Château de Chambois

Le château de Chambois est un ancien château fort, du XIIe, détruit au XVIIIe siècle, dont il ne subsiste que le donjon, qui se dresse sur la commune déléguée de Chambois au sein de la commune nouvelle de Gouffern en Auge dans le département de l'Orne, en région Normandie.

Le château fait l'objet d'un classement partiel au titre des monuments historiques par arrêté du . Seul le donjon est protégé[1].

Localisation

Le château est situé dans le bourg de Chambois, sur le coteau qui borde la rive droite de la Dive, dans le département français de l'Orne. Il avait pour fonction le contrôle de la route d'Exmes à Falaise, sur la vallée supérieure de la Dives.

Historique

Chambois est une châtellenie concédée en 1024 par Richard II de Normandie au comte de Vexin et de Ponthieu. Il est confisqué en 1113 par Henri d'Angleterre dont la fille Mathilde le transmet à Henri II son fils.

Le château est probablement construit dans la seconde moitié du XIIe siècle par Guillaume de Mandeville, vassal du roi Henri II Plantagenêt[2].

En 1204, Chambois est compris dans la confiscation et la réunion de la Normandie au domaine royal apr Philippe Auguste, qui le donne à son maréchal Henri Clément. En 1210, c'est un fief dans le bailliage d'Exmes. Le château passe ensuite aux Chambly puis aux Tilly[3].

En 1363, le roi de Navarre, Charles le Mauvais, s'empare du château et le restitue l'année suivante[3].

En 1417, les Anglais s'en empare à leur tour. Il sera libéré par Dunois en 1449[3].

En 1556, il est assiégé puis occupé par les troupes protestantes de Montgommery. Ils brûlent le bourg et tuent quelques habitants avant d'être délogées par le duc d'Étampes[3].

En 1649, lors des soulèvements pendant la minorité de Louis XIV, il y a des vengeances et des déprédations. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, l'ancien logis est démoli et remplacé par un château dans le style moderne. En 1771, le domaine est vendu contre une rente foncière, des pavillons sont construits qui forment les ailes du château.

À la Révolution, le château est la possession de M. Deneuve. À l'été 1789, alors que les patriotes du bourg veulent se saisir de sa personne et détruire le donjon, Deneuve réussi à empêcher la démolition[3]. En 1795-1799, le château servit de refuge à la population lors d'incursions de Chouans[3].

Vers 1830, Chambois est revendu en détail et le château démoli[4].

Datation du donjon

En 2008, l'exploration d'une fosse médiévale dans la tour maîtresse et l'analyse dendrochronologique de quatre poutres de bois donne les résultats suivants : 1160 et 1190, ce qui attribue avec certitude l'édifice à Guillaume de Mandeville, comte d'Essex, proche de Henri II Plantagenêt[5].

Description

Le site

L'enceinte de Chambois, sur le coteau de la Dive est entouré par le bourg. Par les textes et les fouilles, on peut retrouver à l'est du donjon, l'ancien logis construit en 1575 et détruit vers 1740, des restes de muraille au nord-ouest et à l'ouest, un fossés comblé en jardin à l'est, deux tourelles au sud ce qui marque les limites de la forteresse. Un colombier semble à l'extérieur et au sud-est[6].

Le donjon

Fonctions de défense

Le donjon de Chambois commande les défenses du château et il est indépendant avec des issues masquées. En temps de paix, il renferme les trésors, les armes, les archives de la famille, mais le seigneur n'y loge pas. Il ne s'y tient que s'il faut appeler une garnison dans l'enceinte du château.

Le donjon roman du XIIe siècle de plan rectangulaire, 21,40 × 15,40 mètres, avec quatre contreforts carrés aux angles, est haut de 25,70 mètres et a des murs épais de 3 mètres d'épaisseur, constitué d'un blocage de petits moellons noyés dans un mortier et revêtu d'un parement de pierres de taille. Ces quatre contreforts ou tourelles d'angles carrées abrite à chaque niveau des petites salles, un oratoire dans celle du nord-est, et à la base de celle du sud-est, un cachot dans lequel on descendait par une trappe et la partie supérieures servait de colombier[7].

Une tour carrée posée sur l'un de ses côtés contenait à l'origine de petits cabinets et un escalier de bois couronné d'une défense et ne montant que jusqu'au troisième étage. On arrive à la défense du sommet par un escalier à vis pratiqué dans un des contreforts d'angle. Les portes extérieurs du donjon sont refaites au XIVe siècle avec un système de défense de cette époque ; mais des dispositions premières, il reste encore les trois étages et un chemin de ronde extrêmement curieux.

À la fin du XIVe siècle[8], l'ancien crénelage est remplacé par un parapet avec mâchicoulis, créneaux et meurtrières. Sur les quatre contreforts d'angle sont élevées des échauguettes avec l'étage supérieur crénelé.

La particularité du donjon de Chambois est son chemin de ronde supérieur mettant les échauguettes et la petite tour en communication et formant une défense indépendante de la salle occupée par le commandant[9].

Fonctions d'accueil

La porte d'accès d'origine au donjon est située à six mètres au dessus du niveau du sol dans la petite tour carrée de la façade sud qui était probablement desservie par une passerelle amovible aboutissant à une tour d'angle[10], ou sur la chemise extérieure[3]. Un vestibule étroit, éclairé par une fenêtre divisée en deux par un meneau succède à cette porte et donne accès à une vaste salle qui occupe tout l'espace du premier étage. Une vaste cheminée dont le manteau est couvert de moulures en losanges, attire les regards au milieu de cette pièce qui s'éclaire par de larges baies géminées séparées par une colonnette et inscrites dans un grand arc légèrement brisé. De ce premier étage un escalier desservait les parties supérieures.

Les trois étages étaient séparés par des planchers de bois dont les poutres reposaient sur des corbeaux intérieurs, décoré de têtes grotesques et d'animaux. Les deux autres étages n'offrent pas les mêmes décors que dans la Grande Salle du premier étage qui était le lieu de réception.

Notes et références

  1. « château fort », notice no PA00110764, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 111.
  3. Beck 1986, p. 111.
  4. Léon de la Sicotière - Le département de l'Orne archéologique et pittoresque, p. 140.
  5. G. Carré, M.-A. Moulin, F. Le Roux, Exploration et datation d'une fosse dans la tour maîtresse, dans: Bulletin monumental, 2008, Volume: 166, n°4, p. 350.
  6. Bulletin de la société historique et archéologique de l'Orne, 1902, p. 260, avec plan.
  7. Arcisse de Caumont cité dans : Bulletin de la société historique et archéologique de l'Orne, 1902, p. 261.
  8. Beck 1986, p. 114.
  9. Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'Architecture française de XIe au XVIe siècle, Article: Donjon.
  10. José Federico Finó, Forteresses de la France médiévale, p. 109.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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