Borne milliaire de Brossel

La borne milliaire de Brossel ou du Broc est une pierre dressée située sur la commune du Broc (Puy-de-Dôme).

Bien que ne portant pas d'inscription permettant de la dater avec certitude, elle est anépigraphe, de nombreux archéologues antiquisant la considèrent comme une borne milliaire romaine.

Description

Selon Pierre-François Fournier[2], qui a dégagé le bloc, il fait 1,96 m de haut pour un diamètre de 0,60 m et a une embase carrée de 0,75 m de côté.

Jean-Claude Béal[3], indique qu'il est en arkose homogène et grise, à grains assez grossiers. Il ajoute que l'arkose est « assez couramment employée par défaut à l’époque romaine », et que plusieurs milliaires de la région sont taillés dans ce matériau[4]. Étonnamment, Béal note par erreur que Pierre-Pardoux Mathieu aurait considéré que la pierre était en granit[5].

Aucune texte n'est lisible, ou n'a été signalé lisible, sur ce monolithe.

Localisation

La pierre est située sur la commune du Broc, à quelques centaines de mètres à l'est du hameau de Brossel, au lieu-dit de la Pierre-Fichade (cad. D 335), et d'une agglomération secondaire romaine connue par des prospections pédestres et aériennes[6].

Historique

La colonne figure sur le cadastre napoléonien[7].

Pierre-Pardoux Mathieu se rend sur place, avant 1856, à l'occasion de son étude sur les colonies romaines en Auvergne. Il note que la « petite voie romaine de Clermont à Brioude » dont « le pavé s'y voit encore », « passe devant une grande pierre longue, dressée à côté de Brossel, et que l’on a regardée comme une colonne milliaire, bien qu’elle ne porte aucune inscription. Les gens du voisinage l'appelle Peiro levado, Pierre levée, dénomination appliquée presque partout aux monolithes druidiques. C'est donc un Menhir qui a pu, après la suppression légale du druidisme, servir de borne aux possessions coloniales[8]. »

Elle est sommairement déterrée par Pierre-François Fournier qui lui consacre un article dans lequel il développe l'hypothèse d'une borne ayant porté une plaque épigraphe dont plusieurs trous pourraient témoigner[9]. Ce dernier, prudemment, notait que la considérer romaine, de même que le chemin la longeant, n'était que conjectures[10]. Toutefois, Christine Mennessier-Jouannet et Michel Provost, auteurs de la Carte archéologique de la Gaule du Puy-de-Dôme[2]'[11], ainsi que Jean-Claude Béal en 2013[12], considèrent la pierre comme une borne milliaire.

Du fait de sa proximité avec la voie romaine qui passe plus au sud sur l'agglomération de la Croix de la Pierre[13], de la forme de son embase, et de la proximité de l'agglomération romaine de Blanède, des chercheurs actuels sont convaincus que la pierre ait été un milliaire romain. Ainsi, Marion Dacko intègre cette pierre dans son corpus des bornes milliaires arvernes[7].

On notera, enfin, que les auteurs des corpus d'inscriptions latines du XIXe siècle et du XXe siècle (comme Gerold Walser (de) dans le volume 17-2 du CIL de 1986), n'ont pas retenu cette pierre dans leurs recensements, même en tant qu'anépigraphe hypothétique.

Protection

La borne est classée au titre des monuments historiques en 1951[14].

Références

  1. Dacko 2016, t.  3, p. 42.
  2. Provost et Mennessier-Jouannet 1994, p. 44.
  3. Béal 2013, §  19.
  4. Béal 2013, §  18.
  5. Béal donne comme indication bibliographique « Matthieu 1856 : 331 », mais le renvoi est erroné. Mathieu 1857 (tiré à part de Mathieu 1856) n'évoque pas la nature du bloc.
  6. Baret 2015, t.  4, p. 268-277. Voir Baret 2015, t.  2, fig.  62 pour une carte de localisation.
  7. Dacko 2016, t.  3, p. 42-44.
  8. Mathieu 1857, p. 428-432. Cité dans Baret 2015, t.  1, p. 301-302, n. 703.
  9. Fournier 1945.
  10. Fournier 1963, p. 495.
  11. Provost et Mennessier-Jouannet 1994, p. 76.
  12. Béal 2013.
  13. Actuelle commune de Charbonnier-les-Mines.
  14. « Borne milliaire romaine de Brossel », notice no PA00091923, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Bibliographie chronologique

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Marion Dacko, Circuler dans le Massif central à l’époque romaine : réseaux, infrastructures et équipements routiers. Le cas des cités arverne et vellave (thèse de doctorat en archéologie), Clermont-Ferrand, Université Blaise Pascal, (lire en ligne). 
  • Florian Baret, Les agglomérations « secondaires » gallo-romaines dans le Massif Central (cités des Arvernes, Vellaves, Gabales, Rutènes, Cadurques et Lémovices) : 1er siècle avant J.-C. - Ve siècle après J.-C. (thèse de doctorat en archéologie), Clermont-Ferrand, Université Blaise Pascal, (lire en ligne). 
  • Jean-Claude Béal, « La borne milliaire de Vollore-Ville (Puy-de-Dôme), forme et transformation », Revue archéologique du Centre de la France, no 52, (ISSN 1951-6207, lire en ligne, consulté le ). 
  • Michel Provost (dir.) et Christine Mennessier-Jouannet (dir.), Clermont-Ferrand, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 63/1), , 290 p. (ISBN 978-2-87754-030-8)
  • Michel Provost et Christine Mennessier-Jouannet (dir.), Le Puy-de-Dôme, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 63/2), (ISBN 978-2-87754-031-5), p. 43-44.
  • Pierre-François Fournier, « Circonscription de Clermont-Ferrand », Gallia, no 21.2, , p. 485-503 (ISSN 0016-4119, lire en ligne, consulté le ). 
  • Pierre-François Fournier, « La Borne milliaire de Brossel (commune de Broc, Puy-de-Dôme) », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, no 65, , p. 206 (ISSN 1153-2599). 
  • Pierre-Pardoux Mathieu, Des colonies romaines en Auvergne, Clermont, Ferdinand Thibaut, (notice BnF no FRBNF30906349, lire en ligne). 

Articles connexes

Liens externes

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