Saint-Chamond (char)

Le Saint-Chamond est le deuxième char d'assaut produit pour l’armée française au cours de la Première Guerre mondiale. Il est beaucoup plus lourd et plus long, mais aussi mieux armé que le premier, le char Schneider CA1. Quatre cents exemplaires sont fabriqués par la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d’Homécourt (FAMH) à Saint-Chamond. Né de la rivalité entre d'une part la firme de Saint-Chamond, et d'autre part de la société Schneider, il se révèle assez peu efficace sur des terrains bouleversés par les tranchées et les impacts de l'artillerie. Cependant en 1918, lors de la reprise de la guerre de mouvement en rase campagne, son canon de 75 mm est utilisé pour attaquer à distance l’artillerie de campagne adverse. La principale faiblesse du char Saint-Chamond était son train de chenilles beaucoup trop court et sujet à de fréquents déraillements. La guerre prend fin avant que les chars Saint-Chamond ne soient entièrement remplacés par des chars lourds britanniques.

Ne doit pas être confondu avec Saint-Chamond.

Char Saint-Chamond

Un exemplaire de char Saint-Chamond visible au Musée des blindés de Saumur.
Caractéristiques de service
Type Char moyen
Service 1917 - 1918
Utilisateurs France
Conflits Première Guerre mondiale
Production
Concepteur Compagnie des forges et aciéries de la marine et d’Homécourt (FAMH)
Année de conception 1916
Constructeur Compagnie des forges et aciéries de la marine et d’Homécourt (FAMH)
Production 1916 - 1918
Unités produites 400 exemplaires environ
(165 St Chamond M1 + 235 St Chamond M2)
Variantes Saint Chamond M1 (toit plat + canon de 75 mm L12C TR St Chamond)
Saint Chamond M2 (toit à double pente + canon de 75 mm Schneider Mle 1912 ou canon de 75 mm Mle 1897)
Saint Chamond dépannage (sans canon)
Caractéristiques générales
Équipage Au nombre de 9 (chef de char, chef de pièce, 2 canonniers, 4 mitrailleurs, mécanicien)
Longueur 8,7 m (canon compris)
7,9 m (sans canon)
Largeur 2,7 m
Hauteur 2,4 m
Garde au sol 33 cm
Masse au combat 22 tonnes (M1) à 24 tonnes (M2)
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Type Acier laminé riveté
Frontal (caisse) 11,5 mm
Latéral (caisse) 8,5 mm (M1) puis 17 mm (M2)
Arrière (caisse) 8,5 mm
Dessus (caisse) 5,5 mm
Armement
Armement principal Un canon Saint-Chamond L12C TR de 75 mm (L/36.3) (St Chamond M1)
ou Un canon de 75 mm Mle 1897 (L/36.3) (St Chamond M2)
ou Un canon Schneider de 75 mm Mle 1912 (L/36.3) (St Chamond M2)
(106 à 108 obus)
Armement secondaire Quatre mitrailleuses Hotchkiss modèle 1914 de 8 mm (1x par face) (7 488 cartouches)
Mobilité
Moteur Moteur Panhard et Levassor sans soupape, à 4 cylindres à refroidissement liquide
Puissance 90 ch (52 kW) à 1 450 tr/min
Transmission Electrique type "Crochat-Colardeau".
Suspension Type Holt : Boggies à ressorts à volute
Pression au sol 0,79 kg/cm2
Vitesse sur route 12 km/h
Vitesse tout terrain 5 km/h
Pente franchissable 32 %
Puissance massique 4,1 ch/tonne
Réservoir 250 L
Autonomie 60 km soit environ 8 heures

Développement

À l’origine, les sociétés Saint-Chamond et Schneider reçoivent chacune une commande de l'Armée Française de quatre cents exemplaires d'un même char. Au début de 1916, alors que leur prototype commun, le tracteur A, est en cours de finition dans un atelier de l’armée, le soldat Pierre Lescure conçoit le compartiment de combat, et le lieutenant Fouché fait rallonger la suspension pour améliorer le comportement en tout terrain. Le train de chenilles est directement inspiré par les tracteurs Holt-Caterpillar, déjà utilisés par l'armée pour le halage des pièces d'artillerie lourde.

Cependant, l’ingénieur en chef de Schneider, Eugène Brillié, rejette ce premier prototype. Il choisit un nouveau dessin intégrant son invention, une queue permettant de franchir les tranchées, avec une longueur de caisse bien inférieure, rendant possible la création d’un véhicule plus léger.

La société Schneider refuse de partager l’invention brevetée de Brillié avec la société Saint-Chamond qui, de son côté, ne veut pas verser des royalties à Schneider. Dès lors, les deux compagnies travaillent sur deux véhicules très différents, bien que dérivant tous deux du tracteur A initial. La société SOMUA, filiale de Schneider, usine donc le Char Schneider CA1, alors que Saint-Chamond présente au ministère de la Guerre un projet de char qui se veut plus compétitif, car mieux armé (un canon de 75 mm normal et quatre mitrailleuses Hotchkiss).

Saint Chamond utilise les relations au ministère de la Guerre d’un de ses directeurs techniques, le colonel Émile Rimailho, un des deux coïnventeurs du fameux canon de 75 mm Mle 1897, pour faire accepter les spécifications de leur propre projet. Notamment, le ministère approuve le montage d’un canon de 75 mm normal, à tube long, sur le char Saint-Chamond. Le résultat de cette validation est de rendre le char Saint-Chamond plus long et plus lourd que le char Schneider, avec un compartiment de combat allongé, dépassant largement le train chenilles, tant à l’avant qu'à l’arrière. Le premier prototype du char Saint-Chamond est présenté à l’Armée et approuvé en . Les premières sorties d’usine datent d’.

Description

Issu du tracteur A, le char Saint-Chamond est un véhicule imposant, plus grand et plus lourd que son rival, le char Schneider CA1. Il dépasse, en effet, le char Schneider de plus de deux mètres, et il est plus lourd d’environ huit tonnes.

Cependant, malgré son handicap de masse, il est capable d’une meilleure vitesse de pointe sur terrain plat, grâce à son moteur Panhard et Levassor, sans soupapes, plus puissant et, surtout, grâce à l’utilisation d’une transmission électrique « Crochat-Colardeau ». Cette dernière, utilisée avant guerre sur les automotrices de chemin de fer, rend possible une conduite relativement souple et rapide sur terrain plat.

Malheureusement ces avantages techniques ne sont valables que sur route. Une fois engagé dans la boue du no man's land, le long nez du Saint-Chamond a tendance à se ficher dans le moindre accident de terrain. Enfin, sur les premiers chars Saint-Chamond, les chenilles résistent mal à l’usure et les patins de chenilles donnent des pressions au sol excessives.

Fin 1917, et surtout pendant l’année 1918, un certain nombre d’améliorations furent apportées au char Saint-Chamond :

  • un toit à deux pentes, pour laisser rouler les grenades ennemies ;
  • une seule tourelle, devenue quadrangulaire, pour le poste de conduite ;
  • des patins de chenilles en meilleur acier et élargis d’environ 30 % ;
  • des rouleaux cylindriques, placés sous les extrémités avant et arrière du char, pour faciliter la progression en terrain difficile ;
  • le canon Saint-Chamond d’origine, de 75 mm, est remplacé par le classique canon de 75 mm Mle 1897.

Le char Saint-Chamond est utilisé jusqu’en , soit deux mois avant l’armistice du 11 novembre. Il trouve son rôle le plus efficace pendant les mois d'été 1918, après la reprise de la guerre de mouvement, en tant que canon de 75 mm sur affût à chenilles, capable d’engager directement l’artillerie de campagne adverse. Il peut donc être considéré comme un précurseur, certes très imparfait, des canons d'assaut utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le char Saint-Chamond exposé au musée des blindés de Saumur est unique au monde : il provient d’un don de l’« US Army Ordnance Museum », situé à « Aberdeen Proving Grounds », au Maryland, États-Unis. Il s'agit d'un modèle M2. La remise en état d’origine de la dynamo et des moteurs électriques n’a pas pu être réalisée, à cause de leur état de dégradation trop avancé et jugé irréversible.

Ce modèle nommé "Fleur D'amour" a défilé le lors de la parade militaire annuelle de la fête nationale sur les Champs-Élysées. Celui-ci est tombé en panne devant la tribune présidentielle mais a pu finalement repartir après 2 minutes d'immobilisation.

L'association à but non lucratif (Loi 1901) "Mémoire de poilus" a reconstruit, à partir de pièces d'origines provenant de plusieurs spécimens, un char St-Chamond M1, baptisé "Madelon[1]" (nom d'un spécimen historique), qui est donc le dernier exemplaire au monde en état de marche.

Notes et références

  1. « Véhicules », Mémoire de Poilus, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Alain Gougaud, L'aube de la gloire : les autos mitrailleuses et les chars français pendant la Grande Guerre, histoire technique et militaire, arme blindée, cavalerie, chars, Musée des blindés, Issy les Moulineaux France, Société OCEBUR, coll. « Guides Muller », , 165711003 p. (ISBN 978-2-904255-02-1, OCLC 165711003).
  • Lieut-colonel J. Perre, 1937 et 1940, « Batailles et Combats des Chars Français ». Charles-Lavauzelle et Cie., Paris. 2 tomes.
  • Bruno Jurkiewicz, 2008, « Les Chars Français au Combat-1917-1918 ». Coédition ECPA/Ysec, BP 405. 27405 Louviers Cedex (avec un DVD de films d'époque).
  • Lieutenant-colonel P.Malmassari, 2009, « Les Chars de la Grande Guerre », 14-18 Éditions, (ISSN 1627-6612).
  • François Vauvillier, Tous les blindés de l'armée française - 1914-1940 Histoire de guerre, blindés & matériel, GBM 100, avril, mai, , (ISSN 1956-2497), p. 19, no 4.1, 4.3, p. 101, no 4.2.
  • Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt, Artillerie « Saint-Chamond » : Règlement de manœuvre du char Saint-Chamond mle 1916, Paris, Imprimerie Frazier-Soye, , 130 p., lire en ligne sur Gallica.
  • François Cochet (dir.) et Rémy Porte (dir.), Dictionnaire de la Grande guerre 1914-1918, Paris, R. Laffont, coll. « Bouquins », , 1120 p. (ISBN 978-2-221-10722-5 et 2-221-10722-5, OCLC 470986430, notice BnF no FRBNF41362444).

Articles connexes

Lien externe

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