Château de Crécy

Le château de Crécy, détruit après la Révolution, était situé sur la commune de Crécy-Couvé. Il fut embelli par Madame de Pompadour et Louis XV, et fut l'un de leurs châteaux préférés. Il constitue, avec le château de Bellevue à Meudon, l'archétype du château français de style classique du milieu du XVIIIe siècle.

Château de Crécy

Vue d'artiste du château de Crécy depuis la terrasse, côté jardin.
Période ou style Architecture classique
Type château
Destination initiale maison de plaisance
Destination actuelle Château détruit
Pays France
Région historique Centre-Val de Loire
Département Eure-et-Loir
Commune Crécy-Couvé

Histoire

Le château féodal

Un premier château fut vraisemblablement bâti à Couvé au début du XIIIe siècle, composé en partie d’un corps de logis dominant la vallée de la Blaise et flanqué d’un épais donjon. Les soubassements de ces deux bâtiments sont maintenus par un mur encore en partie visible à gauche du chemin descendant vers la vallée, et passant à côté du chœur de l’église actuelle, à l’emplacement de laquelle fut édifiée à cette époque la chapelle du château. Dans la seconde moitié du XVe siècle est mentionné un moulin. Adossé à cet enclos, le village de Couvé n’était composé que de quelques modestes chaumières.

Le château du marquis de Verjus (vers 1730-1746)

Vue d'artiste de l'aspect du château de Crécy du côté de l'entrée vers 1755.

Vers 1730, le marquis de Crécy Louis-Alexandre Verjus (1676-1763)[1], fils de Louis de Verjus, comte de Crécy, abat l’antique château féodal familial, acquiert de nombreux terrains, et projette les plans d’un nouveau château, de style italien, sans toit apparent. Les architectes décident de construire une vaste terrasse, maintenue par un mur de près de 500 mètres de long, destinée à recevoir le futur château et ses jardins dominant la vallée. En même temps, le marquis Louis-Alexandre Verjus entreprend la canalisation de la vallée de la Blaise sur près de trois kilomètres. Tous ces travaux onéreux le ruinèrent, et il revend son domaine en 1746 à Madame de Pompadour.

Madame de Pompadour (1746-1757)

Distribution du rez-de-chaussée du château de Crécy, d'après le plan connu du premier étage. État au temps de Mme de Pompadour.
Vue de la Grande Perspective du château de Crécy depuis la terrasse du château

Pleine de projets, elle agrandit considérablement le château et le décore magnifiquement, redessine les jardins et finit d’aménager la vallée de la Blaise. Elle fait creuser en face du château un long bassin nommé « Le Miroir ». Elle pourra ainsi accueillir dignement, dans sa première demeure, le roi Louis XV, qui y viendra 23 fois de 1746 à 1755.

Les deux extrémités du domaine sont fermées par deux édifices : au nord, le petit château d’Aunay acheté par Louis XV en 1747, et au sud, par le moulin existant, complété d’une façade aveugle classique, nommé « La Bellassière », qui sert de buanderie et d’orangerie l’hiver. L’ancien potager dit d’« en-haut », et le nouveau, créé au pied du château, dit d’« en-bas », alimentent la seigneurie de Crécy et le village de Couvé.

L’alimentation en eau et sa distribution, tant du château que du village, est assurée par une machine hydraulique, très novatrice pour l’époque, réalisée par l’ingénieur Antoine Deparcieux en 1751, qui écrit dans ses Mémoires : « Mme la Marquiſe de Pompadour déſirant avoir de l’eau à ſon château de Créci, beaucoup moins pour y faire des embelliſſemens que pour prévenir ou pour parer les accidens qui pouvoient arriver pendant les ſéjours que le Roi y fait, pluſieurs perſonnes préſentèrent des projets à cet effet, qui exigeant de trop grandes dépenſes, ou ne pouvant pas fournir une quantité d’eau ſuſſisante, furent rejetées. »[2]. Grâce à ce dispositif, les bassins et citernes sont généreusement remplis.

Madame de Pompadour acquiert par ailleurs de nombreux terrains et bâtiments dans les environs de Crécy, créant ainsi le domaine de Crécy, élevé au rang de marquisat.

En 1751, pour l'aménagement du château, elle fait réaliser des tapisseries par la manufacture des Gobelins[3] qui correspondent aux thèmes des sculptures ornant sa laiterie dans les années 1750, pour lesquelles elle fait appel à Christophe-Gabriel Allegrain (1710-1795) (Batteuse de beurre), Guillaume Coustou II (1716-1777) (Marchande d'œufs), Louis-Claude Vassé (1717-1772) (Laitière) et Étienne Maurice Falconnet (1716-1791) (Jardinière)[4],[5]. La même année, elle commande aux Gobelins des garnitures de siège d'après des cartons de François Boucher[6].

Le roi ne venant plus à Crécy à partir de 1755, et les finances allouées étant considérablement réduites, Madame de Pompadour est contrainte de vendre son « cher Crécy » en 1757 à Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre.

Le duc de Penthièvre (1757-1775)

Il le revendra à son tour en 1775 au prince de Montmorençy.

La Révolution et la démolition

Survient la Révolution. La veuve du prince de Montmorency émigre en 1791 et son château est saisi, puis revendu comme bien national à un Américain, Daniel Parker. Il le démolit, et en revend les éléments de valeur les plus intéressants. Le reste servira de carrière de pierre.

Galerie

Notes et références

  1. Le marquis de Crécy fut tour à tour colonel au régiment de Boulonnois (1703), brigadier d'armée (1710), gouverneur de Toul, et maréchal-de-camp en 1719.
  2. Mémoire d'Antoine Deparcieux, 1753. Archives de l’Académie des Sciences à Paris.
  3. Atelier de Neilson, dont Le Petit joueur de cornemuse, La Petite bouvière, La Jardinière, conservés à Amsterdam au Rijksmuseum, La Petite beurrière (cf. Jean Vittet, « Le décor du château de Crécy au temps de la marquise de Pompadour et du duc de Penthièvre, essai d'identifications nouvelles », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art Français, 2000, p. 133-154.
  4. Jean Vittet, op. cit.
  5. Renaud Serrette, [titre de l'article ?], L'Objet d'Art-L'Estampille, juillet août 2010, p. 1-8[réf. incomplète].
  6. Huit cartons pour garniture de siège peints par François Boucher et son atelier montés deux par deux sur un châssis dans des toiles verticales avec un décor de bordures peint par Alexis Peyrotte, remis à la marquise de Pompadour pour son château de Crécy en 1751, acquises par le duc de Penthièvre avec Crécy en 1757 et installés à Sceaux, puis acquis par le duc de Trévise lors d'une vente aux enchères à l'hôtel Drouot à Paris en 1872 pour le château de Sceaux :
    • Le Petit joueur de cornemuse et La Petite beurrière ;
    • Jeune garçon abreuvant son chien et La Petite bouvière ;
    • Garçon à la marionnette et La Fileuse ;
    • L'Amusement de la Bergère et La Jardinière
      (cf. Armelle Baron, « Retour de tableaux de Boucher à Sceaux par voie de préemption », L'Objet d'art, n° 547, juillet-août 2018, p. 90).

Annexes

Article connexe

Lien externe

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