Barbier, Bénard et Turenne

L'entreprise Barbier, Bénard et Turenne, en abrégé BBT, est une société fondée en 1862, spécialisée dans la fabrication des phares, des appareils optiques et des systèmes d'éclairage[1]. Leader mondial dans le domaine des phares à la fin du XIXe siècle, la société se diversifie au XXe siècle mais est dissoute en 1982.

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BBT – Barbier, Bénard et Turenne

Plaque de l'entreprise, sur le phare des Mamelles à Dakar

Création 1862
Disparition 1982
Fondateurs Frédéric Barbier, Stanislas Fenestre
Forme juridique Société anonyme
Siège social Paris
France
Activité Phares, optique, éclairage
Produits Tours de phares, kits, lentilles, chaudronnerie, gaz, projecteurs, lampadaires
Lanterne fabriquée par la société BBT, placée comme objet historique dans une rue de la station balnéaire égyptienne d'El Gouna

Fondation

La société est fondée en 1862, par Frédéric Barbier et Stanislas Fenestre, sous le nom « Barbier et Fenestre ». Elle s'appelle ensuite « Barbier et Cie » à partir de 1887, puis « Barbier et Bénard » à partir de 1889, et prend au début du XXe siècle son nom définitif de « Barbier, Bénard et Turenne ». Elle devient société anonyme en 1919[2],[3].

Production

Les phares

« Barbier, Bénard et Turenne » ou « BBT » commence par se spécialiser dans la réalisation de systèmes optiques pour les phares, selon le système des lentilles de Fresnel[2]. L'entreprise élargit ensuite sa production, en allant de plus en plus loin dans l'équipement des phares. En complément de ses lentilles, elle étend d'abord sa production à divers mécanismes de rotation, notamment à poids, puis à rotation sur cuve à mercure[2]. Ensuite, elle fabrique en plus des bouées, des tours métalliques, des sirènes de brume[2].

BBT en vient ainsi à pouvoir construire les phares dans leur totalité, comprenant la tour, les instruments d'optique et tout l'équipement nécessaire. Elle devient « connue dans le monde entier »[4]. Elle est leader mondial pour la construction des phares à la fin du XIXe siècle[2].

En 1923, l'entreprise met au point le « gaz BBT » qui porte son nom. Ce gaz apporte des améliorations dans la qualité de compression du gaz d'éclairage et dans la sécurité[5].

Diversification

BBT utilise son savoir-faire en optique, en éclairage et en construction pour d'autres débouchés. Elle produit notamment des projecteurs aériens, des détecteurs acoustiques, des projecteurs de stades et d'aérodromes, des lampadaires pour l'éclairage public[2]. Elle achète des licences de scyalitiques pour salles d'opération, des licences de microscopes, de jumelles, de compas magnétiques[2].

Implantations

Les ateliers sont d'abord situés à Paris, à proximité du canal de l'Ourcq[4]. Ensuite BBT ne conserve que son siège à Paris, les usines étant implantées à Nazelles (Indre-et-Loire) et à Blanc-Misseron (Nord)[2]. Puis BBT installe en plus des usines spécialisées : pour la grosse chaudronnerie, pour la fabrication de lampadaires, et pour la production de son gaz avec deux unités à Sfax et à Marseille[2],[5]

Les grandes étapes du développement de BBT et sa concurrence

[6]En 1939, 75 % des phares maritimes de grand atterrage du monde provenait de trois sociétés françaises. La France était un grand pays industriel depuis le Second Empire et cela semblait normal. De ces trois sociétés, Henry Lepaute, horloger du roi, Sautter-Harlé, issue de la banque protestante, et BBT, seule BBT devint un généraliste de l'optique puisque BBT créa progressivement des divisions pour la plupart des applications de l'optique : balisage maritime et aérien, projecteurs, armement, éclairage chirurgical avec le fameux "scialytique", instrumentation de bord marine et aviation, éclairage public, optique civile grand public, entreprise et médicale. Dès 1907, BBT se lança dans la chaudronnerie lourde à Blanc-Misseron, près de Valenciennes - dans le Nord - pour proposer à ses clients mondiaux des systèmes complets de balisage intégrant les lanternes et les tours de phares, les pylônes, les corps de bouées rivetées puis soudées ou les bateaux feux. Vu cette implantation au cœur des bassins miniers du Nord, BBT se lança aussi dans le matériel de mines et plus tard dans les raffineries et devint l'un des ténors de la construction mécanique aux côtés des plus grands. Cette diversification fit de BBT un acteur de premier plan pour l'installation "clés en mains" des systèmes de balisage maritime des empires (Empire ottoman en 1901, Empire portugais en 1934). En 1934, BBT racheta la filiale française de Zeiss et eut accès à la technique des meilleurs ingénieurs allemands. Dans les années 1930 furent créées les filiales pour la Belgique, les USA, le Royaume Uni, la Pologne, la Roumanie. Après-guerre d'autres sociétés virent le jour pour l'Italie, l'Espagne, le Brésil, l'Algérie. BBT était devenu un groupe international, un généraliste de l'optique. Les difficultés que connut en France le secteur des constructions mécaniques et de la chaudronnerie lourde obligèrent BBT à se séparer de Blanc-Misseron qui fut vendu en 1974 à Bignier Schmitt Laurent (BSL) pour construire des citernes en acier inoxydable. En 1981, la cession à CIT-Alcatel de la Société Parisienne des Anciens Établissements Barbier, Bénard et Turenne marqua le début du démantèlement du groupe. CIT-Alcatel vendit les différentes branches, seule l'activité d'opto-électronique l'intéressant pour la rapprocher de Cilas-Alcatel qui œuvrait dans les lasers.

Dissolution

CIT Alcatel reprend l'activité de production militaire, de télescopes optiques et au laser. La société BBT est dissoute en 1982[2].

Notes et références

  1. Notice descriptive Barbier Bénard Turenne (BBT), état des fonds BBT et inventaire du fonds BBT de l'École des Ponts ParisTech consultables sur la Bibliothèque des phares. “BBT,” Bibliothèque des Phares, consulté le 21 mai 2014, http://bibliothequedesphares.fr/acteurs/BBT.
  2. École des Ponts ParisTech, site enpc.fr, [PDF] « Barbier Bénard Turenne (BBT), notice historique ».
  3. Jacques Thobie, L'administration générale des phares de l'Empire ottoman et la société Collas et Michel, 1860-1960, L'Harmattan, 2004, p. 12.
  4. Louis Le Cunff, Feux de mer, Ancre de Marine Editions, 1992, p. 75.
  5. Site du Ministère de la Culture, « Les grands phares du littoral de France, objets et matériels techniques et scientifiques : les systèmes à gaz ».
  6. Philippe Bénard, Une aventure industrielle française BBT, 1862-1984 : De l'optique des phares maritimes à l'optique spatiale, Paris, Editions du Palio, , 361 p. (ISBN 978-2-35449-071-3), Résumé du livre (partiel)
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