Blindage espacé

Un blindage est dit espacé lorsqu'il est composé de plusieurs plaques séparées par un espace vide.

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Blindage espacé d'un PzKpfw IV.
Blindage espacé.

Origine

À l'origine prévu pour les chars légers et contre les munitions anti-tank d'infanterie, il a été employé dès la Première Guerre mondiale, où il a été utilisé sur les chars Schneider CA1 et Saint Chamond. Beaucoup de chars légers et moyens allemands ajoutèrent dès 1942 un blindage espacé Schürzen (jupe), qui leur permettait de rendre leur blindage latéral très mince plus efficace contre les attaques antichars, particulièrement dans l'espace entre les chenilles et la partie supérieure du flanc. Les chars soviétiques ont perfectionné encore cette techniques avec la création de caissons creux.

Introduit dès la conception et intégré au système de protection, ou bien ajouté en usine pour remettre à niveau un char existant, le blindage espacé a pu également être improvisé sur le champ de bataille avec des éléments de récupération. Le blindage est alors situé à l'extérieur du char.

Principe

Le principe général est de protéger le blindage principal en ajoutant une couche externe à distance, réalisant un espace creux entre les deux. Le fonctionnement particulier est différent selon les projectiles.

Obus explosifs

Le blindage espacé augmente la protection offerte contre les obus explosifs, car ceux-ci explosent avant d'atteindre les plaques principales. En explosant à distance, on réduit l'onde de choc et les dégâts internes particulièrement liés aux éclats de métal projetés ou la concussion.

Obus pénétrants

Lorsque le blindage espacé est incliné, il réduit le pouvoir de pénétration des obus balistiques : leur pénétration repose sur leur vélocité, sur leur dureté et leur forme. Après avoir pénétré chaque plaque, ceux-ci ont tendance à se renverser, dévier, se déformer ou se désintégrer, réduisant leur efficacité lorsqu'ils atteignent le blindage principal. En alternant les angles des blindages principal et secondaire, on optimise la capacité du blindage à résister à la pénétration, pour un poids donné.

Charges creuses

L'armure espacée s'est révélée d'autant plus nécessaire avec l'arrivée des projectiles à charges creuses durant la Seconde Guerre mondiale. Le principe de ces projectiles est une explosion interne projetant un jet de plasma, en général de l'aluminium vaporisé. La pénétration n'est alors plus assurée par la vitesse du projectile mais par la chaleur et la vélocité du jet qui fait fondre le blindage et détruit et enflamme les éléments à l'intérieur du char. Ce principe a permis l'introduction d'armes telles que le panzerfaust allemand ou le bazooka américain : un fantassin seul devenait alors capable de détruire un char lourd. Le blindage espacé faisant exploser l'ogive prématurément, le jet de métal fondu démarre trop loin de l'armure principale, et perd son efficacité.

Mise en œuvre

Un blindage relativement mince, ou même une grille métallique (blindage cage) peut former un blindage espacé.

On peut considérer que les chenilles forment un blindage espacé en déclenchant l'explosion à distance, ou en détournant et déformant un obus avant son impact sur l'armure principale.

Histoire et évolution

Le principe a connu de nombreuses améliorations. Dès la Première Guerre mondiale, lorsque les chars apparaissent et sont immunisés contre les mitrailleuses et armes légères, des armes et des projectiles plus puissants sont mis en œuvre. Aussitôt, un blindage supplémentaire est appliqué sur les chars ; en ajoutant des couches, pour ajouter de l'épaisseur.

En 1939, les chars sont suffisamment protégés pour leur rôle mais dès 1942[1] les Allemands introduisent des schürtzen, ou « jupes », pour protéger les flancs trop minces de leurs chars légers et moyens contre les attaques de fusils anti-chars. On peut également voir sur la tourelle de certaines versions du PzKfw IV un ajout de blindage supplémentaire, puis des blindages cages sur les flancs comme sur le StuG IV, constitués de filets métalliques. Légers et économes, faciles à mettre en place, ceux-ci sont directement destinés à contrer les charges creuses en les faisant exploser à distance.

Finalement, les soviétiques avec le IS3 en 1945 proposent un blindage espacé intégré dès la conception, avec deux blindages successifs formant un caisson creux, dont les angles contraires dévient les projectiles et dont l'angle augmente l'épaisseur effective de l'armure (voir blindage incliné).

En réponse aux ogives à charge creuse (HEAT) de plus en plus efficaces, un blindage espacé intégral a été réintroduit dans les années 1960 sur les chars allemands Leopard 1. Il comporte des espaces creux à l'intérieur, ce qui augmente la distance entre l'extérieur du véhicule et l'intérieur pour un poids donné de blindage, et donc réduit la puissance de pénétration de la charge creuse. Parfois, les surfaces intérieures de ces cavités sont inclinées, présentant des angles répondant à la trajectoire prévue de l'obus à charge creuse, afin de continuer à dissiper sa puissance. On peut avoir par exemple, pour un poids donné de blindage, deux couches de 15 mm d'épaisseur plus efficaces qu'une seule de 30 mm.

Aujourd'hui, les véhicules blindés légers sont équipés de blindage cage, et quelques chars de combat principaux (main battle tank) disposent de jupes en caoutchouc pour protéger leurs suspensions relativement fragiles et leur ventre à l'avant.

Le bouclier Whipple utilise le principe du blindage espacé pour protéger les engins spatiaux contre les impacts de micrométéorites hypervéloces. L'impact avec la première paroi fond ou fragmente la particule incidente, dispersant ainsi son impact sur une zone plus large de la paroi intérieure plus épaisse.

Notes et références

  1. (en) Steven Thomas, « Why were Schürzen introduced in WW2? », Balagan.info,
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