Cadurques

Les Cadurques, en latin Cadurci, sont un peuple gaulois qui habitait un territoire du sud du Massif Central centré sur la vallée du Lot, avec au nord le Causse de Gramat et au sud celui de Limogne. Sa capitale était Divona Cadurcorum, aujourd'hui Cahors, dont le nom fait supposer qu'elle était aussi le lieu de leur principal sanctuaire religieux. Les Cadurques étaient clients des Arvernes. Après la défaite d'Alésia (52 avant J.-C.), leur chef Lucterios fut un des derniers résistants gaulois à César et à ses légions. Sous la domination romaine, le nom de leur cité, Cadurcinus pagus, se retrouve dans la région du Quercy, en occitan Carcin (département du Lot).

Cadurques

Une carte de la Gaule montrant la position des Cadurques.

Ethnie Celtes
Langue(s) Gaulois
Religion Celtique
Région actuelle Quercy (France)
Rois/monarques Lucterios

Origine des Cadurques

Des peuples celtes sont venus en Aquitaine probablement du sud de l'Allemagne, du nord des Alpes suisses ou autrichienne, des confins de Bohême et de la Moravie ou du nord-est français par migration, après le VIIe ou le VIe siècle av. J.-C., s'imposant moins par la technologie des armes et par de cruelles et inefficaces conquêtes guerrières, que par la qualité des services et des techniques d'échanges qui leur ouvraient de vastes possibilités d'alliances, pérennisées dans des cadres institutionnalisés, avec les peuples déjà armés, en particulier les dominants des populations déjà en place.

L'origine du nom pourrait venir de cad-or-ci, « ceux qui vivent sur les bords d'une belle rivière », sans doute le Lot. Toutefois on peut douter que ce soit un nom aussi poétique, ni même un terme uniquement celte, car le peuple cadurque, bien plus tardivement connu à l'époque de César, pourrait déjà résulter de la fusion séculaire, par alliance multiples des peuples initiaux, à la fois aquitains et celtes par ses composantes. Ce nom désignerait alors simplement ceux qui suivent les meneurs, les chefs, en bref ceux qui obéissent à l'autorité politique qu'ils se sont donnée.

Un peuple celte

Drachme à la tête triangulaire frappé par les Cadurques. Date : IIe siècle av. J.-C. ; Description avers : Tête triangulaire à gauche ; le nez figuré par un triangle, avec un point cerclé en guise d'œil ; le tout dans un entourage de bâtonnets et arcs de cercles bouletés et liés ; un collier de perles à la base du cou et un fleuron devant le visage.

Nous connaissons les voisins des Cadurci qui occupent les plateaux calcaires jurassiques, caractérisant la contrée de Cahors et d'une manière générale le Quercy :

  • au nord, les Lemovices ont donné leur nom à Limoges et au Limousin ;
  • le sud-ouest des vallées est le domaine des Nitiobroges, dont le centre de peuplement devient plus tardivement Agen et l'Agenais ;
  • à l'ouest, les terrains calcaires crétacés sont occupés par les Petrocorii, nom d'alliance désignant littéralement « les quatre groupes » et à l'origine des toponymes Périgueux ou Périgord ;
  • à l'est, les Ruteni, c'est-à-dire les Blonds, occupent les bas-plateaux cristallins et ont laissé leurs marques à Rodez et sur son pays, le Rouergue. Les Arvernes, dont l'étymon a engendré l'Auvergne, sont leurs puissants voisins ;
  • mais les Ruteni sont également présents sur les hautes terres du sud, où ils se dénomment Albiga, ce qui a donné Albi et l'Albigeois. Par comparaison, les Cadurci du Sud ont donné naissance au Bas Quercy ou Quercy blanc[1].

Avouons que notre connaissance n'est fermement établie que de façon tardive, car toponymes et noms des cités n'ont été affirmés avec force que pendant le second Empire romain, après les mutations barbares quasi-endogènes entre 260 et 310. Ce n'est qu'à cette époque que l'historien peut délimiter, avec précision, la limite de la cité religieuse de Cahors.

Les Cadurques d'avant la conquête, s'ils n'ignorent pas le monde des cités méditerranéennes sans toutefois en faire partie, ont aboli la royauté. Le pouvoir sous forme de gouvernance éligible par un sénat, c'est-à-dire un conseil d'anciens, est entre les mains de ceux qui possèdent la terre et les richesses, l'aristocratie foncière, en partie fascinée par la civilisation romaine, exportant les produits variés de son art céramique, et surtout luxe et art de vivre, bien avant les temps troublés de la Conquête.

À la fin du IIe siècle et au cours du Ier siècle av. J.-C., les oppidums prennent une place importante. Il semble que dès la fin du IIe siècle, les troubles s'accumulent aux frontières. Des conflits opposent les Romains avec les Arvernes, dont le roi était Bituit, qui subissent une défaite en 121. En 118, Rome soumet les Volques Tectosages. En 109, les migrations inopinées du monde germanique, les Cimbres et Teutons déferlent du Rhône au Bordelais, les pillards hommes, femmes, enfants s'éparpillent désorientés dans un monde surprenant à leurs yeux, en quête de repos puis, pressés, acculés, se regroupent finalement en Gaule cisalpine avant de s'y faire écraser sans pitié par les légions de Marius. En 58 av. J.-C. l'intervention ambitieuse de Jules César en Gaule débute.

Les Cadurques fortifient ou réinvestissent des oppidums tels celui d'Uxellodunum. En cas de péril la population peut être accueillie avec son bétail et ses richesses sous forme de bijoux, qu'hommes et femmes portent sur eux. Les oppidums peuvent atteindre une superficie de plusieurs dizaines d'hectares. Une population sédentaire, plus ou moins nombreuses, peut y vivre en permanence.

Ces places-fortes sont des centres d'échanges et de stockages de biens convoités. Des amphores contenant des vins d'Italie, des pièces de monnaies gauloises provenant de toutes la Gaule y ont été mises au jour. Ces positions fortifiées semblent avoir été désertées après la conquête romaine, car les nouveaux maîtres aiment les jeux d'eau et la foule de leur clientèle.

À la même époque, les Cadurques émettent des pièces en argent dont certaines se répandent dans tout le sud-ouest de la Gaule. Elles attestent d'un essai de prééminence politique et économique des peuples celtes de Gaule, que les Romains veulent désormais complètement assujettir, pour contrôler le commerce d'isthme vers l'Atlantique et surtout contourner les Alpes afin de prendre à revers, avec l'appui des Germains, les peuples celtes de Rhétique qui contrôlent encore le commerce alpin.

Les oppida au Ier siècle av. J.-C.

Une série d'oppida a été recensée[2] :

  • Uxellodunum, le principal oppidum sur la commune de Vayrac au lieu-dit Puy d'Issolud (80 ha)
  • Murcens sur la commune de Cras (73 ha)
  • Les Césarines sur la commune de St-Jean-l'Espinasse (32 ha)
  • l'Impernal sur la commune de Luzech (15 ha)
  • Capdenac-le-haut, encore considéré comme Uxellodunum par certains depuis les recherches des frères Champollion (1816-1817)[3]

La conquête romaine

Dans son ouvrage Commentarii de bello gallico, La guerre des Gaules, Jules César (et l'historiographe Hirtius) racontent le siège de l'oppidum d'Uxellodunum, place forte appartenant aux Cadurques, dont la prise marque la fin de la Guerre des Gaules en 52 av. J.-C., mais dont la position géographique précise reste sujette à discussion. Les dernières recherches tenant compte de mutations géomorphologiques récentes la situent au Puy-d'Issolud, commune de Vayrac dans le Lot. L'oppidum d'Uxellodunum n'a toutefois été enregistré à Vayrac que par le biais d'un accord datant de 2001, passé entre la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) de Midi-Pyrénées et l'association s'occupant du site du Puy d'Issolud, afin de pouvoir déclencher des subventions pour financer des fouilles. D'autres lieux (voir c-dessus) ont été envisagés dans le Lot, mais, tout comme Vayrac, ils présentent des écarts avec la description : Luzech, Murcens, Capdenac, etc.

La tribu des Cadurques était très proche des Arvernes et leur chef Lucterius ou Lucterios était un fidèle allié de Vercingétorix dans sa lutte finale contre Jules César. Un an après la reddition de Vercingétorix à Alésia, Lucterius et Drappès le Sénon (de Sens) se réfugient dans l'oppidum d'Uxellodunum pour y poursuivre la lutte. Vainement. Vaincu, Lucterius cherche refuge chez le chef arverne Epasnactos, qui le livre à César.

Ce chef obstiné - dernier résistant gaulois à l'envahisseur romain - inspire au XXe siècle Astérix et Abraracourcix, personnages célèbres de l'œuvre de Goscinny et d'Uderzo[réf. nécessaire].

Un peuple vaincu à l'origine du Quercy

Alors que la civilisation romaine s'impose, la terre ancienne, la langue et les traditions des Cadurci disparaissent de la mémoire, la langue véhiculaire devient le latin et une civilisation écrite prend racine, imposant ses codes. Toutefois, à la fin du IIIe siècle, la cité héritière de ce peuple rabaissée en tribu vaincue, humiliée cherche à retrouver une authenticité autochtone. L'appartenance ancienne, autrefois dévalorisée et oubliée, ressort par une littérature s'appuyant peut-être sur des reliques de traditions orales et finalement la cité de Cahors affirme son originalité entre Aquitaine et Languedoc, tout en restant dans l'Occitanie héritière du droit romain et de la langue latine. Le Quercy est né.

Sources historiques

Voir aussi: http://bataillesdefrance.free.fr/periode_1/uxellodunum.html

Notes et références

  1. Peut-être par assimilation latine tardive d'albi(g)e à alba, blanc.
  2. Stephan Fichtl, Les peuples gaulois, IIIe-Ier siècle av. J.-C., Éditions Errance, 2004.
  3. Jacques-Joseph Champollion, Nouvelles recherches sur la ville gauloise d'Uxellodunum, assiégée et prise par J. César, rédigées d'après l'examen des lieux et des fouilles récentes, et accompagnées de plans topographiques et de planches d'antiquités, Paris, Imprimerie Royale,

Sources

  • Jean Lartigaut (dir.), Histoire du Quercy, Éd. Privat, Toulouse, 1993.
  • Venceslas Kruta, Les Celtes : Histoire et dictionnaire. Des origines à la romanisation et au christianisme, Robert Lafont, Paris, 2000.
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