante de mots empruntés à l'anglais. Ces mots sont surtout empruntés au lexique (noms, adjectifs et bases verbales), avec quelques conjonctions (but, so) et adverbes (anyway, whatever). Les verbes prennent le plus souvent la conjugaison française (j'ai watché la tv).

Quelques exemples :

  • « Ej vas tanker mon truck de soir pis ej va le driver. Ça va êt'e right dla fun. » (Je vais faire le plein de mon camion ce soir et je vais faire une promenade. Ça va être vraiment plaisant.)
  • « Espère-moi su'l'corner, j'traverse le chmin et j'viens right back. » (Attends-moi au coin, je traverse la rue, je reviens bientôt.)
  • « Va waire endans d'la bakery mander si yiavont still la sale su les Râpures. » (Allez vérifier à l'intérieur de la boulangerie s'ils ont encore la vente sur les Râpures.)
  • «Wail, j'waira meque qu'ej j'i baille par la, ca s'ra probably pas that long tan.» (Oui, je verrai quand j'y arriverai, ça ne sera probablement pas si long.)
  • «Asteur qu'ej cher sa, ej'y pensra probably au diferan. » (Maintenant que je sais, je vais probablement y penser différemment.)
  • «Va waire cri a broche k'e hooké su'el wall au bord du couch d'salon. » (Allez chercher le fil qui est branché dans le mur du salon.)
  • « J'get pas ton troube, c'er pas sitant dur a trouvire l'amanchure pour el starter up. » (Je ne comprends pas votre problème, ce n'est pas si difficile de trouver le moyen de le démarrer.)
  • « Zeux ils pensont qu'y ownont le car. » (Eux, ils pensent que la voiture leur appartient.)
  • « On va amarrer ça d'même pour faire sûr que ça tchenne. » (On va l'attacher comme ça pour s'assurer qu'il tienne.)
  • « Ça t'tente tu d'aller watcher un movie? » (Est-ce que ça te tente d'aller voir un film?)
  • «  Ej ché pas...so quosse tu va faire d'soir? » (Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu fais ce soir?)

Histoire

L'origine du mot chiac n'est pas connue. Selon l'auteur du Dictionnaire du français acadien, Yves Cormier, il proviendrait du nom de la ville de Shédiac (Es-ed-ei-ik), au Nouveau-Brunswick[5]. Cette hypothèse n'est cependant pas vérifiée[2].

Utilisation et opposition

Le chiac est une langue orale souvent entendue à Moncton et les villes environnantes. Les Acadiens ont été, et demeurent, minoritaires dans un environnement anglo-dominant. Il est important de noter également que le chiac est un dialecte/"langue" distinct, il est souvent confondu avec le français acadien mélangé à des mots anglais, ce qui est très courant à Moncton.

Le chiac est parfois désavoué par les anglophones et les francophones car considéré comme un hybride impur, un « mauvais » français. Cependant, à l'instar du joual au Québec, le chiac a été repris ces dernières années par quelques groupes du Nouveau-Brunswick en tant que composante de leur culture collective. Un certain nombre d'artistes acadiens, dont les groupes 1755 et Radio Radio, ont écrit et chanté en chiac (Marie-Jo Thério) et d'autres continuent de le faire (Lisa LeBlanc). Le chiac a aussi été utilisé dans la série animée Acadieman.

Plusieurs écrivains du Sud-Est du Nouveau-Brunswick mobilisent le chiac dans leur écriture, Jean Babineau étant l'auteur qui est allé le plus loin dans cet exercice, passant du français normatif ou familier, à l'anglais et au chiac selon les besoins[6]. France Daigle et Paul Bossé font aussi un usage du chiac de façon plus modérée[6]. Herménégilde Chiasson réserve le langage populaire à quelques pièces de théâtre[6]. Le problème de la portée du chiac se pose, car ce dialecte est surtout compris dans le Sud-Est[6]. Le désir de toucher le plus grand nombre possible de lecteurs francophones influence d'ailleurs la plupart des auteurs à tendre vers le français normatif[6]. Même Gérald Leblanc, pourtant auteur de L'Éloge du Chiac, suivait ce courant de pensée[6].

Notes et références

  1. « Chiac | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  2. « Le chiac, objet de fierté et de doute pour les Acadiens », sur ici.radio-canada.ca (consulté le )
  3. Marie-Ève Perrot, « Le trajet linguistique des emprunts dans le chiac de Moncton : quelques observations », Minorités linguistiques et société / Linguistic Minorities and Society, no 4, (lire en ligne)
  4. Tommy Berger, Le chiac: entre langue des jeunes et langue des ancêtres. Enjeux de nomination à travers les représentations linguistiques du chiac dans le sud-est du Nouveau-Brunswick (Mémoire de maîtrise), Montréal, Université de Montréal, (lire en ligne)
  5. Yves Cormier, Dictionnaire du français acadien, Fides, (ISBN 978-2-7621-3010-2), p. 138-139.
  6. David Lonergan, Paroles d'Acadie : Anthologie de la littérature acadienne (1958-2009), Sudbury, Prise de parole, , 445 p. (ISBN 978-2-89423-256-9), p. 37-40

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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