Café Joyeux

Le principe de base, tel que décrit par la presse, est de permettre à des personnes majoritairement trisomiques ou ayant des troubles cognitifs comme l’autisme d'avoir un « vrai » travail rémunéré, fixe et gratifiant[3]^,[4]^,[5], dans un centre-ville important[6]^,[7] et dans une entreprise privée classique, et non un ESAT[8]^,[9]. Ces personnes handicapées sont affectées au service, à la caisse, et aux cuisines[10]^,[11].

Les concepteurs des Cafés Joyeux sont Yann et Lydwine Bucaille Lanrezac, mari et femme[12]. Ils affirment que l'idée des Cafés joyeux leur est venue après la rencontre avec une personne autiste, qui, connaissant le statut d'entrepreneur de Yann Bucaille, lui a demandé du travail, déclarant qu'il voulait « être utile »[13]. Yann Bucaille affirme plus tard à Libération : « Ce que l’on souhaite, c’est tout simplement donner du travail à des personnes qui n’en ont pas et qui, pourtant, le désirent fortement »[10]. En mars 2020, le taux de chômage des personnes handicapées est le double des autres[14]^,[15].

L'un des objectifs principaux du projet, tel que relaté par les concepteurs et la presse, est de changer le regard de la société sur le handicap en le rendant visible dans un milieu ordinaire, alors que les personnes handicapées sont souvent « invisibles »[10]^,[16]^,[5]^,[17]^,[18]. Ainsi, Libération affirme que le Café Joyeux du quartier de l'Opéra à Paris a été implanté dans un lieu « ultra-fréquenté », et très concurrentiel en termes d’offre de restauration[10]. Dans le même ordre d'idées, les cuisines sont ouvertes sur salle afin que les clients puissent voir travailler les cuisiniers[11]^,[10]^,[18].

Le premier Café Joyeux est ouvert à la fin de l'année 2017 à Rennes, rue Vasselot[6]^,[19]. Ce premier café rencontre le succès[17]. L’équilibre financier est atteint au bout d’une année d’exercice[10].

Un second café est ouvert en 2018 à Paris, quartier de l'Opéra. Il est inauguré par l'épouse du chef de l'Etat Brigitte Macron, marraine du lieu, accompagnée par la secrétaire d’Etat au Handicap Sophie Cluzel et le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. La cérémonie se déroule le 21 mars, journée mondiale de la trisomie 21[20]^,[21].

En 2018, Café Joyeux donne son nom à un voilier de compétition. Ce monocoque de course au large est baptisé en octobre de la même année par Samuel Le Bihan, parrain du bateau, et Jean-Claude Mahé, maire de Dinard, en présence de l’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot[22]. En novembre, le navigateur Sidney Gavignet remporte avec le bateau la Route du Rhum, dans la catégorie Rhum Mono[23].

Un troisième établissement ouvre à Paris en 2019, rue Saint-Augustin dans le passage Choiseul[17]^,[9]^,[8]. Ensuite, les deux établissements parisiens fusionneront[12].

En 2019, le Café Joyeux de Rennes reçoit les ex-souverains de Belgique Albert II et son épouse Paola. Ils sont venus découvrir le lieu, à titre privé, avec des amis ayant une fille trisomique[9]. Le 22 novembre 2019, une candidate aux élections municipales à Rennes, du parti La République en marche, organise un débat privé au Café Joyeux de Rennes en présence des ministres Sophie Cluzel et Christelle Dubos sur la place du handicap en ville[24].

En décembre 2019, Yann Bucaille-Lanrezac, fondateur de l'entreprise, est décoré de la Légion d'honneur pour son initiative. Il la reçoit des mains de Nicolas Hulot dans le Café joyeux du quartier de l'Opéra à Paris[25]^,[11].

En février 2020, le président de la République Emmanuel Macron confie au personnel de l'entreprise le service du cocktail pour la journée de la conférence nationale du handicap à l'Élysée[26]^,[27]. Le 9 mars 2020, un quatrième établissement est inauguré par Emmmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron. Le président y fait une brève allocution et affirme son soutien à l'initiative[28]^,[29]^,[14]. Ce nouveau café ouvre sur l'avenue des Champs-Élysées, sur une surface de 200 m² prêtée pour au moins six mois par l'assureur Groupama, mais doit fermer quatre jours plus tard en raison du confinement lié à la pandémie de coronavirus[29]^,[30]. La mise en place de cet établissement a été suivie pendant trois mois par les journalistes de l'émission 13 h 15, le samedi de France 2. Le reportage filmé qui en résulte, intitulé « Joyeux Pari(s) », est diffusé sur la chaîne le 30 mai 2020[30]. Un nouveau café ouvre à Bordeaux en juin 2020[5]^,[31].

Café joyeux est labellisé « entreprise solidaire d’utilité sociale » (ESUS)[10]. Les salariés y bénéficient d'aménagements de la durée du travail, ajustée en fonction de leur fatigabilité. Ils y travaillent à heure fixe[32], avec un emploi du temps sur mesure, éventuellement à temps partiel : les contrats s'échelonnent entre 17 heures et 35 heures par semaine[17]. Les employés commencent leur journée pas avant 7 h 30 et ne la finissent pas plus tard que 19 heures[10]. Ils sont encadrés par des éducateurs spécialisés et des professionnels de la restauration[33].

Les Cafés Joyeux s'installent toujours en centre-ville[7]. Ils proposent un service de restauration rapide : on peut y consommer du café, mais également des sandwiches, des quiches, des pâtisseries, des tartes salées, des salades, etc. Tout est fait maison, sauf les viennoiseries[10]^,[34]^,[19]^,[32]^,[35].

L'objectif de Café joyeux est d'être rentable, comme une entreprise classique[26]^,[36]^,[37]^,[38]. Yann Bucaille Lanrezac, fondateur de Café joyeux, déclare : « On ne veut pas avoir un regard condescendant sur nos équipés joyeux mais montrer qu'ils sont créateurs, qu'ils ont de la valeur. Si on n'arrive pas à l’équilibre financier, ce serait un échec pour eux. On est là pour assurer un chiffre [...]. »[26]. Les éventuels bénéfices seraient reversés pour des actions caritatives, via la fondation Emeraude solidaire, actionnaire à but non lucratif de Café joyeux, ou bien pour la formation des employés et la création d'autres Cafés joyeux[12]^,[32]^,[5]^,[39].

Le slogan de l'entreprise est « Joyeux, servi avec le cœur »[9]. Par ailleurs, Lydwine et Yann Bucaille ont créé une marque de café, en grains ou en capsules. Leur café est « assemblé par une femme, meilleure ouvrière de France », torréfié à Strasbourg, puis conditionné par « une trentaine de personnes handicapées » travaillant à Paris[9]. Ils revendiquent 3 000 clients dans toute la France en novembre 2019[9].