Ballade en vieil langage Françoys
La Ballade en vieil langage Françoys est un poème de François Villon. Faisant suite à la Ballade des dames du temps jadis et à la Ballade des seigneurs du temps jadis, elle clôt le triptyque des ballades qui occupe le centre de son Testament.
Elle a été rédigée en « vieil langage françoys », c'est-à-dire en ancien français. Or Villon s'exprimait en moyen français. Il utilise donc un parler que ses contemporains ne pratiquaient plus.
Titre
Plusieurs éditions indiquent Autre ballade à ce propos en vieil langage françois, ce qui laisse entendre qu'elle se rattache aux deux précédentes. L'auteur lui-même n'indique pas de titre.
Thème
Comme dans la Ballade des seigneurs du temps jadis, François Villon reprend le thème du tempus fugit et, surtout, de l'ubi sunt.
Le refrain Autant en emporte ly vens fait référence à l'Ancien Testament : Et turbo quasi stipulam auseret, c'est-à-dire Et la tempête les emportera comme le chaume[1].
La traduction du titre du livre Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell paru chez Gallimard en 1939 a été trouvée par Jean Paulhan dans le refrain de cette ballade de François Villon[2].
Forme
Il s'agit d'une ballade, forme la plus fréquente dans l’œuvre de Villon. Utilisant l'octosyllabe, elle obéit aux règles de composition suivantes :
- trois huitains suivis d'un quatrain nommé envoi ;
- trois rimes en A, B et C ;
- les rimes sont disposées en ABABBCBC dans les huitains et en BCBC dans l'envoi.
Texte et transcription
Voici le texte[3] et sa transcription en français moderne :
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Car, ou soit ly sains apostolles, |
Car même sa sainteté le pape |
Notes et références
Notes
Les traductions proviennent du Lexique de l'Ancien français de Frédéric Godefroy (Librairie Honoré Champion, éditeur).
Vers 1 : ly sains apostolles : le saint apôtre, c'est-à-dire le pape.
Vers 2 : amys : pièce de vêtement liturgique, placée sur le cou et les épaules de l'officiant.
Vers 3 : dans la liturgie catholique, l'étole est mise après l'amict.
Vers 4 : mauffez : le diable, le mauvais.
Vers 5 : mal talent : désir mauvais.
Vers 6 : cils : celui-là (cas-sujet du pronom démontratif au masculin singulier).
Vers 7 : bouffez : soufflés.
Vers 8 : Pierre de La Rue, ayant vécu après ou légèrement contemporain de François Villon, aurait composé une chanson à quatre voix intitulée Autant en emporte le vent. On peut se demander si c'est l'expression apparemment déjà courante à l'époque, ou l’œuvre de François Villon qui l'a inspiré. François Rabelais cite les deux auteurs dans Le Quart Livre.
Vers 10 : l’empereur aux poignets ceints de bracelets en or rappelle les souverains byzantins. La référence renvoie peut-être au Grand schisme d'Orient de 1054, par relation (ou opposition) avec le huitain précédent et le pape Calixte III, cité dans la Ballade des seigneurs du temps jadis.
Vers 18 : un dauphin est cité au vers 25 de la Ballade des seigneurs du temps jadis. Il s'agit probablement de Robert II, dauphin d'Auvergne et comte de Clermont.
Vers 21 : Dijon, Salins et Doles : villes de Bourgogne (Dijon) et de la Franche-Comté voisine (Salins-les-Bains et Dole). On notera l'imperfection de la rime avec Grenobles.
Vers 21 : privez : familiers, intimes.
Vers 22 : poursuivans : semblables, de même qualité.
Vers 27 : courciez : affligés.
Vers 27 : attinez : irrités.
Références
- (fr) « L'Ancien testament et la langue française du Moyen Âge (VIIIe-XVe siècle): étude sur le rôle de l'élément biblique dans l'histoire de la langue des origines à la fin du XVe siècle »
- « Les éditions Gallmeister offrent une deuxième vie à "Autant en emporte le vent" », sur LExpress.fr, (consulté le )
- d'après les éditions de Thuasne (1923) et Longnon-Foulet (1932)
Articles connexes
- œuvres principales de Villon : le Lais et le Testament ;
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