Chanson de sainte Foy d'Agen

La chanson de sainte Foy d'Agen (Cançon de santa Fe) est un des plus anciens textes littéraires en occitan.

Cançon de santa Fe
(chanson de Sainte Foy)

La définition du dialecte de ce poème a été soumise à diverses hypothèses, qui opposent d'un côté la fierté nationaliste catalane et de l'autre l'argument que le catalan et l'occitan étaient peu différenciés avant le XIIIe siècle. Martí de Riquer voyait dans la chanson de sainte Foy le plus ancien texte littéraire en catalan, tandis que pour Robert Lafont c'est le plus ancien texte littéraire en occitan.

L'œuvre

Le poème compte 593 octosyllabes rimés. Il conte la vie de sainte Foy, jeune fille d'Agen, son martyre en l'an 303, et le châtiment qui frappa ses tortionnaires : Dacien, Dioclétien et Maximien.

Il figure dans un seul manuscrit, conservé à Leyde[1], et fut édité pour la première fois par José Leite de Vasconcelos (pt) en 1902[2].

La langue est archaïque ; par exemple, le titre du poème s'écrirait dans cette langue Canczon de sainta Fed. Il est remarquable que le nom de Foy n'apparaisse qu'une seule fois dans la chanson, sous la forme latine Fides, au vers 72.

Date et provenance

La datation du poème le situe entre 1060 et 1100. La patrie du poète anonyme a fait l'objet de plusieurs hypothèses : la région de Narbonne, « sous toutes réserves » (selon son éditeur Antoine Thomas), la Cerdagne ou plutôt l'abbaye de Cuxa en Conflent (Hoepffner et Alfaric), Conques et le Rouergue (Denis Grémont, André Soutou)... Les isoglosses du dialecte de la Chanson ont conduit Ernest Nègre à désigner une région allant d'Agen à Saint-Pons-de-Thomières, et centrée sur le Tarn. Pour Frédéric de Gournay, le poète, lié à l'abbaye de Conques, aurait composé la Chanson pour un auditoire pyrénéen, peut-être à Morlaàs. Quant à Robert Lafont, il voit dans le dialecte du poème une « langue du Chemin », liée à l'influence de l'abbaye de Conques en Navarre. Le poète ferait partie de l'entourage de Pierre d'Andouque, ancien moine de Conques originaire du nord de l'Albigeois, devenu évêque de Pampelune de 1082 à 1114.

Éditions et traductions

  • La Chanson de Sainte Foi d'Agen : poème provençal du XIe siècle, édition d'après le manuscrit de Leyde avec fac-similé, traduction, notes et glossaire par Antoine Thomas, Champion, 1925 ; réédition 1974. En ligne sur Gallica
  • La Chanson de sainte Foy, Ernest Hoepffner et Prosper Alfaric, Les Belles-Lettres, 1926, 2 tomes.
Comprend : T. 1. Fac-similé du manuscrit et texte critique. Introduction et commentaire philologiques, par Ernest Hoepffner ; T. 2. Traduction française et sources latines. Introduction et commentaire historiques par Prosper Alfaric.
  • La Chanson de Sainte Foi : texte occitan du XIe siècle, édité, traduit, présenté et annoté par Robert Lafont, Genève, Droz, 1998.

Notes et références

  1. conservé à la Bibliothèque universitaire de Leyde
  2. Romania, t. 31, 1902, p. 177-200

Voir aussi

Bibliographie

  • Frédéric de Gournay, « Relire la Chanson de sainte Foy », Annales du Midi, t. 107, octobre-, p. 385-399. En ligne sur le site Persée.
  • Denis Grémont, « Le culte de Ste-Foi et de Ste-Marie-Madeleine à Conques au XIe siècle d'après le manuscrit de la Chanson de Ste-Foi », Revue du Rouergue, t. 23, 1969, p. 165-175.
  • Ernest Nègre, « Le dialecte de la Chanson de sainte Foy », Actes du XIIIe Congrès international de Linguistique romane, Québec, 1971, p. 341-347.
  • André Soutou, « Localisation géographique de la Chanson de sainte Foy », Annales du Midi, t. 82, 1970, p. 109-122.
  • Michel Zink, « Autour de la Chanson de sainte Foy et de Bernard d'Angers : réflexions sur la naissance de la poésie romane », Etudes Aveyronnaises, 2013, p. 285-298.
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