Blue Lives Matter

Blue Lives Matter, qui se traduit en français par « les vies bleues comptent » (« les vies des policiers comptent »), est un mouvement de contestation né en 2014 aux États-Unis à la suite du meurtre de deux policiers et en opposition au mouvement Black Lives Matter, dans la foulée des émeutes de Ferguson.

Blue Lives Matter
Un drapeau américain en noir et blanc orné de la thin blue line, symbole du mouvement.
Informations
Date 2014
Localisation États-Unis
Caractéristiques
Participants Officiers des forces de l'ordre américaines actifs ou retraités
Revendications Dénonciation des crimes de haine contre les policiers et les pompiers


Histoire

Deux drapeaux Thin Blue Line posés sur un café à Boise, dans l'Idaho en 2016.

Le point de départ du mouvement est le meurtre, le à Brooklyn, de Rafael Ramos et Wenjian Liu, deux agents du NYPD, par Ismaaiyl Brinsley, un Afro-Américain qui cherchait à venger les morts de deux autres Afro-Américains, Eric Garner et Michael Brown, eux-mêmes tués par des policiers[1],[2],[3].

Trois policiers du New York City Police Department (NYPD), Joseph Imperatrice, Chris Brinkley et Carlos Delgado[2], lancent le mouvement Blue Lives Matter en distribuant des bracelets portant cette devise. L'actuel porte-parole national de Blue Lives Matter est le lieutenant à la retraite du département de la police métropolitaine de Las Vegas, Randy Sutton.

Les partisans de Blue Lives Matter, principalement des policiers en service ou retraités, s'indignent régulièrement sur le site The Police Tribune de la façon dont l'action de la police est traitée dans les médias, et dénoncent le prétendu laxisme des juges et le racisme des manifestants de gauche[4]. Le site The Police Tribune, qui diffuse chaque jour des articles à plus de 2 millions d’abonnés, est la propriété de l'entreprise de vêtements Warrior 12, qui vend des produits patriotiques, et dont l'identité des propriétaires est masquée par un enregistrement dans le paradis fiscal du Delaware. La nature, commerciale ou politique, du « partenariat » entre The Police Tribune et Warrior 12 est obscure[4].

En septembre 2015, plus de cent policiers du LAPD, la police municipale de Los Angeles, prennent part à un rassemblement Blue Lives Matter à Hollywood pour « montrer leur soutien au département à un moment où […] les embuscades mortelles de policiers dans d'autres villes laissent à travers le pays les autorités se sentir en état de siège »[5].

Sous l'influence de Blue Lives Matter, la Louisiane adopte en 2016 une loi qui fait des crimes contre des policiers, des pompiers ou du personnel médical des crimes de haines[6]. La législation, rédigée par le représentant de l'État, Lance Harris, a été promulguée par le gouverneur John Bel Edwards. La loi fait passer les délits de crimes haineux à une amende supplémentaire de 5 000 $ ou cinq ans de prison, tandis que les délits liés aux crimes de haine sont passibles d'une amende supplémentaire de 500 $ ou de six mois de prison.

Critique

Une pancarte brandie pendant l'une des manifestations et émeutes consécutives à la mort de George Floyd, en mai-juin 2020 aux États-Unis.

Le mouvement est critiqué par l'Union américaine pour les libertés civiles (American Civil Liberties Union, ACLU) et par d'autres associations en raison de cette volonté de faire inclure le choix de carrière parmi les causes reconnues des crimes de haine, de même que la race, la religion ou l'orientation sexuelle[7],[8].

Certains critiques de Blue Lives Matter remarquent que son travail ne peut jamais s'appuyer sur une identité profonde commune, ce que l'identité raciale permet[9]. D'autres affirment que l'identité et l'histoire des Noirs sont constamment menacées d'effacement alors que les policiers ne sont pas confrontés à cette menace[10]. Une autre source de critique est que les policiers sont généralement respectés et honorés dans les communautés tandis que les Afro-Américains dans les zones urbaines sont soupçonnés d'être des voleurs et des profiteurs[11].

Certains critiques des lois Blue Lives Matter affirment que les lois sont redondantes car attaquer ou tuer un policier entraînerait déjà une peine plus sévère que d'attaquer un non policier[12],[13],[14]. D'autres, comme le chef de la police de St. Martinville, Calder Hebert, affirment que ces lois feront du refus d’obtempérer un crime de haine[6], ce qui a suscité des critiques car les crimes de haine sont des crimes contre lesquels les victimes sont ciblées en raison de caractéristiques identitaires telles que la race, l'orientation sexuelle ou le sexe[7],[15]. Enfin, selon les données du FBI, la violence contre les policiers, ainsi que la criminalité en général, a diminué depuis 2004 sans ces lois, remettant en cause leur nécessité[16],[17],[18].

Voir également

Références

  1. (en) John S. Dempsey, Linda S. Forst et Steven B. Carter, An Introduction to Policing, Cengage Learning, , 624 p. (ISBN 978-1-337-55875-4, lire en ligne), p. 34
    « A pro-police movement called Blue Lives Matter was established in response to Black Lives matter and to the increasing attacks on law enforcement, which resulted in 63 officer line-of-duty deaths by gunfire in 2016. »
  2. « Né en réaction à Black Lives Matter, qu’est-ce que le mouvement Blue Lives Matter ? », sur lci.fr, (consulté le ).
  3. « Un mouvement anti-Black Lives Matter déverse sa haine sur les réseaux », L'Obs (consulté le ).
  4. « Blue Lives Matter : les dessous d’un puissant portail propolicier aux Etats-Unis », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) « Police, Supporters Hold 'Blue Lives Matter' Rally in Hollywood », sur KTLA.com (consulté le ).
  6. (en) Julia Craven, « Louisiana Police Chief Shows Why The State's 'Blue Lives Matter' Law Is So Dangerous », The Huffington Post, (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) « Why Blue Lives Matter Is Just as Dangerous as White Lives Matter », sur Complex (consulté le ).
  8. (en-US) « Methodology », sur FBI (consulté le ).
  9. (en) Jonathan Russell, « Here's What's Wrong With #BlueLivesMatter », sur www.huffingtonpost.com, (consulté le ).
  10. (en) Kelly Riddell, « Black Lives Matter and Blue Lives Matter at odds », The Washington Times, (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Natasha Lennard, « After Dallas, We Don't Need to Say 'Blue Lives Matter' », Rolling Stone, (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Julia Craven, « Louisiana’s New ‘Blue Lives Matter’ Law On Cop Killers Is Actually Pretty Redundant (UPDATE) », Huff Post, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « Arizona conservatives finalize redundant, disingenuous ‘Blue Lives Matter’ law » (version du 4 août 2017 sur l'Internet Archive)
  14. (en) Tim Cushing, « Congressman Wants To Make Attacking A Cop A Federal 'Hate' Crime », sur Techdirt.com, (consulté le ).
  15. (en) Michelle D. Anderson, « Kentucky Governor Signs Redundant ‘Blue Lives Matter’ Law - Rewire », sur rewire.news, (consulté le ).
  16. (en) Jamiles Lartey, « FBI data showing drop in police deaths undermines 'war on cops' theory », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) « Is There A 'War On Police'? The Statistics Say No », sur NPR.org (consulté le ).
  18. (en) Caleb Bedillion, « ‘Blue Lives Matter’ criticized by ACLU », sur djournal.com, Daily Journal, (consulté le ).
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