Autoportrait (Vélasquez)

L'Autoportrait en buste du musée des beaux-arts de Valence est une huile sur toile de Velázquez peinte vers 1640 et qui est, avec Les Ménines un des seuls autoportrait du peintre qui soit conservé. Il appartient à l'Académie royale des beaux-arts de San Carlos Valence depuis 1835 lorsqu'il fut légué par Francisco Martínez Blanch. Il se trouve actuellement en dépôt au musée avec le reste de cette collection.

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Histoire du tableau

L'autoportrait aurait été acquis à Séville en 1728 par la reine Élisabeth Farnèse qui l'aurait donné à Farinelli, mais Francisco Martínez Blanch met en doute ce parcours. Au dos de la toile est inscrit « Soy de Farinelo » : il s'agit probablement de Carlo Brioschi Farinelli qui avait pu acquérir la toile durant son séjour en Espagne entre 1737 et 1759. Après sa mort, la toile passa dans les collections du Vatican en 1788 dont elle fut sortie par les troupes napoléoniennes quelques années plus tard. L'année suivante elle fut acquise par José Martinez, consul d'Espagne à Livourne qui tenta de la vendre à Madrid. De retour en Italie, le tableau fut acquis par Francisco Martínez Blanch, consul d’Espagne à Nice, qui en 1835 le donna à l’Académie des beaux-arts de San Carlos.

La toile fut recoupée – sans qu'on puisse savoir de combien – mais son état de conservation est bon après ses dernières restaurations effectuées en 1986 dans les ateliers du musée du Prado par Rocío Dávila. Ces travaux permirent de confirmer la paternité de Vélasquez sur la toile qui avait été mise en doute par certains spécialistes à cause de la saleté qui recouvrait la toile[1]. La toile ne présente pas de repentis mais des rectifications sur les différentes touches de lumière[2]

Notes historiques sur les autoportraits de Vélasquez

La première note à propos d'un autoportrait de Vélasquez fut donnée par le beau-père et maître du peintre, Francisco Pacheco, qui affirmait avoir avec lui un « fameux » autoportrait de son gendre peint en Italie en 1630 « à la manière du grand Titien, et (s'il est permis de parler comme ça) il n'est pas inférieur à ses têtes[3] ».

Vélasquez avait alors 41 ans, ce qui ne semble pas correspondre au portrait de Valence, ni à aucune de ses copies ou dérivés. La documentation ancienne parle d'autres autoportraits de Vélasquez ; l'un d'eux est mentionné dans l'inventaire des biens laissés par le peintre à sa mort en 1660, avec comme indication que le vêtement avait été laissé inachevé, ce qui laisse penser qu'il s'agit du même autoportrait que celui mentionné par Pacheco, bien qu'il soit impossible de l'établir avec certitude.

Copie de l’autoportrait de Velázquez, huile sur toile, 103,5 × 82,5 cm, Florence, Galerie des offices (attribuée à Vélasquez, mais rejeté par l'ensemble de la critique).

Un autre autoportrait est mentionné en 1642 dans la collection du duc de Sanlúcar, marquis de Leganés, où il est décrit comme « un portrait à mi-corps du peintre Vélasquez, de sa main avec une aune de haut et une autre de large », cité de nouveau et dans les mêmes termes en 1655 dans l'inventaire des biens du marquis à sa mort[4]. L'autoportrait du marquis de Leganés pourrait être lié à la toile conservée à la Alte Pinakothek de Munich. C'est un buste large avec une médaille héraldique qui semble être une copie de la croix de l'ordre de Santiago ajoutée post mortem, et dont la figure ressemble beaucoup au portrait de Valence, bien que Vélasquez y soit un peu plus jeune.

L'ambassadeur du duc de Modène à la cour de Philippe IV acquit à Madrid entre 1641 et 1643 une série de toiles sur les conseils de Vélasquez qui réalisa également le portrait de François Ier d'Este et qui figure dans l'inventaire de Cesare Ignazio d'Este comme toile de Vélasquez aux mains ébauchées « Ritratto di Monsu Velasco [...] qual figura ha le mani solo abbozzate ». Une copie ou dérivé de cet autoportrait qui appartint au duc de Molène a pu être le portrait du peintre qui apparaît avec plus de la moitié du corps, avec une épée, des gants et la clef de valet de chambre attachée à un ruban, et qui est conservée à la Galerie des offices. C’est une œuvre de l'atelier de Vélasquez dont la tête est similaire à l’autoportrait de Valence et qui a pu être peint pour servir de modèle pour des copies réalisées par ses aides. L'élégante attitude et l'absence d'éléments caractéristiques de la fonction de peintre, remplacés par les clefs et l'épée, transforment cet autoportrait en un manifeste en faveur du prestige social auquel pouvait aspirer le peintre.

Un autre autoportrait, propriété du marquis d'Eliche, fut acquis à Madrid en 1689 par l'ambassadeur de Florence, Cosimo da Castiglione pour son maître, le duc Cosme III de Médicis. Castiglione disait que c'était « una testa vantaggiosissima pittoresca e bella » à laquelle il ne manquait que la certitude que ce fut de la main de Vélasquez pour l'acheter, ce dont il fut probablement convaincu puisque dans une lettre écrite à Madrid le , il annonçait son achat. Cette « tête » est probablement celle de l'« autoportrait » en buste, qui loin d'être un autoportrait sorti des pinceaux d'un modeste suiveur de Vélasquez, mais qui est également conservé à la Galerie des offices. Il possède un grand col blanc qui retombe sur les épaules, contrairement à tous les autres autoportraits[5]

Certaines critiques ont tenté de voir des autoportraits du peintre dans certaines de ses toiles historiques, telles que l’Adoration des Mages de 1619 ; La Reddition de Breda, dans le Portrait d'homme de vers 1623 du musée du Prado et dans des huiles à la paternité discutées conservées aux musées du Capitole de Rome.

Interprétation en gravure

L'autoportrait a été interprété au XIXe siècle par le graveur Jacques Étienne Pannier (1802-1869)[6].

Références

  1. Brown (2008), Escritos completos sobre Velázquez, p. 245-249.
  2. Garrido, pp. 524-525.
  3. Pacheco, Arte de la Pintura, pp. 208 y 532.
  4. José López Navío, « La gran colección de pinturas del marqués de Leganés », Analecta Calasanctiana, Madrid, no 8,
  5. Jonathan Brown, « Velázquez, Rubens y Van Dyck », Catalogue de l'exposition, Musée du Prado, no 1, , p. 112-114
    pour Brown, cependant, cette tête pourrait être également l'autoportrait de 3/4 avec épée également conservée à la Galerie des offices de Florence
  6. Fogg Art Museum, Cambridge (Massachusetts), Jacques Étienne Pannier dans les collections

Bibliographie

  • Jonathan Brown, Velázquez. Pintor y cortesano, Madrid, Alianza Editorial, , 322 p. (ISBN 978-84-206-9031-5)
  • Jonathan Brown, Escritos completos sobre Velázquez, Madrid, Centro de Estudios Europa Hispánica, , 449 p. (ISBN 978-84-936060-5-3, OCLC 237177658)
  • « Velázquez, Rubens y Van Dyck », Catalogue de l'exposition, Madrid, Musée du Prado, (ISBN 84-8731-786-3, OCLC 43284457)
  • (es) Julián Gállego, Velázquez. Catálogo Museo del Prado. Exposición enero-marzo 1990, Madrid, musée du Prado, , 467 p. (ISBN 978-84-87317-01-9), « Catálogo »
  • Carmen Garrido Pérez, Velázquez, técnica y evolución, Madrid, musée du Prado, , 613 p. (ISBN 978-84-87317-16-3)
  • José López-Rey, Velázquez. Catalogue raisonné, vol. II, Cologne, Taschen Wildenstein Institute, , 328 p. (ISBN 978-3-8228-8731-8, lire en ligne)
  • Miguel Morán Turina et Isabel Sánchez Quevedo, Velázquez. Catálogo completo, Madrid, Ediciones Akal SA, , 270 p. (ISBN 978-84-460-1349-5, présentation en ligne)
  • Francisco Pacheco (préf. Bonaventura Bassegoda), El arte de la pintura, Madrid, Cátedra, , 782 p. (ISBN 978-84-376-0871-6)

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