Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras
La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras est une église catholique située à Arras, dans le département du Pas-de-Calais, en région Hauts-de-France. C'est l'église cathédrale du diocèse d'Arras.
Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras | |
La façade de la cathédrale. | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Dédicataire | Notre-Dame et saint Vaast |
Type | Cathédrale |
Rattachement | Diocèse d'Arras |
Début de la construction | 1778 |
Architecte | Pierre Contant d'Ivry |
Style dominant | Néo-classique |
Protection | Classée MH (1906)[1] |
Site web | Paroisse Notre-Dame en Cité |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Hauts-de-France |
Province historique | Artois |
Département | Pas-de-Calais |
Ville | Arras |
Coordonnées | 50° 17′ 35″ nord, 2° 46′ 29″ est |
Elle fut édifiée au XVIIIe siècle en tant qu’église abbatiale de l'abbaye Saint-Vaast et devint cathédrale en 1804, en remplacement de l'ancienne cathédrale Notre-Dame-en-Cité d'Arras, la grande cathédrale gothique de l'ouest de la vieille ville qui avait été détruite pendant la Révolution française[2].
Le recteur de la cathédrale est Nicolas Van Lathem.
C'est un édifice de style classique édifiée à partir de 1778, selon les plans de l'architecte Pierre Contant d'Ivry, connu pour avoir également été le maître-d'œuvre de l'église de la Madeleine à Paris.
Histoire
Une église abbatiale reconstruite au XVIIIe siècle
L'actuelle cathédrale est en fait l'ancienne église abbatiale de l'abbaye Saint-Vaast, une grande abbaye urbaine dont les origines remontent au VIIe siècle. Au Moyen Âge, Arras était la plus grande ville de la riche province d'Artois. Parmi les nombreuses églises gothiques qui parsemaient Arras, les deux plus importantes étaient l'abbatiale Saint-Vaast située au cœur de la ville et l'ancienne cathédrale Notre-Dame-en-Cité[3], grande cathédrale gothique aujourd'hui totalement disparue qui était située dans le quartier de la Cité, à l'ouest de la vieille ville. Ces deux grandes églises qui dominaient la ville se faisaient une perpétuelle concurrence architecturale, malgré le fait que l'ancienne cathédrale était la plus importante.
L'abbaye fut entièrement reconstruite à partir de 1745 dans le style classique à la mode à cette époque, y compris l'église abbatiale, ce qui en fait un ensemble monumental parmi les plus vastes entrepris au XVIIIe siècle en France. Les travaux de l'église ne commencèrent réellement que vers 1766 selon le plan de Pierre Contant d'Ivry[3], qui reprit pour Arras les grandes lignes du plan de l'église de la Madeleine de Paris. Ils cessèrent en 1792 lorsque les moines furent contraints de quitter de leur abbaye.
L'église était à cette période couverte dans sa totalité mais non voûtée sauf le transept nord. L'abbaye et son église déclarées bien national furent alors occupées par l'armée qui y installa un hôpital, ce qui préservera l'édifice. En 1802, le nouvel évêque concordataire, Mgr Charles de La Tour d'Auvergne, chercha une église pour en faire sa cathédrale. L'ancienne cathédrale Notre-Dame-en-Cité ayant été très endommagée par les spéculateurs de matériaux n'étant plus utilisable, ses ruines furent rasés vers 1805 sur ordre de Napoléon.
L'église abbatiale devient cathédrale au XIXe siècle
En 1804, l'Empereur attribua l'église de l'ancienne abbaye Saint-Vaast au diocèse pour servir de cathédrale. En 1806, François Verly, architecte impérial, fut nommé pour achever l'édifice. Après plusieurs projets devant modifier le caractère de l'édifice, le ministre des cultes décida en 1812 de la faire achever selon le plan initial de Contant d'Ivry. Les travaux commencèrent effectivement en .
Le roi Charles X visita le chantier. Fier de sa cathédrale, Mgr de La Tour d'Auvergne-Lauraguais déclara qu'il s'agissait d'une « production toute moderne, mais riche de l'élégance, de la grâce et de l'harmonie de la Grèce antique »[3]. Les travaux furent interrompus en 1833, pour des raisons budgétaires. La chapelle de la Vierge fut cependant achevée et inaugurée en 1848. Plusieurs projets de tours furent établis, mais aucun n'aboutit. En 1870, il fut décidé de ne pas construire de tour[4].
La cathédrale d'Arras dévastée pendant la Grande Guerre
La Première Guerre mondiale causa d'énormes dommages au sanctuaire qui est en partie détruit en 1915. Les travaux de restauration, entrepris en 1920 par l'architecte en chef des monuments historiques Pierre Paquet, durèrent quatorze ans. L'ensemble des voûtes et de la charpente fut reconstruit en béton armé, sans changer l'aspect intérieur de la cathédrale.
La décoration fut refaite dans un style néoclassique plus sobre que l'original (murs blancs, statuaire issue partiellement de l'église Sainte-Geneviève de Paris, devenue entre-temps le Panthéon), cependant la chapelle axiale conserve encore aujourd'hui son aspect originel.
La cathédrale fut rendue au culte le [3]. L'inauguration a lieu la veille en la présence du maréchal Philippe Pétain et de l'évêque Henri-Édouard Dutoit[5].
- La façade principale et la cathédrale en ruine (1918).
- Ruines en 1917.
- Ruines en 1918.
- Ruines en 1918.
Plan et élévation
L'église est construite selon un plan traditionnel en forme de croix latine, formant un grand vaisseau de 102 mètres de long, qui se compose d'une vaste nef (26 mètres de largeur en comptant les collatéraux) formée de six travées, d'un transept puis d'un chœur qui se compose de 4 travées. Cet ensemble est flanqué de collatéraux en bas-côtés séparés par de colossales mais douces colonnes corinthiennes qui constituent l'unique support d'un grand entablement saillant faisant tout le tour de l'édifice à mi-hauteur du vaisseau. Cet entablement supporte à son tour une très haute claire-voie percée de grandes fenêtres qui, ajoutées aux fenêtres des collatéraux, fournissent une grande luminosité à l’édifice.
Dimensions
- longueur totale de l'édifice : 116 mètres
- longueur du transept : 56 mètres
- largeur du transept : 28 mètres
- largeur de la nef : 28 mètres
- largeur du chœur : 28 mètres
- hauteur de la coupole à la croisée du transept : 38 mètres[3].
Description
De style classique, la cathédrale est dédiée à la Vierge Marie et à saint Vaast[3].
En verre blanc, les vitraux favorisent la luminosité de l'intérieur de l'édifice[3]. L'ensemble de l'édifice est voûté, les vaisseaux centraux (nef, transept et chœur) en pseudo-coupoles sur des arcs doubleaux, portant la hauteur des voûtes à 32 mètres. le chœur est séparé de la nef par une petite coupole sur pendentifs, marquant la croisée du transept. Un haut dôme éclairé était prévu à cet endroit, expliquant le triplement des colonnes devant le supporter autour de la croisée, mais il ne fut pas construit. Les bas-côtés de la nef sont couverts en berceau.
Chose remarquable pour cette époque et pour l'architecture classique, à l'extérieur de l'édifice les voûtes sont maintenues par tout un réseau de grands arcs boutants parfaitement apparents. Ce qui signifie que toute la structure de l'édifice, notamment la légèreté des voûtes et l'ouverture de la claire voie, sont en fait de conception gothique, alors même que l'art gothique est si souvent considéré comme décrié voire méprisé au siècle des Lumières.
Cela a permis d’évider les murs et baigner véritablement de lumière l'intérieur du vaisseau. Cette église est en fait un des rares manifestes à cette échelle en France des concepts architecturaux et esthétiques en vogue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui avaient été énoncés par Soufflot : associer la lumière et la légèreté du gothique avec l'esthétique classique issue de l'Antiquité grecque, soit une évolution et une francisation achevée de l'art classique après l'introduction de celui-ci à la Renaissance.
Le chœur est éclairé par des vitraux, où l'on peut reconnaître les armes du cardinal de la Tour-d'Auvergne, premier évêque d'Arras après la Révolution, ou encore celles de Dom Vigor de Briois, abbé de Saint-Vaast entre 1749 et 1780[6].
Un très haut clocher unique était prévu à l'origine, à l’arrière du chevet, abritant à sa base la chapelle axiale à l’arrière du cœur, selon une configuration assez fréquente dans l'architecture religieuse du XVIIIe siècle, mais seule fut construite la base de ce clocher, juste de quoi abriter la chapelle axiale, la chapelle de la Vierge, qui est couverte d'une petite coupole. Les cloches sont donc situées dans un édicule posé sur le narthex de la chapelle entre le déambulatoire et celle-ci.
L'énorme façade extérieure présente la superposition de deux ordres corinthiens et un fronton triangulaire. Elle paraît simple et austère, un péristyle y était prévu à l'origine. Selon les documents des archives diocésaines et ceux des archives départementales la façade occidentale était terminée lorsque Napoléon décida que l'église abbatiale devienne la cathédrale du diocèse. L'architecte François Verly nommé par le préfet pour achever l'édifice a proposé de modifier cette façade. Il a fait plusieurs projets qui seront rejetés par le Conseil aux bâtiments du ministère. La façade est donc restée telle qu'elle fut construite avant 1792.
- La coupole un voile de béton mince) de la croisée du transept.
- Vue du chœur et de l'abside. Les fermes en béton armé sont composées de deux arbalétriers, d'un entrait, d'un entrait retroussé et d'un poinçon.
- Vue d'un des bras du transept. On aperçoit l'extrados des arcs doubleaux en pierre de taille entre les voûtes en voile mince.
Le , un obus cause de nouveaux dégâts, rapidement réparés[6].
Orgues
Le grand orgue, qui compte 76 jeux sur 4 claviers, est sorti des ateliers de la maison Roethinger de Strasbourg en 1937. Son montage débuta en 1938 mais fut interrompu par la guerre et le matériel non installé fut entreposé dans les caves de cathédrale lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui l'a fatalement endommagé. André Roethinger reprend son installation en 1960 pour l'achever en 1962[7],[3].
L'instrument est actuellement en ruines : les vitraux ayant été supprimés, les chutes d'eau ont endommagé les sommiers, les tuyaux de bois ainsi que la transmission.
Composition
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Les tuyaux de façade s'affaissent, des cadavres de volatiles sont disséminés dans l'instrument et des insectes ravageurs ont attaqué le bois. Sa restauration, qui ne semblait pas être à l'ordre du jour, a été attribuée à la suite d'un appel d'offre de la DRAC Hauts de France à l'entreprise PLET de Troyes en 2021. Trois ans de travaux sont prévus.
L'orgue de chœur a été repris puis installé par Victor Gonzalez. Il est en bon état et composé comme suit :
- Grand-Orgue ( C–g3 ) : Montre 8', Salicional 8', Flûte harmonique 8', Prestant 4', Plein-Jeu
- Récit expressif ( C–g3 ) : Bourdon 8', Gambe 8', Voix céleste 8', Flûte 4', Nasard 2' 2/3, Doublette 2', Tierce 1' 3/5, Trompette 8'
- Pédale ( C–f1 ) : Soubasse 16, Bourdon 8', Flûte 4'
- Tirasses GO et Récit. Accouplement Rec/GO en 16, Rec/GO en 8. Appels Anche Récit et Mixtures.
Œuvres
- Sculptures
- Maître-autel réalisé par Georges Saupique : il s'agit d'une large table de granit noir du Labrador reposant sur trois piliers de bronze doré. Les piliers sont ornés de sculptures inspirées de l'art chrétien primitif (Les Colombes, La Transfiguration, L'agneau ou encore Les trois agneaux)[3].
- L'autel du Calvaire, situé dans le bras nord du transept, réalisé par Henri Bouchard (1875-1960) en pierre Comblanchien[3].
- Fonts baptismaux, avec une cuve en marbre de pierre Comblanchien réalisée par Marcel Gaumont. Elle figure le baptême de Jésus par Jean-Baptiste[3].
- La nef présente huit statues de saints en marbre réalisées dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Elles étaient originellement destinées à l'église Sainte-Geneviève de Paris mais lorsqu'en 1885, l'édifice devint le Panthéon, l'État les transféra à Arras. Elles représentent saint Denis, saint Rémi, saint Grégoire de Tours, saint Éloi, saint Bernard, saint Germain et sainte Geneviève, saint Martin et saint Jean de Matha[3].
- Autel et retable dans l'ancienne chapelle Saint-Louis[3].
- Gisant de l'abbé de Saint-Vaast Jean Sarrazin dans l'ancienne chapelle Saint-Jérôme[3].
- Retable du XVIIe siècle dans l'ancienne chapelle Saint-Jérôme. Il figure des anges représentant la Foi et l'Espérance[3].
- Dans la chapelle de la Vierge :
- Monument funéraire en marbre blanc en hommage au cardinal Hugues de La Tour d'Auvergne-Lauraguais, réalisé par Émile Thomas[3].
- Monument funéraire en marbre blanc en hommage à l'évêque Pierre-Louis Parisis, réalisé par Léon Cugnot[3].
- Vierge à l'enfant, copie d'une statue de Jean-Pierre Cortot dont l'original se trouve dans l'église du Cœur-Immaculé-de-Marie de Suresnes[3].
- Dans l'ancienne chapelle Saint-Charles (déambulatoire) :
- Gisant de l'abbé Philippe Caverel, réalisé entre 1640 et 1660[3].
- Statues du gouverneur Philippe de Torcy et de son épouse Suzanne d'Humières, réalisées dans la deuxième moitié du XVIIe siècle[3].
- Tête de Christ du calvaire d'Arras, dans la chapelle du déambulatoire. Il s'agit d'une copie, l'original, datant de la première moitié du XVIIIe siècle, étant conservé au Trésor de la cathédrale[3].
- Dans la chapelle d'exposition :
- Christ de pitié en bois réalisée par un artiste local[3].
- Pietà en céramique (XVIIe ou XVIIIe siècles)[3].
- Gisant de l'évêque Eugène Julien dans le transept sud, réalisée par Saupique[3].
- Peintures
- Nativité dans la nef[3].
- Tableau du Christ en majesté dans la nef[3].
- Toiles consacrées à saint Vaast de Ch. Hollart et de Henri Marret dans le transept[3].
- Toile de Henri Marret commémorant le bicentenaire de saint Benoît Labre (1949)[3].
- Tapis suspendu en hommage à Charles-Amable de La Tour d'Auvergne-Lauraguais (manufactures d'Aubusson, XIXe siècle)[3].
- Dans la chapelle de la Vierge :
- Fresque de la coupole représentant les épisodes de la vie de la Vierge, réalisée par Henri Marret (1933)[3].
- Vitraux
- Saint Vaast avec un chien[3].
- Autres
- Six châsses et reliquaires sont exposés dans le bras sud de l'édifice, provenant de l'ancienne abbaye Saint-Vaast et de l'ancienne cathédrale (par exemple, la châsse de saint Vindicien ou celle de saint Vaast)[3].
- Garniture du maître autel comprenant une croix et six chandeliers réalisées par Poussielgue-Rusand (ancienne maison Choiselat-Gallien). Elle provient de l'ancienne église Sainte-Geneviève de Paris devenu Panthéon en 1885[8]. La précédente garniture déjà réalisée par Choiselat-Gallien[9] est dispersée entre la cathédrale et d'autres églises[10].
Notes et références
- Notice no PA00107964, base Mérimée, ministère français de la Culture
- J.M. Duhamel, Les cathédrales du Nord, La Voie du Nord Éditions, 2009.
- « Arras, cathédrale Saint-Vaast »
- Extrait de L'Histoire de la construction de la cathédrale d'Arras, (à paraître)[Quand ?].
- Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du 17 février 1999, p. 57
- Église catholique en Pas-de-Calais : La cathédrale d'Arras
- Maurice Vanmackelberg, Les Orgues d'Arras, coll. « Mémoires de l'académie des sciences, lettres et arts d'Arras / 5 » (no 3), , 184 p.
- Poussielgue-Rusand Placide, « Manufacture d'orfevrerie, de bronzes et de chasublerie Poussielgue-Rusand fils », sur diocese-quimper.fr, (consulté le ), P.4 et P.110
- Choiselat-Gallien et Poussielgue-Rusand (Paris) Auteur du texte, Catalogue des bronzes pour les églises et des vases sacrés / Choiselat-Gallien et Poussielgue-Rusand, (lire en ligne), P.5 et Planche 4 (chandelier n°8)
- « Clocher St Martin de Noeux-les-Mines », sur arras.catholique.fr (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Les musiciens d'Église du département du Pas-de-Calais en 1790 dans la Base de données MUSÉFREM
- Cathédrale Saint-Vaast à Arras - Patrimoine-histoire
- Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption et Saint-Vaast - Paroisse Notre-Dame en Cité
- Restauration de la cathédrale d'Arras le 24.05.2013 - Ministère de la culture
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