Beny Steinmetz

Beny Steinmetz, né en 1956 à Netanya (Israël), est un homme d'affaires et milliardaire israélien, dirigeant du groupe Beny Steinmez Group Resources, entreprise qui appartient à des sociétés appartenant elles-mêmes à la fondation Balta au Liechtenstein[1] administrée par l'avocat suisse Marc Bonnant.

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Homme le plus riche d'Israël en 2013 avec une fortune estimée à 9 milliards de dollars[2], le magazine Forbes lui prête en mai 2016 une fortune de 1,21 milliard $, et le classe 15e fortune d'Israël et 497e fortune mondiale sur l'année 2015[3].

Biographie

Beny Steinmetz est le fils de Rubin Steinmetz, tailleur de diamants juif polonais émigré en Palestine en 1936[4], et d'Esther Steinmetz, née en Suisse et élevée à Anvers[2]. En 1977, il achève ses trois années de service militaire dans l'armée israélienne et s'installe à Anvers à partir de 1977[2]. Il y rencontre le négociant en diamants Abraham Laub qui va l'aider à lancer ses affaires[5].

Ayant hérité de l'entreprise de diamants de son père, Beny Steinmetz crée le groupe Steinmetz Diamond Group avec son frère Daniel. Dès sa vingtaine, il explore les pays du continent africain (notamment où la corruption est grande) à la recherche de fournisseurs pour l'entreprise familiale[6], grâce à l'aide de l'entreprise De Beers[2].

À la fin des années 1980, il est le premier diamantaire à écouler ses pierres précieuses directement auprès de salles de ventes aux enchères telles que Sotheby's ou Christie's[6]. Dans les années 1990, il est le plus important acheteur de diamants en Angola, puis le plus important investisseur au Sierra Leone[7].

En 1996, il retourne vivre en Israël avec sa famille[5].

En 2002, il rachète la mine de Koidu au Sierra Leone pour 16 millions $[6]. La même année, il met la main sur Batemane, une importante entreprise d'ingénierie sud-africaine spécialisée dans le secteur de l'énergie[8]. En septembre 2004, il rachète avec l'homme d'affaires Dan Gertler la compagnie minière Nikanor (appartenant à la Gécamines) en RDC qui détient d'importants projets d'exploitation de cobalt et de cuivre dont la mine de Kov[9].

Outre les exploitations de diamants, qui lui permettent de contrôler la chaîne de production (de l'extraction à la bijouterie), il se diversifie dans les secteurs du cuivre, du cobalt, du minerai de fer et de l'ingénierie dans les années 2000. Sa société porte le nom de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) mais elle comporte des ramifications compliquées et il n'en est officiellement qu'un « conseiller non exécutif ». Il devient par ailleurs le fournisseur privilégié du joailler Tiffany & Co.. En 2000, la De Beers lui avait confié la taille du Millennium Star, une pierre en forme de poire de 203,4 carats, créée pour célébrer le nouveau millénaire et dont la marraine est l'actrice Sophie Marceau. Il sponsorise l'écurie Jaguar pour des prix de Formule 1 (dont il est passionné), sa compagnie faisant tailler deux diamants de 59,6 carats, d'une valeur de 300 000 euros ; en 2004, lors du Grand Prix de Monaco, il fait placer les pierres à l'avant des deux automobiles mais une des voitures sort de piste et le diamant se perd dans la mer Méditerranée[2].

Beny Steinmetz est installé en Suisse depuis 2010[6],[5], notamment pour des raisons fiscales[2].

En 2013, un diamant rose nommé « Steinmetz Pink » est vendu 83 millions $ aux enchères, diamant qu'il s'est procuré auprès de De Beers dont il est le premier client[6],[7].

Accusation de corruption et de faux dans les titres

En 2008, il rachète les droits sur le plus vaste gisement de fer non exploité du monde à Simandou, en Guinée, transaction dans laquelle il est soupçonné d'avoir corrompu Mamadie Touré (en), quatrième épouse du président guinéen Lansana Conté et influente dans le gouvernement, pour rafler l'exploitation à l'anglo-australien Rio Tinto[6]. Alors qu'il achète les blocs 1 et 2 de l'exploitation pour 165 millions $, il en revend 51 % 18 mois plus tard au géant brésilien Vale pour 2,5 milliards de dollars[1]. Il fait notamment l'objet d'une enquête du FBI et de la justice suisse[2].

En 2013, Steinmetz a été accusé par le journal français "Le Canard Enchaîné" d'avoir engagé des mercenaires français, israéliens et sud-africains afin de renverser le gouvernement de Guinée. Steinmetz a attaqué le journal pour diffamation. Au mois de septembre 2018, étant donné que le journal n'était pas en mesure de prouver l'authenticité de ses sources citées (la CIA et son équivalent français), la cour d'appel a décidé que le journal avait diffamé Steinmetz et sa société. Le journal et le journaliste derrière l'article ont dû payer un total de 50 000 euros ainsi que la publication de corrections dans le Canard Enchaîné et dans trois autres journaux importants[10].

En 2016, dans le scandale des Panama Papers, son nom apparaît dans 282 documents. Les documents exposés ont permis de vérifier que Beny Steinmetz a bien transféré de l'argent à Mamadie Touré dans l'affaire des concessions guinéennes via un complexe réseau de sociétés écran[11].

En mai 2016, un mandat d'arrêt est émis contre lui en Roumanie à la suite d'accusations de corruption de fonctionnaires pour agir en faveur de Paul Lambrino (membre de l’ancienne famille royale) dans une affaire concernant la propriété d'une forêt du nord de Bucarest d'une valeur de 135 millions d'euros[12],[13].

En 2017, il est cité dans le scandale des Paradise Papers[14].

Le 10 mars 2016, Steinmetz a été mis en examen par contumace par la Direction Nationale Anticorruption roumaine, pour le recouvrement illicite de la succession de Paul-Philippe Hohenzollern. Le tribunal de Roumanie a rejeté la demande de mandat d'arrêt.

Le 14 août 2017, Steinmetz a été arrêté à la suite d'une enquête commune de responsables anticorruption israéliens et suisses pour fraude, abus de confiance, corruption, entrave à la justice et faux enregistrement de documents d'entreprise" avec intention apparente de blanchiment d'argent. Il a été libéré avec assignation à résidence le 17 août 2017. Le 27 juin 2019, Steinmetz a été acquitté par le tribunal roumain de toutes les accusations[15].

En 2019, le ministère public genevois saisit le Tribunal correctionnel d'un acte d'accusation contre Beny Steinmetz, Frédéric Cilins son intermédiaire à Conakry[16] et Sandra Merloni-Horemans[17] pour corruption d'agents publics étrangers avec notamment 10 millions de dollars de pots-de-vin versés et de faux dans les titres dans le contexte de l'attribution de licences minières en République de Guinée entre 2005 et 2010[18],[19],[20].La Guinée ne se constitue pas comme partie plaignante au procès après avoir trouvé un accord à l’amiable avec Beny Steinmez Group Resources, Beny Steinmetz[21] devant renoncer à toute prétention sur Simandou mais pouvant se positionner sur Zogota une autre concession minière guinéenne. Cet accord suit de quelques jours la visite en Guinée de Nicolas Sarkozy dans l’avion privé du milliardaire et aux côtés de celui-ci, laissant supposer un rôle d'intermédiaire de l'ancien président français[22].

Son avocat en Suisse est Marc Bonnant[21], par ailleurs administrateur de la fondation liechtensteinoise Balda[6].

Condamnation

En janvier 2021, il est condamné par un tribunal Suisse (Genève) en première instance à cinq ans de prison ferme pour corruption d’agents publics en Guinée[23].

Autres fonctions

Vie privée

Beny Steinmetz est marié à Agnès et père de 4 enfants : Merav (1982), Avner (1984), Michal (1986), et Nadav (1993)[5]. Le couple a créé Agnes & Beny Steinmetz Foundation, une fondation philanthropique d'aide à l'enfance. Nicky Oppenheimer, ancien président de De Beers, fait partie de ses proches connaissances[6]. Beny Steinmetz était résidant à Genève et a quitté cette ville à la suite de la révision de son forfait fiscal en 2016[21] . Il détient la double nationalité française et israélienne[2].

Il est par ailleurs discret médiatiquement[2].

Politiquement, il est proche de l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert[2].

Notes et références

  1. Ian Hamel, « Diamant : le roi quitte son trône », sur Lepoint.fr, (consulté le )
  2. Marc Roche, « À la poursuite du diamantaire », M, le magazine du Monde, semaine du 7 septembre 2013, p. 86-88.
  3. (en) « #1694 Beny Steinmetz », sur Forbes.com (consulté le )
  4. François Soudan, « Rififi à Conakry : qui est Beny Steinmetz ? », sur Jeuneafrique.com, (consulté le )
  5. (en) « About », sur Beny-steinmetz.com (consulté le )
  6. Sylvain Besson, « Beny Steinmetz, la saga d’un roi du diamant assiégé par la justice », sur Letemps.ch, (consulté le )
  7. (en) Jim Armitage, « The king of diamonds, his $83m Star, and a flaw? The Israeli tycoon who dominates the gemstone market is under scrutiny », sur Independent.co.uk, (consulté le )
  8. (en) Tali Tsipori, Gitit Pincas, « Steinmetz mulls floating Bateman International in London », sur Globes.co.il, (consulté le )
  9. (en) Tali Tsipori, « Steinmetz to float African copper mine in London », sur Globes.co.il, (consulté le )
  10. Par Alpha Oumar Diallo, « Guinée: Le Canard enchaîné condamné - BSGR accuse Alpha Condé et Georges Soros », sur allAfrica.fr, (consulté le )
  11. (en) Khadija Sharife, « Panama Papers: Steinmetz Guinea deal pried open », sur Timeslive.co.za, (consulté le )
  12. « Mines : un mandat d’arrêt émis contre Beny Steinmetz et deux autres Israéliens en Roumanie », sur Guineenews.org, (consulté le )
  13. (en) « Beny Steinmetz Among Six Israelis Accused Of Corruption In Romania », sur Jewishbusinessnews.com, (consulté le )
  14. « « Panama Papers » : en Sierra Leone, les diamants de Koidu disparaissent dans les circuits offshore », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  15. (he) « Romanian court acquits Beny Steinmetz », sur en.globes.co.il, (consulté le )
  16. « Qui est Frédéric C., l’agent de BSGR en Guinée? », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne)
  17. Richard Etienne, « La Guinée dans la procédure genevoise contre Beny Steinmetz », TDG, (ISSN 1010-2248, lire en ligne)
  18. Licences minières en Guinée: Beny Steinmetz renvoyé en jugement, Communiqué de presse du Ministère public, 12.08.2019
  19. « Le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz sera jugé en Suisse pour corruption », Le Monde, (lire en ligne)
  20. « Soupçons de corruption en Guinée, opacité à Genève : le groupe Steinmetz sous pression », Public Eye,
  21. Adrià Budry Carbó, « Beny Steinmetz sera jugé pour corruption à Genève », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne)
  22. « Affaire Steinmetz : quand Nicolas Sarkozy joue les intermédiaires d’affaires », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  23. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/01/22/le-magnat-franco-israelien-beny-steinmetz-condamne-a-cinq-ans-de-prison-ferme-en-suisse_6067285_3212.html
  24. (en) « Achievements » (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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