Charles Éléonor Dufriche-Valazé

Charles Éléonor Dufriche de Valazé, dit Dufriche-Valazé ou Valazé, né à Alençon le et suicidé à Paris le , est un député de l’Orne à la Convention nationale.

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Charles Éléonor Dufriche de Valazé

Charles Éléonor Dufriche-Valazé,
estampe de François Bonneville,
Paris, BnF, département des estampes, 1793-1796.
Fonctions
Député de l'Orne

(1 an, 1 mois et 25 jours)
Gouvernement Convention nationale
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Alençon (Orne)
Date de décès
Lieu de décès Paris
Nature du décès Suicide
Nationalité Française
Parti politique Girondins
Profession Militaire
Avocat
députés de l'Orne

Biographie

Charles Éléonor Dufriche-Valazé, estampe de François Bonneville, Paris, BnF, département des estampes, 1796.

Il est « le septième fils de Me Nicolas Dufriche, sieur des Genettes, avocat au bailliage et siège présidial [d'Alençon], et, précédemment, subdélégué, en la résidence de Sées, de Monseigneur l'Intendant de la Généralité d'Alençon » et de sa seconde épouse Françoise Le Sergent[1].

Ancien officier dans l’armée du roi, devenu avocat, Dufriche-Valazé publie en 1784 un Traité des lois pénales. Il s’occupe par ailleurs d’économie politique et d’agronomie.

À la Révolution, il devient administrateur du district d’Alençon. Il se fait remarquer par ses propos anti-monarchiques, demandant la déchéance du roi.

Élu premier député de l’Orne à la Convention nationale en 1792, lié à Vergniaud, il sympathisa avec les Girondins avec qui il attaqua la Commune de Paris, responsable selon eux des massacres de Septembre.

Le , la Convention met en place une commission dite « Commission des Vingt-Un », dont Valazé est le rapporteur, chargée de présenter l’acte énonciatif des crimes dont Louis Capet est accusé et la série de questions à poser au roi lors de son procès. Membre actif de cette commission, il demande la translation à la Convention des papiers du comité de surveillance de la Commune de Paris. Il fait un rapport sur les crimes du roi et demande un décret d’accusation contre Pache, ministre de la guerre.

Lors du procès de Louis XVI, il vote pour la culpabilité, pour la ratification du jugement du peuple, pour la mort, avec sursis à l’exécution jusqu’à ce qu’il ait été prononcé sur le sort de la famille de Louis Capet et, enfin, sur la question du sursis, il vote affirmativement.

Ardent adversaire de Marat, il provoque sa mise en accusation, ce qui lui vaut d’être dénoncé par les sections de Paris et par Marat lui-même. Il se prononce pour le rapport du décret qui a cassé la Commission des Douze la veille. Le , il demande un décret d’arrestation contre Hanriot, commandant en chef de la garde nationale parisienne.

Arrêté le avec les Girondins et décrété d’accusation le , il comparait avec eux devant le Tribunal révolutionnaire du 3 au 9 brumaire an II, à 10 heures du soir, au moment du prononcé du jugement condamnant à mort les Girondins. Ne voulant pas monter sur l’échafaud, Dufriche-Valazé tire de sa poche un stylet qu’il avait dissimulé dans ses vêtements et se l’enfonce dans le cœur en pleine audience, après la lecture du verdict. « Eh ! quoi ? Tu trembles ? », lui aurait demandé Brissot. « Non, je meurs », lui aurait répondu Valazé en expirant.

Le tribunal ordonne que le cadavre de Valazé sera mis dans la charrette transportant ses coaccusés au lieu de leur supplice pour, après leur exécution, être inhumé dans la même sépulture que lesdits condamnés ses complices[2].

Il laisse un fils, Éléonor-Zoa, qui devient général de division du génie. Il est l'oncle de l'abbé Charles Éléonore Dufriche-Desgenettes, fondateur de la confrérie du Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie.

En 1966, la rénovation de l’Hôtel de ville d’Alençon mène à la découverte, dans le plafond, de 297 affiches de Dufriche-Valazé, de 1793, sur lesquelles on pouvait lire : « Je suis arrêté sans savoir pourquoi, sans même avoir de dénonciateur ».

Publications

  • Loix pénales, dédiées à Monsieur, frère du Roi ; Alençon, Imp. de Malassis le jeune, 1784, in-8° de 420 p., plus 2 ff. (priv. et errata) et 3 ff. prélim. ;
  • À mon fils ; Alençon, J. Z. Malassis le jeune, 1785, in-8° ;
  • Défense de Valazé, trouvée dans son cachot ; Paris, Ve Gorsas, an III, in-8° de 80 p. (Publiée par Pénières).

Notes et références

  1. Paul Nicolle, Valazé, député de l'Orne à la Convention nationale, Impr. Alençonnaise, 1933, p. 1.
  2. À Boulogne-sur-Mer, à l’université du Littoral (ancien musée), tableau par François Flameng (1879) : Le Dernier Repas des Girondins, interrompu par l’appel pour la guillotine, 31 octobre 1793 : au premier plan, sur une civière, le cadavre de Charles-Eléonor Valazé.

Voir aussi

Bibliographie

  • Léon de La Sicotière, « Procès des girondins : détails sur la défense de Dufriche-Valazé et sur le manuscrit autographe de cette défense », Le Droit : journal général des tribunaux, Paris, no 148, , p. 600-601 (lire en ligne). — Lettre au rédacteur du journal.
Dufriche-Valazé se poignardant en pleine audience du Tribunal révolutionnaire, à la lecture du verdict le condamnant à mort. Gravure du XIXe siècle.
  • Joseph-François Michaud, Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, t. 47, Paris, Michaud frères, 1827, p. 275-8.
  • Notice historique et littéraire sur Valazé, membre de la Convention Nationale, condamné à mort par le Tribunal Révolutionnaire, le 10 Brumaire an II, par Louis Dubois, bibliothécaire de l’École centrale de l’Orne, membre de la Société d’Émulation d’Alençon, correspondant de la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale à Paris, membre associé de la Société Littéraire de Bourges, de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Caen, et de la Société d’Agriculture et de Commerce de la même ville. À Paris, chez Goujon fils, Imprimeur-libraire, rue Taranne, no 737, An XI-1802, 8°, 27 p.

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