Banat de Bosnie

Le banat de Bosnie fut un État médiéval des Balkans entre 1154 et 1377, vassal du royaume de Hongrie. Il prend son indépendance vis-à-vis de la Rascie vers 1154.

Banat de Bosnie
(bs) Banovina Bosna

1154  1377
223 ans, 9 mois et 25 jours

La Bosnie de 1154 à 1391.
Informations générales
Statut Ban
Capitale Bobovac et Visoko
Langue(s) Bosnien
Histoire et événements
1154 Scission de la Rascie, Ban Borić premier Ban de Bosnie
Couronnement de Tvrtko Ier
Ban
(1e) 1154 - 1163 Ban Borić
(De) 1353 - 1377 Tvrtko Kotromanić

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Histoire

En 1136, Béla II de Hongrie envahit la Bosnie pour la première fois et crée le titre de ban de Bosnie, à l’origine uniquement en tant que titre honorifique pour son héritier Ladislas II de Hongrie.

Durant le XIIe siècle, les souverains en Bosnie ont progressivement gagné en autonomie vis-à-vis de la Hongrie ou de Byzance. En réalité, ces puissances étrangères avaient un faible contrôle effectif de ces régions alors montagneuses et périphériques. En particulier, ban Borić apparaît comme une figure majeure de la région lorsqu’en 1154 il est l’allié du roi de Hongrie. Il participa aux offensives contre les Byzantins aux côtés de la Hongrie et de la Rascie (Serbie), atteignant le plus au sud la ville de Braničevo.

Le règne de ban Kulin

L’empereur Byzantin Manuel Ier Comnène s’empare de la Bosnie en 1166 et nomme Kulin, un Bosnien, au poste de gouverneur du banat. Kulin, qui fut ainsi le deuxième ban de Bosnie, parvint à libérer la Bosnie de l’influence byzantine en s’alliant à Béla III de Hongrie, Miroslav Zavidović, prince de Hum (aujourd’hui Herzégovine et Dalmatie) et Stefan Nemanja de Rascie (Serbie) avec qui il mena avec succès en 1183 une guerre contre Byzance. La Bosnie s’est assurée la paix bien que demeurant vassale de la Hongrie.

Le règne de ban Kulin marqua profondément l’Histoire de la jeune Bosnie. En 1189, ban Kulin émit le premier document écrit bosnien — en cyrillique bosnien — au sujet des relations commerciales avec la ville de Raguse (aujourd’hui Dubrovnik). Le règne de ban Kulin est également marqué par l’accueil des bogomiles chassés de Rascie (Serbie). Le bogomilisme, hérésie dénoncée aussi bien par l’Église d’Occident que l’Église d’Orient, fut un important facteur de développement identitaire en Bosnie, à une époque où celle-ci était sous influence hongroise à l'ouest, serbe à l'est.

En 1203, afin de reprendre pied en Bosnie et d’y mener croisade, les Hongrois tentèrent de démontrer auprès du pape que le royaume de Bosnie était un foyer d'hérésie, accusation confortée par le fait que les bogomiles y trouvèrent asile. Ban Kulin réunit alors une assemblée et protesta de sa fidélité à Rome le en présence d'un envoyé du pape tandis que les fidèles abjuraient leurs erreurs et s'engageaient à suivre la doctrine catholique romaine. Néanmoins, les ambitions de la Hongrie demeurèrent intactes longtemps après la mort de ban Kulin en 1204.

La politique de ban Kulin fut pauvrement prolongée après sa mort par son fils et héritier, ban Stjepan Kulinić, qui ancra le pays dans le giron de l’Église Catholique. Il fut finalement déposé en 1232.

Le temps des guerres et des croisades

Les chefs religieux de Bosnie, qui voyaient d’un mauvais œil l’influence de Rome, remplacèrent donc par la force ce dernier et installèrent à sa place un noble, Matej Ninoslav, ban jusqu’en 1250. Ce renversement provoqua une dégradation des relations avec la Rascie (Serbie) compte tenu des liens entre ban Stjepan Kulinić et la dynastie Nemanjić. Ban Ninoslav, bien que fervent catholique comme ces prédécesseurs, s’opposa progressivement à l’ingérence de Rome. À la même époque, le cousin de ban Ninoslav, Prijezda, se reconvertit au catholicisme après une courte parenthèse bogomile.

En 1234, le roi André II de Hongrie céda le banat de Bosnie au Herceg Coloman de Galicie. De surcroit, le légitime héritier de la maison de Kulinić au titre de ban, Sibislav, prince d’Usora, fils de ban Stjepan Kulinić, attaqua les positions de ban Ninoslav afin de reprendre le contrôle du territoire. Le pape Grégoire IX remplaça en 1235 l’évêque bosnien qu’il considérait comme hérétique par Johannes von Wildeshausen, alors grand maître de l’Ordre des frères pêcheurs, et canonisé après sa mort. Il confirma également Coloman de Galicie en tant que légitime ban de Bosnie. Les croisés emmenés par l’évêque Johannes von Wildeshausen et Coloman de Galicie envahirent la Bosnie et y menèrent une guerre de plusieurs années. Cette guerre profita au ban Matej Ninoslav puisque seul le Comte Sibislav d’Usora prit le parti du pape.

Tombes Bogomiles près de Stolac, Herzégovine

Le ban Ninoslav émit un édit en direction de Raguse statuant qu’il plaçait cette dernière sous son protectorat dans le cas d’une attaque serbe par le roi Stefan Vladislav. Le soutien de Raguse était alors essentiel au ban Ninoslav. Cet édit était également une réponse aux très mauvaises relations entre la Bosnie et la Rascie, puisque contrairement à l’alliance traditionnelle, les Serbes n’envoyèrent aucune aide au ban. Coloman de Galicie donna par la suite le titre de ban au cousin du ban Ninoslav, Prijezda.

En 1241, les Tatars envahirent la Hongrie ce qui contraignit Coloman de Galicie à quitter la Bosnie. Le ban Ninoslav en profita pour reprendre le contrôle effectif du pays tandis que Prijezda s’exilait en Hongrie.

L’édit envers Raguse fut réémis en 1244. Le ban Ninoslav prit part au conflit interne à la Croatie, entre Trogir et Split, en soutien à cette dernière. Le roi Béla IV de Hongrie fut déçu par cette prise de position, la considérant comme une conspiration et envoya un contingent en Bosnie. Le ban Ninoslav réussit néanmoins à obtenir la paix avec le voisin hongrois. En 1248, le ban Ninoslav sauva habilement la Bosnie d’une nouvelle croisade papale réclamée par l’archevêque de Hongrie.

Les fils du ban Ninoslav s’affrontèrent après sa mort pour le titre mais le roi de Hongrie réussit réinstaller Prijezda en tant que ban de Bosnie, de 1250 à 1287.

Le conflit entre les Kotromanić et les Šubić

Vers 1252 le pape Innocent IV décida de placer l'évêché de Bosnie sous la juridiction hongroise de Kalocsa, mais cette décision déboucha sur un schisme, les catholiques bosniaques refusant de se soumettre à cette décision et rompant de fait les liens avec Rome. Le ban Prijezda persécuta alors sévèrement l’Église de Bosnie. Prijezda Ier est probablement le fondateur de la dynastie des Kotromanić.

À son retrait du pouvoir en 1287, ses fils se partagent la Bosnie. Le ban Prijezda II mourut en 1290 et ses terres revinrent à son frère, le ban Étienne Ier Kotroman.

La succession délicate sur le trône de Hongrie en 1290, installant la dynastie des Capétiens d’Anjou, avive les tensions dans la région, et notamment entre le ban Étienne Ier Kotroman et la noblesse croate. En 1297, le Pape Boniface VIII désigna Charles Robert, alors âgé de douze ans, comme roi de Hongrie sous le nom de Charles Ier. Paul Ier Šubić, un riche noble croate, se déclara alors lui-même Dominus de Bosnie en 1299 et il accorda le titre de ban de Bosnie à son frère Mladen Ier Šubić. Tout le territoire autrefois contrôlé par Kotroman, à l'exception de la région de Donji Kraji (près de l'actuelle ville de Banja Luka), fut placé entre les mains du prince Hrvatin Stjepanić, un vassal des Šubić, la dynastie contrôlant ainsi la plus grande partie de la région.

Le banat de Bosnie en 1373, peu avant la création du royaume.

Étienne Kotroman a tout fait pour résister à la montée en puissance des Šubić en Bosnie mais, vers 1302, il dût remettre le contrôle de la région au ban Mladen Ier Šubić. En dépit des difficultés, Kotroman avait réussi à résister mais la guerre se transforma peu à peu en conflit religieux, Mladen Šubić ayant engagé une campagne visant à exterminer les Bogomiles de Bosnie. Cette orientation du conflit joua en faveur de Kotroman, rejoint par de nombreux adeptes de l'hérésie. C’est en combattant les Bogomiles que le ban Mladen Ier Šubić est tué dans un combat en . Le ban Étienne Ier Kotroman mourut en 1314, avant d'avoir rétabli son autorité sur la Bosnie. La dynastie bosnienne Kotromanić lui doit son nom.

À la mort de Mladen Ier Šubić, son frère Paul Ier Šubić mène une expédition afin de vaincre la résistance des Bosniaques, à la suite de laquelle il s’attribue le titre de « Seigneur de toute la Bosnie » (totius Bosniae dominus). Son fils, Mladen II Šubić fut ban de Bosnie dès lors, bien que sous la suzeraineté de son père jusqu’en 1312. Afin de restaurer le calme en Bosnie il cède en 1320 le titre de ban à Stjepan II Kotromanić, le représentant de la dynastie rivale.

Le ban Stjepan II Kotromanić (Ban de 1322 à 1353) utilisa pour la première fois le terme « bosnien » pour décrire sa langue dans une lettre datée de 1333. Le ban se convertit finalement au catholicisme en 1347.

Vers le milieu du XIVe siècle, la Bosnie atteint son apogée sous le règne du ban Tvrtko Kotromanic au pouvoir de 1353 à son couronnement en 1377. La fin du banat marque le début du royaume de Bosnie.

Notes et références

    Articles connexes

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