Asiento
Les Espagnols ne pratiquaient pas la traite des Noirs directement ; ils avaient fait le choix de confier celle-ci à d'autres pays (Portugal, Provinces-Unies, France, Angleterre, etc.), l'exercice de ce droit se faisant contre le paiement d'une redevance. Cette pratique s'appelle l'asiento. Les autres puissances européennes n'avaient pas recours à cette pratique.
L'asiento a en fait un sens plus large en droit public espagnol. Les asientos de la monarchie espagnole concernent tous les aspects de la vie économique du pays. Il s'agit en réalité d'un contrat administratif dans lequel un particulier ou une société s’engage à accomplir à la place de l'État un service public en échange d'une redevance. Il est possible de revendre ou de sous-traiter une partie de ce privilège.
Il existe donc des asientos pour tous types de produits coloniaux, mais l'asiento des esclaves, destiné à fournir l'Amérique latine en main d'œuvre, est de loin le plus important. En effet, l'importance de ce marché explique la concurrence entre les grandes compagnies européennes pour détenir ce privilège aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Débuts de l'asiento
Charles Quint autorisa officiellement l'importation des Noirs pour les colonies d'Amérique en 1519. Il prévoyait un monopole d'État et des concessions aux particuliers.
Le Portugal
Dans un premier temps, un asiento fut une concession ou une vente ponctuelle à un particulier. Le Portugal, qui était une puissance maritime de premier plan et le maître des principales factoreries africaines, fut le premier pays à bénéficier de l'asiento[1].
La Hollande
Les Provinces-Unies prirent le relais du Portugal et conservèrent l'asiento jusqu'à la fin du XVIIe siècle[1].
La France
Philippe V d'Espagne concéda l'asiento à Louis XIV en 1701. Le royaume de France le conserva jusqu'en 1713[1]. La Compagnie de Guinée qui avait en charge l'asiento, avait pour actionnaires des financiers de premier plan comme Samuel Bernard et Antoine Crozat ainsi que des commerçants malouins.
L'Angleterre
Les traités d'Utrecht de 1713 firent de l'Angleterre, pour une durée de trente ans, la bénéficiaire du monopole de l’asiento qu'elle concéda aussitôt à la Compagnie des mers du Sud (South Sea Company). Celle-ci assura l’asiento de 1713 à 1759[1]. Parmi les actionnaires de la Compagnie, on trouvait tout l'establishment anglais. Entre 1739 et 1748 eut lieu la guerre de l'Asiento (son nom espagnol) qui eut pour base le désir de la compagnie (et des armateurs indépendants) d'augmenter leur commerce avec les colonies espagnoles, en dépit de la réglementation.
Fin de l'asiento
Les investissements extrêmement importants que nécessitait le commerce triangulaire, couplé à une mauvaise gestion des grandes compagnies font que l'asiento n'est plus vraiment rentable à partir des années 1720. On assiste ainsi à un assouplissement général des monopoles commerciaux, et à une montée des initiatives privées. La contrebande, de plus en plus importante, met à mal le système. En 1817, l'Espagne adhère à l'abolition de la traite des Noirs, ce qui marque la fin officielle de l'asiento, déjà en désuétude depuis plusieurs années.
Notes et références
- Laurent Carroué, Didier Collet et Claude Ruiz, Les Amériques, Rosny-sous-Bois, Editions Bréal, coll. « Histoire, géographie, géopolitique du monde contemporain », , 302 p. (ISBN 978-2-7495-0530-5, lire en ligne), p. 34
Voir aussi
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