Cerambycidae

Capricornes, Longicornes, Cérambycidés

Pour les articles homonymes, voir Capricorne.

Les Cerambycidae, en français Cérambycidés[1], vulgairement appelés Capricornes[1] ou Longicornes[1],[2], sont une famille d'insectes de l'ordre des coléoptères, comprenant plus environ 34 000 espèces et 5 000 genres[3]. En zone tempérée, la plupart de ces espèces sont menacées, par manque de vieux arbres et de gros bois-mort[4].

Morphologie

Adulte

Eucomatocera vittata, en Inde.
Moechotypa delicatula, parc national de Kaeng Krachan, Thaïlande

Les capricornes ou longicornes doivent leur nom à leurs longues antennes cornes »), dont la taille dépasse celle de leur corps, particulièrement chez les mâles. Cette caractéristique les rend facilement reconnaissables par les non-experts.

Toutefois certaines espèces (telles les floricoles), n'ont des antennes que modérément longues ; et les antennes longues sont aussi présentes dans d'autres groupes floricoles (Oedemeridae, Alleculinae) avec lesquels ils peuvent être facilement confondus. Par rapport à ces familles, la presque totalité des cérambycidés peut être toutefois reconnue par la formule tarsale 4-4-4. En réalité le cinquième article des tarses est encore présent, mais il est si petit qu'il ne peut pas être distingué à l'œil nu, et presque fusionné avec l'onichium. Les cérambycidés n'ont donc pas des tarses tétramères, mais cryptopentamères.

Selon certains auteurs, ces antennes démesurées peuvent servir de balancier en vol[5].

Les adultes ont souvent un corps allongé et une coloration éclatante qui les rendent très recherchés par les amateurs. C'est aussi parmi les cérambycidés que l'on trouve l'un des plus grands insectes du monde : le Titanus giganteus.

Nymphe

Nymphe de Purpuricenus ferrugineus

La nymphe des cérambycidés, complètement blanche et couverte d'une cuticule délicate, ressemble beaucoup à l'adulte et peut être ainsi parfois facilement identifiée.
Comme celles des autres coléoptères, les ailes et les pattes sont repliées en avant. Les antennes, très longues, sont enroulées en spirale (Lamiini, Batocerini) ou tournent plusieurs fois autour du corps (Acanthocinini).

Larve

La larve des cérambycidés est généralement blanche et charnue.
Seule la tête est sclérifiée et de couleur orangée, très souvent noire autour des parties buccales.
Le pronotum possède chez certaines espèces une aire postérieure finement rugueuse ou couverte de granules testacés, qui facilite l'avancement de la larve dans les tissus végétaux.
Une évolution comparable a aussi produit des mamelons charnus sur l'abdomen, sur les faces supérieure et inférieure de chaque segment à l'exception des deux ou trois derniers, qui, en se gonflant et en se dégonflant alternativement, permettent la reptation dans les galeries.
Les pattes sont en effet peu développées ou même parfois absentes, comme chez la plupart des Lamiinae et beaucoup de Clytini. Seuls certains lepturiens rhizophages présentent des pattes développées.

Biologie

Larve

Larve de cérambycidé

Toutes les espèces sont phytophages, c'est-à-dire se nourrissent de végétaux, au moins pendant la période larvaire.

La plupart des larves sont plus précisément xylophage, c'est-à-dire qu'elles se nourrissent de bois, en excavant des galeries dans les conifères ou les feuillus, vivants ou morts, surtout marcescents.

D'autres espèces sont rhizophages, c'est-à-dire se nourrissent de racines plus ou moins lignifiées, et certaines enfin vivent à l'intérieur de plantes herbacées.

Les espèces liées aux plantes d'importance agricole ou forestière peuvent éventuellement causer des dommages économiques. Les larves de deux espèces (Hylotrupes bajulus et Trichoferus holosericeus) peuvent aussi attaquer le bois sec, cela peut poser un problème pour les habitations.

Nymphe

La nymphose a lieu à l'intérieur d'une chambre excavée sous les souches (espèces xylophages), ou au sol, à l'intérieur d'un cocon de matériaux végétaux agglutinés (espèces rhizophages).
La durée de la période nymphale est généralement plutôt brève (un mois environ). Après l'éclosion, l'adulte reste dans la chambre nymphale en attendent le durcissement complet des téguments. Parfois cette période peut durer aussi plusieurs mois (par exemple pour Cerambyx cerdo et Cerambyx scopolii).

Adulte

Les adultes de certaines espèces se nourrissent d'éléments végétaux, comme le pollen, ou parfois de débris de bois, tandis que d'autres ne se nourrissent plus du tout et vivent uniquement des réserves qui ont été accumulées pendant la période larvaire, parfois longue.

Gerania bosci bosci Fabricius, 1801. Specimen d'Asie, sur une noix de coco

Systématique

La famille des Cerambycidae a été l'objet de révisions, sur la base de caractères différents. Au XIXe siècle l'idée courante était que les Cerambycidae auraient dérivé de formes archaïques nocturnes, caractérisées par des tarses pentamères, des antennes peu développées et un aspect aplati, à beaucoup d'égards semblables aux Cucujidae.
Les Parandrini et les Spondylis ont été placés parmi ces formes ancestrales[6] et à la base de tous les Cerambycidae. L'existence d'un genre Protospondylis[7], forme de passage entre Parandra et Spondylis, fut même supposée, puis identifiée dans le fossile américain Spondylis florissantensis Wickam, 1920 (en réalité une simple Parandra[8]).
De ces formes, à travers les Mallodontini, les Macrotomini, les Callipogonini et les Aegosomatini, auraient dérivé les formes plus familières, comme les Cerambycinae, les Lepturiens et les Lamiaires.
Mais bientôt l'étude des ailes[9] révélait une situation inverse. Les Lepturinae et les Prioninae, caractérisés par des ailes plus primitives (avec une cellule dans la région anale), auraient été à la base de l'arbre phylogénétique. Les Parandrini paraissaient être seulement des Prioninae ayant subi des adaptations semblables à celles d'autres tribus (Mallodontini, Cantharocnemini) et leur ressemblance avec Spondylis n'était qu'une convergence évolutive.
Les Prioninae apparaissaient paraphylétiques par rapport aux Lepturinae, dont dérivaient les Aseminae (aujourd'hui Spondylidinae), les Cerambycinae, les Lamiinae et les Vesperini.
Il devint ainsi évident que les Cerambycidae les plus anciens étaient ceux de forme lepturoïde, très semblables aux Chrysomelidae, Orsodacninae et groupes affines.
Des études ultérieures portant sur les larves mirent en évidence que les Disteniinae avaient des caractéristiques larvales telles qu'ils devraient être considérés comme une famille complètement différente, à mettre à la base de l'arbre des Longicornes[10]. L'aspect lepturoïde des Disteniidae confirmait encore une fois la relation entre les Cerambycidae primitifs et les Chrysomelidae.
Toutefois, cette classification n'a été acceptée que récemment[11].
Des études ultérieures sur les larves[12] ont mis en évidence que les Vesperini, les Anolplodermatini et les Oxypeltini ont des caractères qui les séparent encore plus des Cerambycidae que des Disteniidae, et qu'ils doivent être donc considérés comme des familles distinctes.
Par conséquent certains auteurs considèrent les Longicornes comme une super-famille - Cerambycoidea - séparée des Chrysomeloidea et comprenant toutes les formes jadis décrites comme Cerambycidae.
La famille Cerambycidae, dans la classification actuelle, ne comprend que les sous-familles suivantes:

Liste des sous-familles possibles

Selon ITIS :

  • sous-famille Anoplodermatinae Guérin-Méneville, 1840
  • sous-famille Apatophyseinae Lacordaire, 1869
  • sous-famille Cerambycinae Latreille, 1802
  • sous-famille Disteniinae Thomson, 1860
  • sous-famille Lamiinae Latreille, 1825
  • sous-famille Lepturinae Latreille, 1802
  • sous-famille Necydalinae Latreille, 1825
  • sous-famille Oxypeltinae Lacordaire, 1869
  • sous-famille Parandrinae Blanchard, 1845
  • sous-famille Philinae Thomson, 1860
  • sous-famille Prioninae Latreille, 1802
  • sous-famille Spondylidinae Audinet-Serville, 1832
  • sous-famille Vesperinae Mulsant, 1839

Liste des genres

La liste des genres de Cerambycidae compte autour de 5 000 genres.

Notes et références

  1. GBIF Secretariat (2019). GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 15 juin 2021
  2. Muséum national d’Histoire naturelle [Ed]. 2003-2021. Inventaire National du Patrimoine Naturel, Site web : https://inpn.mnhn.fr., consulté le 15 juin 2021
  3. Roskov Y., Ower G., Orrell T., Nicolson D., Bailly N., Kirk P.M., Bourgoin T., DeWalt R.E., Decock W., van Nieukerken E.J., Penev L. (eds.) (2020). Species 2000 & ITIS Catalogue of Life, 2020-12-01. Digital resource at www.catalogueoflife.org. Species 2000: Naturalis, Leiden, the Netherlands. ISSN 2405-8858, consulté le 15 juin 2021
  4. Buse, J., B. Schröder, et T. Assmann (2007). Modelling habitat and spatial distribution of an endangered longhorn beetle - A case study for saproxylic insect conservation. Biological Conservation 137: 372-381.
  5. Harant H. & Jarry D., 1963 - Guide du naturaliste dans le Midi de la France Tome 2 - Delachaux & Niestle, 396 pp.
  6. Lameere A., 1913 - Cerambycidae: Prioninae - Coleopterorum Catalogus 52, Schenkling S., Berlin, 108 pp.
  7. Lameere A., 1903 - Révision des Prionides. Troisième mémoire. Spondylines - Annales de la Société entomologique de Belgique XLVI: 303-334.
  8. Vitali F., 2006 - The real taxonomic position of Spondylis florissantensis Wickham, 1920 (Coleoptera, Cerambycidae) - Entomapeiron (P. S.) 1(2): 21-27. PDF
  9. Saalas U., 1936 - Über das Flügelgeäder und die phylogenetische Entwicklung der Cerambyciden - Annales Zoologici Societatis Zoologicae-Botanicae Fennicae Vanamo 4 (1): 1-193.
  10. Gahan C. J., 1906 - Fauna of British India including Ceylon and Burma. Coleoptera Cerambycidae I - Taylor and Francis Ed., London, 329 pp. PDF
  11. Linsley E. G., 1961 - The Cerambycidae of North America. Part I. Introduction - Univ. Calif. Publ. Entomol. 18:1-97.
  12. Švàcha P., Wang J.J. & Chen S.C., 1997 - Larval morphology and biology of Philus antennatus and Heterophilus punctulatus, and systematic position of the Philinae (Coleoptera: Cerambycidae and Vesperidae) - Annales de la Société entomologique de France (N. S.) 33 (3): 323-369.

Voir aussi

Articles connexes

Références biologiques

Conférences en ligne

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