Bernhard Förster

Bernhard Förster[1] (né le 31 mars 1843 et mort le 3 juin 1889) est un instituteur déchu originaire de Saxe, devenu agitateur antisémite[2],[3]. Fortement influencé par l'ideologie raciale en vogue du XIXe siècle jusqu'à la première moitié du XXe siècle, exilé au Paraguay, il y fonda une colonie baptisée "Nueva Germania", en allemand "Neu-Germania" mais qui ne perdura que de 1886 à son suicide, en 1889.

Pour les articles homonymes, voir Förster et Forster.

Il était marié avec la sœur du philosophe Friedrich Nietzsche.

Biographie

Fils d'un pasteur methodiste, Bernhard Förster est né à Delitzsch, au nord de Leipzig, en province de Saxe.

Son frère aîné, Theodore, deviendra "superintendant", en français inspecteurs ecclésiastiques, à Naumburg et Halle et professeur de théologie à l'Université de Halle. Bernhard et Paul (1844-1925), son frère cadet, devinrent professeurs de lycée.

Fervent admirateur de Richard Wagner et antisémite notoire, lui et son frère Paul s'engagent dans le "Mouvement de Berlin". Actif dans ce groupe, il est, conjointement avec Max Liebermann von Sonnenberg (1848-1911), politicien et officier prussien blessé en 1870, Ernst Henrici, lui aussi instituteur, fondateur du Parti Imperial Social, en allemand, "Soziale Reichspartei", et son frère Paul Förster, l'initiateur de la pétition antisémite qui circula de 1880-1881, qui lui permet de se forger une réputation politique dans l'empire Wilhelmien

À cette époque, de nombreux petits groupements défenseurs d'une ideologie ethnocentrique s'étaient formés à Berlin, tels que la Ligue antisémite de Wilhelm Marr ou le Parti Imperial Social d'Ernst Henrici. Contrairement aux socialistes chrétiens, ils prônaient un antisémitisme radical ponctué par des manifestations et agitations violentes, parmi lesquelles les Émeutes du Nouvel An à Berlin, l'Incendie de la synagogue de Neustettin (18 février 1881), et l'Affaire Kantorowicz

En effet, le 8 novembre 1880, Bernhard Förster et un autre instituteur antisémite, Carl Jungfer, provoquent délibérément les passagers juifs d'une hippomobile berlinoise avec des déclarations antisémites, qui escalade en un affrontement physique avec le fabricant de liqueurs juif, Edmund Kantorowicz. Förster et Jungfer accusent Kantorowicz d'agression. Il s'ensuivit une demande de duel, rejetée par Förster, son adversaire n'ayant pas le port d'arme indispensable. Förster reçut le soutien de la presse conservatrice et antisémite, invoquant des irrégularités présumées dans les pratiques commerciales de Kantorowicz et qualifiant ses produits de "schnaps juif". Le 30 août 1881, le procès intenté contre Kantorowicz se termine par un verdict de culpabilité et une peine d'emprisonnement d'un mois, le tribunal ayant conclu que Förster et Jungfer avaient provoqué l'accusé. En appel toutefois, la peine de Kantorowicz est réduite à une amende de 100 marks, Förster et Jungfer sont renvoyés de l'enseignement à cause de leur comportement.

La même année, en 1881, avec Max Liebermann von Sonnenberg, il fonde le l'Association Populaire, en allemand "Volksverein".

Förster s'érige alors en "martyr". Grâce à son réseau politique, il participe à une série de réunions dans tout l'empire Wilhelmien. L'affaire Kantorowicz prend une importance politique. Il est présenté dans la presse quotidienne, au conseil municipal de Berlin et à Chambre des représentants de Prusse, ce qui divise l'opinion publique. Cette affaire est ainsi symptomatique de l'antisémitisme qui se répandait à l'époque contre ce qui était considéré comme "l'establishment juif de Berlin", en particulier par le conseil municipal avec sa majorité de gauche.

Förster fait un voyage en Amérique du Sud et découvre Asunción et le Paraguay. Il imagine alors s'exiler volontairement pour y fonder une colonie idéale, dont les préparatifs justifieront un second voyage en 1883.

Le philosophe Friedrich Nietzsche aurait souhaité un autre mari pour sa sœur, mais le choix d'Elisabeth tomba exactement sur Bernhard Förster. Le 22 mai 1885 Elisabeth Nietzsche épouse Bernhard Förster à Naumburg.

En 1886, ils quittent l'Allemagne pour le Paraguay, avec un groupe de 14 familles et fondent dans la pampa un village baptisé Neuva Germania, inauguré le 23 aout 1887 [4].

Mais l'acclimatation est difficile et les espoirs déchantent. Förster devient tyrannique. Les colons l'abandonnent. L'un d'eux publiera un livre aux effets rédhibitoires sur les dons récoltés en Allemagne.

Ruiné par son échec, il se suicide en absorbant de la morphine et de la strychnine à San Bernardino, le 3 juin 1889[5].

Voir aussi

Notes et références

  1. Cet article est basé sur l'article wikipedia original Bernhard Förster un reportage de la Deutsche Welle https://www.dw.com/de/die-kolonie-nueva-germania-in-paraguay/a-16772434 et l'article https://wochenblatt.cc/die-stadt-des-antisemiten-dr-bernhard-foerster/
  2. (de) Hannu Salmi, « Die Sucht nach dem germanischen Ideal », Also published in Zeitschrift für Geschichtswissenschaft 6/1994, pp. 485-496
  3. Karl Dietrich Bracher, The German Dictatorship, 1970, pp. 59-60
  4. cf https://wochenblatt.cc/die-stadt-des-antisemiten-dr-bernhard-foerster/
  5. Kracht, C. & Woodard, D., Five Years, Vol. 1 (Hanovre: Wehrhahn Verlag (de), 2011).
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