Chartreuse d'Aubevoye

La chartreuse d'Aubevoye est une chartreuse fondée en 1563 à Aubevoye sous l'impulsion du cardinal Charles Ier de Bourbon, à l'emplacement actuel du quartier de la commune auquel elle a laissé son nom, non loin de Gaillon, d'où son autre nom de chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon.

Chartreuse de
Bourbon-lèz-Gaillon

La chartreuse par Louis Licherie - 1687
Présentation
Nom local chartreuse d'Aubevoye
Culte Catholique
Rattachement Diocèse d'Évreux
Début de la construction 1563
Fin des travaux 1571
Architecte Pierre Marchant puis Pierre-Louis Helin en 1772-1776
Style dominant Classicisme plan et style cartusien
Géographie
Pays Royaume de France

Chartreuse (complément)

La chartreuse en 1829

Identité du monastère
Présentation du monastère
Ordre ordre cartusien
Province cartusienne France-sur-Seine
Patronage Notre-Dame de Bonne-Espérance
Fondateur Charles Ier de Bourbon
Date de la fondation XVIe siècle
Fermeture 1790
Armes du fondateur
Armoiries du monastère
Architecture
Styles rencontrés Classicisme plan et style cartusien
Protection non protégé
Localisation
Pays France
Département Eure
Ancienne commune Aubevoye
Coordonnées 49° 10′ 21″ nord, 1° 20′ 46″ est
Géolocalisation sur la carte : Eure
Anciens bâtiments agricoles de la chartreuse.

Elle occupe jusqu’à la Révolution française un très vaste terrain en bordure de Seine, à hauteur de Courcelles-sur-Seine, dans la plaine dominée par le château de Gaillon, autre œuvre du cardinal susnommé, avec la chapelle de Bethléem (1582), et sous le regard bienveillant de l'église Saint-Georges du village d'Aubevoye.

L'ancien monument est inscrit à l'inventaire général du patrimoine culturel en 1987[1].

Historique

Le cardinal de Bourbon fait don aux chartreux du terrain de la vallée de la Seine sur lequel la résidence des évêques de Rouen a une vue imprenable. De même qu'il en est de la chartreuse de Paris, la chartreuse et la fortune de ses moines, en terres et immeubles, ne cessent de s'agrandir jusqu'au XVIIe siècle. Mais la communauté ne dépasse jamais vingt-quatre religieux.

Conformément à la règle de saint Bruno (appelée Consuetudines Cartusiae), les religieux-ermites occupent de petites maisons (trente-trois cellules) - chacune ayant son jardinet - disposées autour d’un grand cloître. Au XVIIIe siècle, la chartreuse d'Aubevoye offre l’exceptionnelle ressource d’un verger, aux fruits variés et réputés grâce à l’inventivité des moines.

Sur ces lieux, Eustache Lesueur exécute une suite de vingt-deux tableaux représentant la vie de saint Bruno, exécutée entre 1645 et 1648, commande passée par la chartreuse de Paris.

Au fil du temps, une bibliothèque se constitue[2].

Le , l'église de la Chartreuse est consacrée par l'évêque d'Évreux Boutault.

Elle est placée sous le vocable de Notre-Dame de Bonne-Espérance.

En 1687, le peintre Louis Licherie[3] fixe pour l'éternité la splendeur de cette réalisation[4] en en réalisant une toile[5] contemporaine d'une autre série de douze tableaux consacrés à la vie de Saint Bruno et destinés à l'ameublement de la chartreuse de Paris.

Dom Bonaventure d'Argonne eut l'occasion de recevoir Pierre Thomas du Fossé qui s'extasia de perfection de la chartreuse, la qualifiant de « plus belle du Royaume. »[6]

Élu prieur de cette maison, le chartreux y meurt le 28 janvier 1704.

Un incendie ravageur a lieu le . Les dégâts sont chiffrés à 300 000 livres. La reconstruction est confiée en 1772 à l'architecte Pierre-Louis Helin. Elle est achevée en 1776, dédiée le 18 septembre par Mgr de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen, en présence de l'évêque d'Évreux, Mgr de Lezay-Marnésia et de Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (présent en l'honneur de ses aïeux).

Le tombeau des Bourbon-Soissons (déplacé en 1718 dans l'une des chapelles, selon le témoignage du peintre Nicolas Bertin (1667-1736)) est décrit par Millin[7]. Il comprenait avant 1764 les cendres des personnalités suivantes :

Dans la chapelle[8] du Saint-Sépulcre[9] reposaient les entrailles de François II de Harlay.

Dans la chapelle Saint-Louis, un caveau contenait le corps du frère mort en 1676 à Gaillon du cardinal François Rouxel de Médavy.

Madame Louis, salonnière à Aubevoye, y reçut Marmontel

À la veille de la Révolution, l’enclos des Chartreux occupe près de 30 hectares. L’entrée se trouve orientée vers Le Roule[10], à la naissance de la route de Rouen. Le domaine dispose de très grands jardins et bénéficie du privilège du droit passage de la Seine.

Fermée et vendue à partir de 1790, la Chartreuse devient un manoir selon les idées de son acquéreur, l'architecte Victor Louis, au prix de la disparition de l'église et du cloître[11]. Il la donne en dot à sa fille qui se marie en 1791 avec Charles Aimé Éthis de Corny[12], maire d'Aubevoye jusqu'en 1829, date de sa mort. La famille remet le bien en vente par enchères publiques en 1834.

Survol de la chartreuse de Victor Louis en 1829 (cadastre)

Pourtant, en 1829, le cadastre fournit du lieu un séduisant aperçu.

Le manoir est cette fois détruit de fond en comble, comme pour redonner au lieu son apparence initiale, par les derniers acquéreurs identifiables connus.

L'emprise domaniale (quoiqu'amputée par la ligne ferroviaire posée à partir des années 1840), le ru du Hazey (adduction d'eau réalisée sous l'égide des chartreux), les éléments de mobiliers non vendus répartis dans les églises des environs, quelques œuvres muséales, un colombier, les bâtiments auxiliaires à vocation agricole et plusieurs centaines de mètres de murs d'enceinte sont les seuls vestiges qui puissent rappeler le souvenir de la Chartreuse.

Mobilier sauvegardé

Chartreuse Notre-Dame-de-Bonne-Espérance vers 1780.
Hormis le dôme, des similitudes peuvent être admises entre l'entrée de l'église de la Chartreuse et celle du Val-de-Grâce

Notes et références

  1. Notice no IA00017665, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. La majeure partie de la collection est attribuée à la bibliothèque principale du district révolutionnaire, soit celle de Louviers, suivant ordonnance royale du 22 février 1839.
  3. Une toile précédente similaire représente la chartreuse de Bourgfontaine.
  4. Notice no PM38002083, base Palissy, ministère français de la Culture.
  5. « Louis Licherie et la Chartreuse de Bourgfontaine (vers 1681-1687) », sur http://www.latribunedelart.com, (consulté le ).
  6. (en) Benjamin Rountree, Bonaventure d'Argonne : the Seventeenth Century's Enigmatic Carthusian, sur books.google.fr, Genève, Droz, 1980, p. 38.
  7. Aubin-Louis Millin de Grandmaison, Antiquités nationales ou Recueil de monumens pour servir à l'histoire générale et particulière de l'empire françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues... : tirés des abbayes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux, vol. Tome quatrième - chapitre XXXVIII, M. F. Drouhin, 1790-1798, 507 p. (lire en ligne).
  8. L'église comportait douze chapelles.
  9. « Mise au tombeau », notice no PM27001833, base Palissy, ministère français de la Culture, affectée à la Collégiale Notre-Dame des Andelys
  10. Voir l'axe du dessin de la vue de Licherie.
  11. Bruand Yves, « Nouveaux documents sur Victor Louis », Bulletin Monumental, t. 117, no 4, , p. 298 (lire en ligne).
  12. Jean Mineray (page 111) trouve son adresse au 14 rue de Choiseul à Paris - Il est le fils de Louis Éthis de Corny.
  13. Notice no PM27000104.
  14. « Saint Bruno faisant l'oraison, 1776 », notice no PM27000103, consulté le 7 janvier 2020.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (la) Almae et regalis Borboniensis Cartusiae rerum gestarum collectio, 1690, Histoire en latin de la fondation des Chartreux de Gaillon.
  • Pierre Molkhou, Aubevoye - Eure - La Voie Royale : Histoire de la Ville d'Aubevoye - De la Voie Blanche aux Lumières de la Ville ou la Voie Royale, Pierre Molkhou - "Histoire et Municipalités", , 64 p. (OCLC 228782927)
  • Jean Mineray (préf. Michel de Decker), Gaillon, un château, des villages, des histoires…, Luneray, Bertout, , 311 p. (ISBN 2-86743-023-2).
  • Germain Villain, Aubevoye et son passé, Monographie, , 65 p.
  • Thomas Roche, « Vue de la chartreuse de Bourbon-lès-Gaillon, attribuée à Jean Lemaire », dans 1000 ans de Normandie, Gand, Snoeck, (ISBN 978-94-6161-367-7), p. 272-273
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