Annexion du comté de Nice à la France

L’annexion du comté de Nice à la France est le nom générique donné à la réunion, selon l’expression utilisée dans le traité, du comté de Nice, alors partie intégrante du royaume de Sardaigne, à la France en juin 1860[1].

La partie du comté de Nice annexée à la France en 1860 est représentée en marron. La partie jaune entourée de marron l'est en 1947.

Déroulement

À l’origine de l’annexion, se trouve avant tout la volonté de Napoléon III, qui veut aider l'Italie à faire son unité, dans le but de contenir l’Autriche. Pour éviter, cependant, de créer un État unifié potentiellement dangereux juste à côté de la France, l’empereur réclame en échange de son aide, le duché de Savoie et le comté de Nice, qui constituent deux régions stratégiques importantes sur le plan militaire[2].

Les habitants du comté de Nice se rendant au scrutin de l'annexion.

Le principe de cet échange est établi en 1858, lors des accords de Plombières, entre Napoléon III et Cavour, même si ce dernier a tenté ensuite de « sauver Nice »[3]. Le traité de Turin, le , entérine le changement de souveraineté de la ville. La population niçoise semble tout d'abord assez réticente. Lors des élections législatives de , les deux députés élus par Nice au parlement de Turin, Giuseppe Garibaldi et Charles Laurenti Robaudi, sont farouchement opposés à l'annexion[4]. La presse locale se divise : les journaux la Gazette de Nice et Il Nizzardo sont contre le changement de souveraineté tandis que L’Avenir de Nice lui est favorable.

La population finit cependant par accepter le changement de souveraineté lorsque le roi Victor-Emmanuel II de Savoie, le , lui demande solennellement de le faire, au nom de l'unité italienne[5]. L'Avenir de Nice devient Le Messager de Nice le . Un plébiscite est voté le 15 et le . Les adversaires de l'annexion appellent à s'abstenir, d'où le faible nombre de votes non, mais représente au total 19% des votants en comptant les personnes contre l'annexion. Le oui emporte 83 % des inscrits  et 99,26 % des suffrages exprimés  dans l'ensemble du comté de Nice et 86 % des inscrits à Nice, en partie grâce à la pression des autorités (curés, syndics, fonctionnaires)[5].

Plébiscite
TerritoireDateInscritsAbstentionVotantsFavorables au rattachementContre l'annexionNuls
Comté de Nice15/30 7124 77925 93325 74316030
D'après le conseil général des Alpes-Maritimes.

Le territoire de Nice est officiellement cédé à la France le . Le département des Alpes-Maritimes, deuxième du nom, est créé par l'addition du comté de Nice et de l'arrondissement de Grasse.

Critiques

Aujourd’hui, l’annexion reste critiquée ou remise en cause par certains autonomistes ou indépendantistes niçois. Par exemple, la Ligue pour la restauration des libertés niçoises (LRLN) fondée par l’historien Alain Roullier, la qualifie de « scélérate »[6].

Pour Paul-Louis Malausséna, directeur de la revue Nice-Historique, lors du plébiscite, les bulletins « non » n’étaient comptabilisés que si les votants fournissaient une « explication verbale » aux soldats français[7]. Les habitants du comté de Nice ne parlaient pas le français mais le niçois, sauf peut être les Gordolon de la Gordolasque di Gordo qui protégeaient Nice de ses ennemis français[7].

Le , de Genève, Alain Roullier-Laurens, pour la LRLN et Jean de Pingon, fondateur de la Ligue savoisienne, ont signé une déclaration commune relative à l’abrogation du traité de Turin, qui cédait Nice et la Savoie à la France, ils ont adressé ce texte à tous les ambassadeurs des puissances signataires du traité de paix de 1947, accrédités en Suisse, afin qu’ils le transmettent à leurs gouvernements.

Après avoir exposé les motifs juridiques de l’abrogation du traité de Turin, du fait du non-respect par la France de l’article 44 du traité de paix de 1947, « ils demandent, qu'en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, une consultation électorale, soit organisée par l’ONU dans ces deux pays, afin que les Niçois et les Savoisiens puissent librement décider de leur destin[8]. »

Le , un député UMP de la Loire a déposé une question écrite aux deux ministres concernés, à propos de l’abrogation du traité de Turin et des conséquences internationales qui pourraient en résulter[9].

Notes et références

  1. Paul Guichonnet, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France, Montmélian, La Fontaine de Siloé, 2003, 352 pages. Un chapitre est consacré à l'annexion de Nice.
  2. Paul Guichonnet, Histoire de l’annexion de la Savoie à la France, p. 151.
  3. Alain Ruggiero (sous la direction de), Nouvelle histoire de Nice, Toulouse, Privat, 2006 (ISBN 978-2708983359), p. 94-95.
  4. Alain Ruggiero, op. cit., p. 181.
  5. Alain Ruggiero, op. cit., p. 182.
  6. Alain Roullier, Nice, Demain l’indépendance, 2003, France Europe Édition, chap. 6, p. 114 (ISBN 2-84825-026-7).
  7. Clément Fouquet, Alexandre Jean, Léa Pineau, Laurie Zénon, « Nice, qu'as-tu fait de ton identité ? L'histoire d'un peuple », L’Express, .
  8. Nebla, « ABROGATION DU TRAITE DE TURIN : La LRLN interpelle la communauté internationale à Genève ! », sur canalblog.com, PAÏS NISSART - site officiel, (consulté le ).
  9. http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-76121QE.htm.

Voir aussi

Bibliographie

  • Collectif, Vive la France. Regards croisés sur l'union du comté de Nice à la France, 1860-1947, Nice, éditions Serre, 2010, 175 p.
  • Henri Courrière, Le comté de Nice et la France. Histoire politique d'une intégration, 1860-1879, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, 398 p., notamment le chapitre I, "Changer de patrie. L'annexion de 1860" (https://books.openedition.org/pur/50305).
  • Paul Gonnet, La réunion de Nice à la France, Breil-sur-Roya, Éditions du Cabri, 2003, 343 p.
  • Paul Guichonnet, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France, Montmélian, La Fontaine de Siloé, 2003, 352 p.
  • Sylvain Milbach (dir.), 1860. La Savoie, la France, l'Europe. Actes du colloque de l'Université de Savoie, 22-, Bruxelles, Peter Lang, 2012, 562 p. (articles de Marc Ortolani et Simonetta Tombaccini Villefranque).
  • Gustavo Mola di Nomaglio, Italo Pennaroli, Roberto Sandri-Giachino, « Come Torino visse la cessione di Savoia e Nizza », Studi Piemontesi, vol. 39, fasc. 1, 2010, 38 p.
  • Alain Ruggiero (dir.), Nouvelle histoire de Nice, Toulouse, Privat, 2006, 383 p.
  • Ralph Schor (dir.), Dictionnaire historique et biographique du comté de Nice, Nice, Serre, 2002, 412 p.
  • Ralph Schor, Henri Courrière (dir.), Le comté de Nice, la France et l'Italie. Regards sur le rattachement de 1860. Actes du colloque organisé à l'université de Nice Sophia-Antipolis, , Nice, éditions Serre, 2011, 175 p.

Ouvrages remettant en cause l'annexion de Nice :

  • Alain Roullier,
    • Nice, demain l'indépendance, France Europe éditions, 2003.
    • La vérité sur l'annexion de Nice, France Europe éditions, 2010.

Articles connexes

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