Betizu

Betizu (prononcer bétissou) est le nom d'une race de vache sauvage qui vit en montagne basque dans les Pyrénées. Bien que cette race de vache ait été écartée et en voie de disparition, ces dernières années son image s'est renforcée chez les Basques. L'une des principales raisons, sans doute, au-delà des personnes travaillant à la sauvegarde de la race, est le programme télévisé à destination des enfants « Betizu » produite par EITB (Télévision Basque Internationale). Le personnage principal étant une vache Betizu, l'image de cet animal s'est largement répandue auprès des enfants et parents du Pays basque. Dans la culture aussi bien dans la mythologie basque que dans les proverbes anciens, des génies à l'image de betizu apparaissent souvent portant le nom de « Behigorri » (vache rouge en basque) ou « Zezengorri » (taureau rouge en basque). Il faut également évoquer que les betizu (betizuak au pluriel basque) ont également joué un rôle dans les fêtes populaires. L'origine de cet animal est très ancienne et apparemment, elle fait partie des bovins sauvages qui peuplaient les Pyrénées. S'étant isolée du relief montagneux, la race betizu est restée sans se croiser à d'autres races et de ce fait, on pourrait dire qu'elle est une race primitive qui a perduré[réf. nécessaire]. Ces dernières années[Quand ?], quelques pas sont faits pour préserver cette race de la disparition mais seul le temps dira si cela sera efficace et suffisant.

Betizu

Betizu sur le massif du Xoldokogaina.
Région d’origine
Région Espagne et France
Caractéristiques
Taille Petite
Robe Unie froment-fauve
Autre
Diffusion Locale, race préservée
Utilisation Bouchère

La race betizu ou betisoak, est une race bovine autochtone du Pays basque qui reçoit le nom d'une race de Bos taurus semi sauvage, de couleur rougeâtre, autochtone du nord de l'Espagne. C'est une race particulièrement protégée, comme l'a établi le Ministère de l'Agriculture, Pêche et Alimentation espagnol (Ministerio Agricultura, Pesca et d'Alimentación)[1], à cause du fait que leurs propriétaires les considéraient comme de piètres productrices, donc les gouvernements basques et navarrais les ont achetées et les ont lâchées dans des montagnes en liberté.

Étymologie et diverses dénominations

Le mot se prononce bétissou et vient du basque behi izua, « behi » signifiant « vache » et « izu » signifiant « farouche, intraitable, sauvage, fuyante »[2], en référence au caractère semi-sauvage de ces animaux qui vivent dans les montagnes et les zones boisées du Pays basque. La forme plurielle en basque est betizuak, le suffixe -ak marquant le pluriel. On peut remarquer que « betizu » est un mot de genre masculin en français, tandis que c’est un terme féminin en espagnol[2]. Cela est lié au fait qu'en langue basque les mots n'ont pas de genre.

Diverses autres dénominations basques sont utilisées pour désigner cette race suivant les auteurs : « herri ganadua »[3], « herri behiak »[4], « behi auzoa », « etxeko behiak », « betiso basidi », « basabehi » ou « behi betizu »[5]. On observe également quelques dénominations locales, comme « larabehi » (littéralement « vache de pâturage ») ou « basa-behi » (« vache des bois ») au Guipuscoa, « basa-behiak » en Biscaye, et même « bei-uzoak » et « bei-gorri » dans la région de Dima en Biscaye[2].

Origine et histoire

Elle est issue du rameau blond. Son origine est très ancienne. On peut observer que les animaux figurant dans l'art pariétal pyrénéen, dont les plus anciennes représentations datent de 15 000 ans avant notre ère[6] ressemblent fortement aux betizus actuelles. Celui-ci se détache surtout de son ancêtre sauvage par sa plus petite taille. Toutefois, l’origine de la race n’est pas connue avec certitude et deux hypothèses se confrontent. Le bétizu est peut-être issue directement de l’aurochs sauvage[7]. Pourchassés par l’homme, les aurochs se seraient réfugiés dans les sommets boisés et aux pacages pauvres, et petit à petit ils se seraient adaptés à ce milieu pauvre en nourriture en réduisant leur taille au fil des générations[7]. La seconde hypothèse suggère que cette race serait issue de vaches domestiquées échappées des fermes et retournées petit à petit à l’état sauvage[7]. La différence de taille avec l’aurochs serait un effet de la domestication[7]. Ces deux hypothèses ne sont pas contradictoires, et pour certains auteurs les deux phénomènes ont pu se dérouler conjointement[7]. Dans ce cas, le betizu serait issue d’une population d’aurochs de taille réduite croisée avec des animaux issus des fermes. Malgré ce possible apport de sang récent, le betizu reste pour certains un des plus proches parents actuels de l’aurochs du néolithique[8].

Morphologie

La race betizu est d'une grande rusticité : elle a l'aspect d'un animal vivace, agile, harmonieux, une petite taille pour un poids corporel peu élevé (ce qui pourrait donner une race à viande). Elle vit toute l'année en plein air, adaptée au terrain montagneux, escarpé et couvert de bois et landes. Elle vêle seule sans problème, mais ne donne naissance qu'à un veau tous les deux ans en moyenne. Elle joue un rôle d'entretien de l'espace rural, et les prélèvements sur les troupeaux sont faits au fusil, comme pour un gibier.

  • Tête et encolure : fine, courte, couverte de poils crépus abondants, des yeux expressifs, cernés d'une auréole claire ou un œil de perdrix. Chignon très développé, les cornes sous forme de lyre relevée vers le haut et l'arrière (surtout chez les femelles), bien que puissent apparaître des formes de demi lune, et de couleur prédominante blanche.
    Cou court à moyen, caractérisé par crinière abondante, la ligne supérieure, droite chez les femelles et avec une protubérance chez les mâles.
  • Tronc : thorax plus profond chez les mâles que les femelles, avec des côtes peu arquées, le dos en-sellé et ascendant, suivi de la région lombaire de faible développement musculaire.
  • Croupe et queue : croupe peu développée, avec des proéminences osseuses. Haute naissance de la queue, lâche et avec une touffe (borlón) abondante.
  • Cuisses et fesses fugitives : peu développées et rectilignes.
  • Extrémités et lignes : extrémités de longueurs moyennes avec des articulations bien développées, lignes verticales correctes et petits sabots durs et de couleur claire.
  • Robe, poils et muqueuses : robe de couleur blé (entre le brun et le blond), variant d'intonation selon l'époque de l'année et le sexe, avec décoloration centrifuge au niveau de la face et du périnée, les extrémités, le museau et la région orbitale. Peau lourde, fauve, avec des muqueuses dépigmentées, couleur viande et attrayantes.
  • Environnement : il s'agit d'animaux qui vivent en régime de semi-liberté, et dont le comportement semi-sauvage et insaisissable est relié aux conditions environnementales dans lesquelles elles se développent.
  • Dimensions : C'est une race de format moyen et légère : entre 1,10 m -1,30m et 300 kg pour la vache, et 1,35 m et 400 kg pour le taureau[9].

Statut juridique

Conservation

Les effectifs sont en déclin et tournent autour de seulement 300 individus, dont environ 60 pour la partie française du Pays basque[réf. nécessaire]. Il est naturellement difficile de connaitre ces chiffres avec certitude. Des études sont menées pour déterminer son potentiel génétique et tenter d'enrayer ce déclin.

Actuellement[Quand ?] le Gouvernement de Navarre élabore un programme écologique pour la conservation de cette race autochtone, dont la tâche est confiée à l'ITG Ganadero qui possède un troupeau de betizu, cédé par le Gouvernement de Navarre, et qui est placé dans une propriété du village abandonné de Sastoya, situé dans la vallée navarraise d'Urraúl Alto. La propriété est inscrite comme Aire de Production Écologique ("Àrea de Producción Ecológica") et est la propriété du Gouvernement de Navarre, gérée par son Département de l'Environnement ("Departamento de Medio Ambiente") qui en confie lui-même la maintenance à l'ITG Ganadero. L'objectif est le maintien de la pureté de la race et dans la mesure du possible la diffusion de cette dernière[10]. La propriété est composée de quelque 80 hectares, dont 12 sont des prairies, et un abri couvert de 300 m2 pour magasin et maniement du bétail. On y maintient une moyenne de quelque 45 animaux de la race avec une intervention humaine minimale pour maintenir son caractère de semi-liberté.

Cette vache a été récemment popularisée dans cette zone grâce au nom d'un programme pour enfants en basque de la télévision publique basque (ETB) où le personnage principal représente un animal de cette race. L'émission essaye de faire connaitre l'existence de cette espèce en voie d'extinction et de favoriser sa connaissance et protection.

Répartition

Elle vit aujourd'hui à l'état sauvage, ou semi-sauvage, au Pays basque de part et d'autre de la frontière franco-espagnole, dans des espaces marginaux et segmentés. Ainsi la population totale, estimée seulement au nombre de 300, se répartit[11],[12],[13],[14] :

Le betizu dans la culture

Influence dans la mythologie basque

Les betizuak sont pour les anciens Vascons des animaux mythiques, connus sous les noms de zezen gorri taureau rouge ») et behi gorri (vache rouge ») et qui étaient les gardiens de la grotte où vit la déesse Mari, veillant à ce que personne n’y accède[15]. Pour les Basques encore aujourd'hui cette race a une signification mythologique : c'est le betizu qui, depuis les temps anciens, leur a inspiré ou fourni une partie du matériel symbolique de leurs mythes comme Behigorri, Zezengorri, Izuargi, Gaueko.

Galerie

Notes et références

  1. BOE n. 279 de 21/11/1997
  2. Bernez-Vignolle 2010, p. 16
  3. (es) T. Echevarria, Raza vacuna Pirenaica, Saragosse (Espagne), Th. : Med. vet.,
  4. (es) A. Staffe, Contribuciones a la Monografía del Ganado Vacuno Vasco, Saint-Sébastien, Revista Internacional de Estudios Vascos, , Tome XVII éd., p. 201- 259
  5. J.P. Seiliez, « Quelques notes sur les “betiso” », Bulletin du Musée Basque, Bayonne, vol. 67, , p. 31-36
  6. Bernez-Vignolle 2010, p. 17
  7. Bernez-Vignolle 2010, p. 19
  8. M. Darrieumerlou, « Les Betisos, l’ultime harde », Toros, vol. 1297, , p. 4-7
  9. Description de la race Betizuak
  10. (es) Le centre de Sastoya
  11. http://www.nekanet.net/razas/betizu_c.htm
  12. http://www.euskonews.com/0272zbk/gaia27202es.html
  13. http://www.itgganadero.com/itg/portal/seccion.asp?S=3&N=80&P=17
  14. http://www.euskalabereak.net/betizuak.htm
  15. (es) J-M. Barandiaran, Diccionario Ilustrado de Mitología Vasca, Bilbao, La Gran Enciclopedia Vasca, , Tome 1 éd.

Annexes

Bibliographie

  • Euskal Herriko betizuak. Europako azken basa-behiak, Saturnino Napal Lekunberri et Alberto Pérez de Muniain Ortigosa, Argitaletxea Bizkaiko aldundia, 2006.
  • Monografía del ganado vacuno vasco. Staffe, Revue internationale de "estudios vascos", 1926.
  • Betizu arrazaren orainaldi eta geroari buruzko zenbait ohar eta hausnarketa. Jose Maria Plazaola, argitaratu gabeko lana, 1997.
  • Razas bobinas españolas. Sanchez Belda, Madrid, 1984.
  • Del ganado bovino de Guipúzcoa. M. Goya, Boletín oficial del ministerio de Fomento, tomo XXII, 1857.
  • Quelques notes sur le Betiso. J.P. Seiliez Bulletin du Musée Basque 67. 31-37, 1975.
  • Las razas bovinas autóctonas de España en peligro de extinción. M.A. García-Dory, Quercus, 23: 14-21.
  • Betizu, una raza bovina autóctona en peligro de extinción. Asociación de amigos de las betizu/Betizuen Lagunen Elkartea. Quercus, 1995ko urtarrila.
  • "Animales salvajes del Pais Vasco. Sus costumbres y caza., Egilea Pertica et Ezeizabarrena. Colection Auñamendi, 1920. Saint-Sébastien.
  • Betizua. Euskal Herriko zezen gorria. Egilea Jose Maria Plazaola, 2005. Argitaratu gabekoa.
  • Contribución al estudio de poblaciones vacunas marginales en las provincias de Alava y Vizcaya: Agrupaciones bovinas Monchina y Terreña". Egilea, Patxi Gonzalez Angulo. 1991.
  • Mirentxu Bernez-Vignolle, Betizu, une population bovine des montagnes basques : statut juridique et modalités de gestion, , 146 p.

Articles connexes

Liens externes

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