Arc de triomphe de Maximilien

L'Arc de triomphe de Maximilien, en allemand : Ehrenpforte Maximilians des Ersten, est une gravure de grande dimension commandée par l'empereur Maximilien Ier en 1512, réalisée par Albrecht Dürer, Johannes Stabius, Hans Springinklee, Wolf Traut, Albrecht Altdorfer et Hieronymus Andreae.

L'Arc de Triomphe par Albrecht Dürer (1515), impression de 1799, 354 x 298,5, National Gallery of Art.
Detail du pinacle, impression coloriée à la main.
Exposé au British Museum
Partie la plus à gauche de huit gravures du Grand Char triomphal.

Conception

L'architecture générale du monument est conçue par l'architecte et peintre de Cour Jörg Kölderer et élaborée par l'historien et mathématicien Johannes Stabius sur le modèle des arcs de triomphe de la Rome antique, bien que Maximilien n'eût pas dans l'idée de le faire bâtir. Il a peut-être été inspiré par Vue de Venise, une vue à vol d'oiseau d'une gravure de six blocs de Jacopo de' Barbari et publiée par Anton Kolb à Nuremberg, les deux étant au service de Maximilien aux alentours de 1500. Des dessins préparatoires détaillés sont créés entre 1512 et 1515, principalement par Dürer et ses élèves, Hans Springinklee et Wolf Traut : les tours rondes sur les côtés sont attribuées à Albrecht Altdorfer[1].

L'ensemble comprend trois arches : l'arche centrale est nommée Honneur et puissance (Pforte der Ehre und Macht), à gauche Éloge (Pforte des Lobes), et à droite Noblesse (Pforte des Adels). Chaque arche comporte une représentation de l'empereur Maxilimien, ainsi que, au-dessus de l'arche centrale, un arbre généalogique flanqué d'écus qui remonte à Clovis, roi des Francs, à une mythique Francie, aux Sicambres et à Troie, et également douze scènes historiques au-dessus de chaque arche latérale. À gauche, des bustes représentent des empereurs et des rois dont Jules César et Alexandre le Grand, et à droite les ancêtres de Maximilien. Les tours de chaque côté montrent des scènes de la vie privée de l'empereur. En bas à droite s'alignent les trois armoiries de Stabius, Kölderer et Dürer. De nombreux blocs comportent un texte explicatif et une longue inscription à la base décrit l'ensemble. Y sont inclus des glyphes, inspirés de la traduction par Willibald Pirckheimer des Hieroglyphica d'Horapollon.

Composition

Elle est imprimée sur 36 grandes feuilles de papier à l'aide de 195 formes de bois gravé, l'ensemble mesure 295 cm sur 357[2] et est une des plus grandes gravures réalisées dans l'Europe de la Renaissance. Elle est tout d'abord destinée à être collée aux murs des résidences princières[1].

Elle fait partie d'une série de trois grandes gravures créées pour Maximilien, les deux autres étant La Procession triomphale (Der Triumphzug, 1516 - 1518, 137 blocs de bois, 54 mètres de long) et Le Grand Char Triomphal de l'Empereur Maximilien Ier (Der große Triumphwagen, 1522, 8 blocs, 244 x 46). Seul l'Arc de triomphe est achevé du vivant de Maximilien et diffusé pour étendre sa renommée et contribuer à sa grandeur. En effet, l'empereur n'accepte le projet final qu'en et, avec son décès en 1519, l'ensemble ne sera pas achevé[3].

Les gravures comportent deux biographies allégoriques en vers, Theuerdank et Weißkunig, illustrée de gravures.

Ces gravures composites conçues pour décorer les murs sont une caractéristique du début du XVIe siècle, même si un tel usage compromet leur conservation. Les impressions étaient destinées à être coloriées à la main, mais seuls deux exemplaires de la 1re édition avec les couleurs d'époque sont conservés à Berlin et Prague[4].

Achèvement et éditions

Sur deux blocs, la gravure est datée de 1515, indiquant l'achèvement de l'œuvre de gravure, excepté pour le 24e bloc resté vierge car destiné à représenter la tombe de Maximilien. La gravure des formes a été effectuée entre 1515 et 1517 par Hieronymus Andreae de Nuremberg et sans doute son atelier. Une première édition a lieu vers 1517-1518 en 700 exemplaires, offerts pour la plupart par Maximilien à des villes et des princes du Saint-Empire. Certains se trouvent dans les cabinets des estampes du British Museum, de l'Albertina, du Musée du Louvre (collection E. de Rothschild) et de divers musées dont Berlin et Prague.

Vers 1526-1528, une deuxième édition de 300 exemplaires est autorisée par Ferdinand Ier, petit-fils de Maximilien et futur empereur, puis une troisième en 1559 par son fils Charles II. Des impressions séparées des scènes de la vie de Maximilien sont effectuées en 1520 juste après sa mort[1]. Une autre impression de la Hofkirche d'Innsbruck, érigée en la mémoire de Maximilien, est réalisée pour figurer sur le 24e bloc. Une quatrième édition est publiée par Adam Bartsch à Vienne en 1799, beaucoup de panneaux montrant une usure importante ; certains manquants sont remplacés par des eaux-fortes de Bartsch lui-même, dont la Bataille d'Utrecht, le couronnement de Maximilien et le Premier Congrès de Vienne ; le 24e bloc présente une nouvelle Bataille de Pavie. L'édition suivante a lieu en 1886.

171 blocs de bois originaux sont conservés à l'Albertina.

Notes et références

  1. Bartrum, (1995), 51
  2. (en) « Albrecht Dürer and others, The Triumphal Arch, woodcut », sur British Museum (consulté le )
  3. Alain Borer, L'œuvre gravé de Albrecht Dürer, Bookking International, Paris, 1994, p. 360.
  4. Bartrum, (2002), 138

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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