Cabrera (îles Baléares)

Cabrera est une île de l'archipel espagnol des Baléares. Elle se situe au sud de Majorque dont elle dépend administrativement, faisant partie de la commune de Palma. Elle constitue un parc terrestre et maritime protégé depuis 1991.

Pour les articles homonymes, voir Cabrera.

Cabrera
Géographie
Pays Espagne
Localisation Mer Méditerranée
Coordonnées 39° 08′ 31″ N, 2° 56′ 45″ E
Superficie 15,69 km2
Point culminant Na Picamosques (172 m)
Administration
Communauté autonome Îles Baléares
District judiciaire Palma de Majorque
Commune Palma
Démographie
Population 20[1] hab.
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Autres informations
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Cabrera
Géolocalisation sur la carte : Espagne
Cabrera
Île en Espagne
Le port de Cabrera.

Géographie

Cabrera est la plus grande île d'un petit archipel, éponyme, composé de dix-neuf îles ou îlots, faisant lui-même partie de l'archipel des Baléares. Cabrera et Conils sont les deux plus grandes îles de cet ensemble, situé au sud-est de Majorque, à onze kilomètres de la côte de Colonia de Sant Jordi.

Cabrera fait archipel avec les îles et îlots de Na Foradada, Na Pobra, Illot Pla, Na Plana, L'Esponja, Illa dels Conils, Na Redona, Illa de ses Bledes, Cabrera elle-même (la plus grande île), L'Imperial et les Estells de Fora (cités du Nord au Sud).

Le parc national de Cabrera totalise près de 90 800 hectares dont 1 318 hectares terrestres[2].

L'île est apparue il y a trente cinq millions d'années, à l'Oligocène[3]. Son point culminant se trouve à 172 mètres au dessus du niveau de la mer ; les fonds marins plongent à 118 mètres.

Toponymie

Comme l'île de Caprera au large de la Sardaigne, Cabrera est citée par Pline sous le nom de Capraria, féminin de l'adjectif caprarius, "qui concerne les chèvres".


Histoire

Durant l'Antiquité, Cabrera est utilisée par les Phéniciens, par les Carthaginois ainsi que par les Romains. Les épaves romaines, fracassées contre les roches abondantes, y sont fréquentes[4].

Au Moyen Âge s'y trouve un monastère[5], dont les ruines subsistent au Clot des Guix.

L'île sert ensuite de base à des pirates qui ravagent la Méditerranée. L'édification du fort, à la fin du XIVe siècle, participe au système de défense de Majorque contre les pirates, venant essentiellement de leurs bases algériennes.

Monument d'hommage aux soldats français prisonniers à Cabrera

En 1809, Cabrera fut utilisée comme camp d'internement (ou de concentration)[6] pour les prisonniers français durant la guerre d'Espagne ou Guerre d'indépendance espagnole.

Avec une nourriture insuffisante, sans soin, seuls 3 600 hommes (sur environ 9 000 emprisonnés)[7] survécurent à ce qui est considéré par certains historiens[Lesquels ?] comme l'un des premiers camps de concentration connus de l'histoire[réf. nécessaire][8],[9],[10].

Ainsi que le relatent les mémoires du général de Marbot, après la capitulation de Baylen le , les 25 000 hommes de l'armée du général Dupont furent d'abord entassés sur des pontons stationnés dans la rade de Cadix ; mais une fièvre épidémique fit de tels ravages parmi eux que les autorités espagnoles, craignant que Cadix n'en fût infestée, reléguèrent les survivants dans l'île déserte de Cabrera, qui ne possédait ni eau ni maison.[11]

Chargé de rapatrier les survivants, l'enseigne de vaisseau Louis Pujol a laissé un témoignage poignant des conditions de séjour dramatiques qu'il y découvrit[12].

Le phare de n'Ensiola est construit en 1870. Il est complété par celui de l'îlot voisin, le Phare de Na Foradada en 1926.

En 1916, des sous-marins allemands y relâchent, ravitaillés par les sociétés du contrebandier espagnol Juan March[13] causant de dures pertes aux alliés en Méditerranée[14]. Le propriétaire privé est exproprié : l'île devient intégralement militaire.

En 1936, un hydravion républicain, avarié, est capturé par l'armée nationaliste. Cabrera sert de base aux protagonistes de la guerre civile. Près de quatre cents miliciens anarchistes y débarquent le , en vue du débarquement républicain à Majorque, du . Les sous-marins B-3 et B-4[15], venant initialement de leur base de Mahon participent, avec les forces aériennes italiennes, à mettre en échec le débarquement républicain de Porto Cristo[16] du [17], puis accostent à Cabrera, le 1er septembre.

Le , un Dornier Do 217 de la Luftwaffe, venant d'Istres s'accidente en mer après une panne mécanique. L'un des membres d'équipage est enterré au cimetière de Cabrera[18].

L'île est utilisée comme camp de manœuvres militaires jusqu'en 1986.

Le , l'archipel de Cabrera est déclaré parc naturel, terrestre et maritime : il devient une zone naturelle protégée[19], tout en conservant, pour partie, un statut de terrain militaire.

Parc national, zone naturelle protégée

Extension du parc national de l'archipel de Cabrera en 2019.

L'archipel est protégé au titre de parc national de l'archipel de Cabrera. D'une surface de 908 km2, il est le plus grand parc national d'Espagne, et protège un très riche patrimoine naturel, notamment des zones profondes de reproduction ou de présence régulière de cétacés ou de grands poissons migrateurs, et les bancs de coraux profonds[20]. Il comprend également un musée et un château du XIVe siècle.

La randonnée et la plongée y sont autorisées.

Désaccord sur la zone maritime avec l'Algérie

En avril 2018, l'Algérie a décidé unilatéralement de retracer la délimitation de ses eaux territoriales en Méditerranée qui jouxtent l’archipel des Baléares. La délimitation de la zone économique exclusive établie par l’Algérie au large de ses côtes englobe une partie des eaux du parc national de l’île de Cabrera[21],[22]

Notes et références

  1. https://www.illesbalears.travel/articulo/es/mallorca/isla-de-cabrera-todo-lo-que-debes-saber#:~:text=La%20isla%20de%20Cabrera%20no,dedicaban%20principalmente%20a%20la%20agricultura.
  2. https://www.mapama.gob.es/es/red-parques-nacionales/nuestros-parques/cabrera/ficha-tecnica/default.aspx
  3. https://www.mapama.gob.es/es/red-parques-nacionales/nuestros-parques/cabrera/valores-naturales/isla.aspx
  4. David Louvet-Rossi, « Découverte de l’épave d’un navire romain qui a sombré il y a 1 800 ans aux Baléares », sur sciencepost.fr, (consulté le ).
  5. https://www.monestirs.cat/monst/annex/espa/balear/ccabrera.htm
  6. http://www.illesbalears.es/fra/ilesbalears/nature2.jsp?SEC=NAT&id=00000144&lang=0003
  7. https://www.mapama.gob.es/es/red-parques-nacionales/nuestros-parques/cabrera/historia/default.aspx
  8. « Le drame de Cabrera - Le Consulat et le Premier empire », sur Histoire du Consulat et du Premier empire, (consulté le ).
  9. https://viagallica.com/baleares/ile_cabrera.htm
  10. https://criminocorpus.hypotheses.org/13553
  11. Cinq ans de captivité a Cabrera ou soirées d'un prisonnier d'Espagne, par l'Abbé Turquet. Libr. de J. Lefort, 1867.
  12. Enseigne de vaisseau Louis Pujol : « Le rapatriement des prisonniers de Cabrera (1814) », Revue rétrospective, premier semestre 1890, p.357-360 (site Gallica)
  13. (es) « Reportaje / Juan March siempre gana », El País, (lire en ligne, consulté le ).
  14. (es) « 1916, un verano dramático en el Mar Balear », sur Última Hora, (consulté le ).
  15. http://www.fideus.com/bayo%20deseado.htm
  16. http://www.duboysfresney.fr/index.php?page=docu6032
  17. http://ibdigital.uib.cat/greenstone/collect/premsaForanaMallorca/index/assoc/Perlas_y/_Cuevas_/1986_mes/08_n0656.dir/Perlas_y_Cuevas_1986_mes08_n0656.pdf
  18. « Dornier Do-217 », sur blogspot.com (consulté le ).
  19. https://www.mapama.gob.es/es/red-parques-nacionales/nuestros-parques/cabrera/guia-cabrera_tcm30-63011.pdf
  20. (es) « El Gobierno aprueba la ampliación del parque nacional del Archipiélago de Cabrera, el mayor del Mediterráneo occidental », sur miteco.gob.es, 1re février 2019
  21. L'Espagne en «désaccord» avec l'Algérie sur la frontière maritimeLe Figaro
  22. Zones maritimes: L'Algérie et l'Espagne dans des eaux troubles Hespress Français

Voir aussi

Articles connexes

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