Antiochos Hiérax

Antiochos Hiérax (l'« Épervier »), né vers 259 et mort en 226 av. J.-C., est un prince et usurpateur séleucide. Il lutte dans une guerre fratricide contre Séleucos II afin de conserver le contrôle de l'Anatolie.

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Biographie

Accession au pouvoir

Fils cadet d'Antiochos II et de Laodicé Ire, il a treize ans à la mort de son père, en 246 av. J.-C. Cette mort, potentiellement organisé par son épouse[1] constitue une cause majeure de la troisième guerre de Syrie. Un an plus tard, probablement sous l’influence de sa mère[2], il exige de son frère aîné Séleucos II la possession des provinces anatoliennes. Antiochos déclare rapidement son indépendance pour élargir son territoire et son autorité. Il y gagne son surnom de Hiérax, l'« Épervier ». Séleucos II, en difficulté face aux forces lagides, accepte de lui confier l'Anatolie probablement sous la forme d'une corégence. Mais il aurait cherché à obtenir la royauté tout entière, encouragé en cela par sa mère[3].

Guerre fratricide

En 241 av. J.-C., ayant fait la paix avec l'Égypte lagide, Séleucos II tente de recouvrer les territoires abandonnés. En réaction, Antiochos Hiérax s'allie à Mithridate II du Pont et Ariarathe III de Cappadoce pour constitue une vaste coalition d’États anatoliens, composée de la Cappadoce, de la Bithynie, de Pergame et fait appel à de nombreux mercenaires Galates. Après avoir subi un premier échec en Lydie, il décime l'armée de son frère à Ancyre vers 240-239[4]. Il règne dès lors sur l'Anatolie, où il frappe monnaie, d'autant plus facilement que son frère doit se rendre dans les Hautes Satrapies d'Asie en réponse à l'incursion des Parni en Parthie[5].

Guerre contre Attale et fin du règne

Au lendemain de la bataille d'Ancyre, Antiochos Hiérax connaît des difficultés avec les mercenaires galates[6]. Les mercenaires, conscients d'avoir vaincu le véritable roi, menacent de décimer la famille royale (dont Antiochos) s'ils ne sont pas généreusement payés. Afin de les conserver à ses côtés et de les occuper, Antiochos paye grassement les Galates et décide les entraîner comme Pergame vers 238 av. J.-C. Mais Antiochos est vaincu par Attale Ier qui en profite pour prendre le titre royal[7].

Une dizaine d’années plus tard, dans les années 229-227, les deux hommes entrent à nouveau en conflit. Attale Ier le bat cette fois à trois reprises : en Phrygie, en Lydie et en Carie[8]. Chassé de toutes ses possessions, Antiochos cherche en vain à se substituer à son frère en Syrie et en Mésopotamie, en profitant du fait que celui-ci soit en campagne en Iran. Il est repoussé par les stratèges séleucides et meurt assassiné en Thrace en 226[7].

À travers le monnayage

Antiochos Hiérax s'est approprié le titre et les fonctions de roi sans pour autant posséder, à titre officiel, cette fonction. Or, dès l'instant où son frère est vaincu à la bataille d'Ancyre, il fait frapper monnaie. Ses ateliers principaux se situent en Troade et en Hellespont[9]. Antiochos doit ainsi convaincre les communautés d'Anatolie qu'il est le prétendant le plus crédible à la couronne ; il se crée par conséquent, à travers son monnayage, une image royale distincte délicate à comprendre mais qui porte pourtant un message puissant. Un droit dominant montre un roi séleucide avec des orbites creusées et un nez très droit, des cheveux bouclés et relevés, recouvrant le diadème. Un Apollon légèrement habillé est assis sur l'omphalos avec la légende ΒΑΣΙΛΕΟΣ ΑΝΤΙΟΧΟΥ (« au roi Antiochos ») est représenté sur tous les revers. En consultant ainsi le monnayage d'Antiochos, nous remarquons que sont régulièrement représentés au droit Antiochos Ier, son grand-père, et Antiochos II, son père. Il cherche donc à établir une connexion avec ses ancêtres afin de se lier à la dynastie séleucide[10]

Notes et références

  1. Appien, Histoire romaine, tome II, XI, 65.
  2. Justin, XXVII.
  3. Will 2003, tome 1, p. 294.
  4. Will 2003, tome 1, p. 295.
  5. Sartre 2003, p. 43.
  6. Luc Baray, Celtes, Galates et Gaulois : Mercenaires de l'Antiquité, Picard, , p. 73
  7. Will 2003, tome 1, p. 296.
  8. Will 2003, tome 1, p. 297.
  9. (en) Arthur Houghton et Catharine Lorber, Seleucid Coins, A Comprehensive Catalogue : Seleucus I through Antiochus III, vol. 2002, t. I, Classical Numismatic Group, p. 292-293.
  10. (en) Boris Chrubasik, Kings and Usurpers in the Seleukid Empire : The Men who would be King, Oxford University Press, coll. « Oxford Classical Monographs », [réf. incomplète].

Sources antiques

  • Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne].

Bibliographie

  • Maurice Sartre, L'Anatolie hellénistique : de l'Égée au Caucase, 334-31 av. J.-C., Paris, Armand Colin, , 317 p. (ISBN 978-2-200-26574-8).
  • Claire Préaux, Le Monde Hellénistique : La Grèce et l'Orient de la mort d'Alexandre à la conquête romaine, t. 1, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio. L'histoire et ses problèmes », (1re éd. 1978), 416 p. (ISBN 2130413668), p. 142-145 ; 191.
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X).
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