Bibliothèques sans frontières
Bibliothèques sans frontières (BSF) est une association fondée en 2007 à Paris, à l'initiative de l'historien Patrick Weil.
Elle cherche à rapprocher de la culture ceux qui en sont le plus éloignés par le soutien direct aux personnes les plus fragiles ou via les bibliothèques et structures éducatives.
Historique
Lors de sa création, la mission de BSF était d'appuyer le fond des bibliothèques, des écoles et des universités ainsi que la formation de documentalistes, l’informatisation de centres documentaires et la structuration de réseaux de bibliothèques. Aujourd'hui, son action s'est diversifiée et consiste à renforcer et accompagner l'éducation des populations les plus vulnérables, touchées par la guerre ou l'urgence humanitaire[1]. BSF s'appuie sur une meilleure prise en charge des besoins intellectuels pour réduire les inégalités d'accès à l'information, à l'éducation et à la culture dans le monde en faisant des bibliothèques les acteurs de cette réduction. Ces accès sont considérés par Bibliothèques Sans Frontières comme des droits fondamentaux au même titre que la satisfaction des besoins physiologiques. BSF crée également des modèles de bibliothèques économiquement soutenables et à fort impact social, afin de faire des bibliothécaires les acteurs du changement.
En 2008, la collecte de livres à domicile est mise en place en France et une base logistique permet le tri et la sélection des livres collectés pour les différents projets de BSF. En dix ans, la couverture géographique et la nature de ses actions se sont élargies et étendues dans trente-et-un pays, sur les cinq continents. Notamment aux États-Unis où une antenne a été créée en 2009 au nom de Libraries Without Borders[2]. Les trois axes d'intervention de BSF sont : l'urgence, post-conflit et construction de la paix, l'éducation et le partage de la culture, ainsi que l'entrepreneuriat et la transformation sociale.
L'association intervient pour la première fois dans l'urgence à la suite du séisme de 2010 en Haïti[3]. Déjà présente depuis 2007 sur le territoire haïtien, BSF « a vu les bibliothèques récemment constituées [par BSF] être réduites en miettes par le séisme »[4]. Ainsi, en plus de recommencer à zéro le travail déjà amorcé au sein du pays, BSF a entrepris plusieurs missions auprès des vingt camps de réfugiés du tremblement de terre[5]. On compte parmi les différentes actions entreprises par BSF : la construction d'une dizaine de bibliothèques et l’élaboration de coins lecture près des camps de réfugiés, au sein des écoles, des universités et des quartiers du pays et une collecte de dons de livres et d’argent, entamée en février 2010[4].
La bibliothèque nationale d'Haïti (BNH) étant anéantie, BSF devait agir aussi du côté d’une réalimentation d’un fond littéraire national. C’est en partenariat avec l’École normale supérieure que BSF a débuté le projet de création d’une bibliothèque au sein de l’Université d'État d'Haïti (UEH) afin d’offrir une documentation adéquate aux étudiants, professeurs et chercheurs de l’établissement[6].
À partir de 2013, BSF commence l'élaboration de l'Ideas Box[7], en collaboration avec Philippe Starck. Celles-ci sont déployées pour la première fois en 2014 dans les camps de réfugiés congolais au Burundi. Le Koombook[8] , bibliothèque numérique non connectée, est déployé à partir de 2015.
Également, durant les élections municipales de 2014, BSF a lancé la pétition « Ouvrons + les bibliothèques! » dans le but de sensibiliser la population et les instances politiques à l’insuffisance des heures d’ouverture des bibliothèques en France[9].
Depuis décembre 2017, BSF a lancé une websérie sur la laïcité - composée de dix épisodes d’une durée de trois minutes chacun - afin de « promouvoir l’information et le savoir » auprès des jeunes[10].
Axes d'intervention
Urgence, post-conflit et construction de la paix
La première intervention de Bibliothèques sans frontières dans un contexte d'urgence humanitaire fut lors des catastrophes naturelles survenues en Haïti en 2010[3]. L'objectif principal est de permettre à ces populations vulnérabilisées par les catastrophes naturelles de rester connecté au reste du monde en renforçant l'éducation, la protection et en prenant en charge l'aide psychosociale de ces derniers. C'est dans cette logique que Bibliothèques Sans Frontières intervient principalement auprès des réfugiés à travers le monde, notamment en Allemagne, en Italie, en Grèce ou encore en Éthiopie, en Jordanie, en Irak ou encore au Liban. L'association est également présente en Afrique des Grands Lacs, qui connait depuis plusieurs années des conflits meurtriers. BSF est également présent en Colombie qui fait face à un conflit armé entre l’État et les forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui est désormais en situation de post-conflit et qui nécessite une construction de paix[réf. nécessaire].
Éducation et partage de la culture
Le deuxième axe principal d’intervention regroupe à la fois l'éducation et le partage de la culture. Bibliothèques Sans Frontières lutte, en France comme dans le monde, pour la réduction des inégalités dans plusieurs domaines. BSF veut offrir l’accès à la culture, à l'éducation mais aussi à l'information. Cette lutte se fait en ouvrant davantage de bibliothèques réelles et virtuelles à travers le monde. En réalisant cela, les bibliothèques deviennent alors des éléments fondamentaux de cette réduction des inégalités. D'autre part, les bibliothèques aident au développement de la démocratie et de la citoyenneté[11].
Outils et méthodologie
Pour mener à bien ses projets, Bibliothèques Sans Frontières utilise différents outils tels que l'Ideas Box, le Koombook, le Cartable connecté, le programme Voyageurs du numérique ainsi que la plateforme d'apprentissage en ligne Khan Academy[12].
Ideas Box
L'Ideas Box est une médiathèque en kit créée en 2013 par BSF et Philippe Starck, avec le soutien de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR)[13]. Elle contient quatre modules, dont un module administratif (jaune) qui permet d'abriter le système réseau (serveur, stockage et relai Wi-Fi) ainsi que le système électrique (batterie, onduleur). Le deuxième est un module informatique (vert) composé de liseuses, de caméras HD, d'ordinateurs portables, de GPS, de tablettes et de jeux de société. Le troisième est un module cinéma (bleu) qui contient une télévision en haute définition ainsi qu'un vidéoprojecteur. Dans ce module sont inclus des outils pédagogiques comme des documentaires ou des ressources d'apprentissage selon le contexte. Mais aussi des films de tout genre (prévention, des films pour enfants et adultes). Enfin, le quatrième est un module bibliothèque (orange) contenant jusqu'à 300 livres. Ces quatre modules sont accompagnés de tabourets et de deux grandes tables.
Les Ideas Box sont déployées dans des lieux touchés par des catastrophes naturelles ou des conflits armés ainsi qu’auprès des populations marginalisées[14]. Elles procurent dans la langue locale des outils permettant aux individus et aux communautés de mieux se reconstruire[15]. « À terme, le matériel informatique sera laissé « sur place » à des personnes formées[13]. »
Ideas Cube (ancien nom: Koombook)
L'Ideas Cube est une bibliothèque numérique qui fonctionne sans connexion internet : elle est autonome et ultra-portative. La réactualisation des contenus peut se faire à distance en la branchant sur le module administratif de l'Ideas Box. Cette bibliothèque numérique fonctionne grâce à la création d'une borne Wi-Fi sur lequel on se connecte avec n'importe quel support[8].
Cet outil qui prend la forme d’un serveur local permet de donner accès à du contenu choisi avec et pour la communauté, selon ses besoins spécifiques, dans des endroits où l’internet n’est pas disponible[16]. Il peut s’agir par exemple de contenu tiré de Wikipédia, de la Khan Academy ou du projet Gutenberg. En 2016, une soixantaine de dispositifs étaient installés en Afrique subsaharienne[16].
Gouvernance
Président et directeur général
Patrick Weil assure la présidence de l'association depuis sa création en 2007. Jérémy Lachal, qui en est le co-fondateur, a été le secrétaire général avant d'en devenir le directeur général en février 2016.
Conseil d'administration
Le conseil d'administration de BSF a un rôle exécutif et délibératif. Celui-ci se réunit plusieurs fois par an. En France, le conseil d'administration est composé de 19 membres : Patrick Weil, Olivier Bassuet, Peter Sahlins, Véronique Brachet, Geneviève Brisac, Ghislaine Hudson, Jean-Baptiste Soufron, Julien Serignac, Constance Rivière, Farid Benlagha, Arnaud Delalande, Christian Connan, Mary Fleming, Antoine Boulay, Thierry Marembert, Silvère Mercier, Eros Sana, Anna Soravito, Frédéric Régent . Et de 14 membres aux États-Unis dont Patrick Weil, Peter Sahlins, Noorain Khan, Katherine Reisner, Ramona Naddaff et Mark Cramer[18].
Associations membres du réseau BSF
France
L'association française est le leader du réseau Bibliothèques Sans Frontières, son siège se trouve à Montreuil, son centre de collecte de livres est à Épône dans les Yvelines. Elle a également des bureaux régionaux en France à Marseille, Bordeaux, Lille et Nancy.
A l'international elle a des représentations à Bujumbura au Burundi, à Bogotá en Colombie, à Amman en Jordanie, à Athènes en Grèce, à Palerme en Italie et à Erbil en Irak.
États-Unis
L'association américaine a son siège à Washington D.C, pour les États-Unis, elle représente également le réseau auprès des instances internationales dont le siège est à Washington et New York.
Belgique
L'association belge a son siège à Bruxelles. Pour la Belgique elle représente également le réseau auprès de instances internationales présentes en Belgique notamment l'Union européenne et l'OTAN.
Financement
Bibliothèques Sans Frontières connaît une hausse de son budget depuis plusieurs années[réf. souhaitée]. BSF est financée à plus de 80 % par des fonds privés. Sur les 7,8 Millions euros de budget annuel moyen sur les trois dernières années (2016-2018) dont 6,4 Millions d'euros de ressources privées, 83 % des fonds sont utilisés pour des missions sociales.
Campagnes et plaidoyers
Collectes de livres
Depuis 2007, BSF collecte des livres pour les mettre à disposition des plus démunis. s'associe à la FNAC pour collecter chaque année des livres. Ceux-ci, triés, sont distribués à des bibliothèques en France ou l'étranger ou revendus, par exemple par le label Emmaüs.
Ouvrons + les blibliothèques - 2014
Campagne avant les élections municipales[19], qui concerne les horaires d'ouverture des bibliothèques jugés inadaptés aux étudiants, salariés, demandeurs d'emploi, enseignants et autres.
La proposition faite par BSF est d'étendre les horaires d'ouverture au midi, soir et dimanche. Parmi les signataires se trouvent Éliette Abecassis, Pierre Assouline, Olivier Barrot, Evelyne Bloch-Dano, Geneviève Brisac, Catherine Cusset, Dany Laferrière, Erik Orsenna, Bernard Pivot, Lilian Thuram, Emmanuel Todd, Benjamin Stora.
Récompenses
- Prix de la créativité et de l’innovation 2017 de l’Open Education Consortium pour l’IdeasBox[20][source insuffisante].
- Prix WISE 2016[réf. souhaitée]
- Clinton global initiative 2016[réf. souhaitée]
- Lauréat Ashoka en 2015[réf. souhaitée]
- Lauréat de La France s'engage en 2015[réf. souhaitée]
- Le Google Impact Challenge en 2015[réf. souhaitée]
- Obtention du label IDEAS en 2015[réf. souhaitée]
- Grand Prix Culturel de la Fondation Louis D[réf. souhaitée].
Notes et références
- « Rapport annuel 2016 spécial 10 ans ! | Bibliothèques Sans Frontières », Bibliothèques sans frontières, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Libraries Without Borders », sur Libraries Without Borders (consulté le )
- Hubert Prolongeau, « Avec Bibliothèques Sans Frontières, Haïti est à la page », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- Clément Solym, « Bibliothèques Sans Frontières s'engage pour Haïti », sur https://www.actualitte.com, (consulté le )
- Bibliothèques Sans Frontières, « Haïti », sur https://www.bibliosansfrontieres.org, s.d. (consulté le )
- École normale supérieure, « Ulm - Lettres et Sciences humaines : Présentation du projet Haïti », sur http://www.bib.ens.fr, s.d. (consulté le )
- « Calais, première ville à se doter de l'Ideas Box », La Voix du Nord, (lire en ligne)
- 01netTV, « Koombook, la bibliothèque numérique nomade », (consulté le )
- Dominique Lahary, « Les bibliothèques au risque des politiques publiques », sur http://bbf.enssib.fr, (consulté le )
- Antoine Oury, « Bibliothèques Sans Frontières signe une série sur la laïcité », sur https://www.actualitte.com, (consulté le )
- Jérémy Lachal, « Bibliothèques sans frontières », sur http://bbf.enssib.fr, (consulté le )
- « Activités | Bibliothèques Sans Frontières », Bibliothèques Sans Frontières, s.d. (lire en ligne, consulté le )
- Bibliothèque nationale de France, « BnF - Présentation de l'« Ideas Box » de Bibliothèques Sans Frontières », sur www.bnf.fr (consulté le )
- Claire Lecœuvre, « Des ateliers d’écriture pour des enfants congolais réfugiés au Burundi », L'Autre, vol. 16, no 2, , p. 247 (ISSN 1626-5378 et 2259-4566, DOI 10.3917/lautr.047.0247, lire en ligne, consulté le )
- Eve Saumier, « Les réfugiés ont droit à la culture », Alternatives internationales, vol. N° 63, no 6, , p. 65–65 (ISSN 1634-6386, lire en ligne, consulté le )
- 01net, « Koombook, la bibliothèque numérique nomade », sur 01net (consulté le )
- « Bibliothèques sans frontières : savoirs réels, technologies virtuelles – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- « Conseil d'administration », sur bibliosansfrontieres.org (consulté le )
- « Ouvrons + les bibliothèques : l’annonce phare qui fait entrer le débat en politique », sur Archimag (consulté le )
- « Education, innovation et situation de crise : l’expertise de BSF reconnue », sur Bibliothèques Sans Frontières, (consulté le )
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