Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès de Malartic

Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès de Malartic, branche cadette des Malartic comte de Malartic, né à Montauban le , mort à Port-Louis, anciennement île de France (île Maurice), le , où il repose, est un officier français et gouverneur militaire de Port-Louis au XVIIIe siècle.

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Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès de Malartic

Naissance
Montauban
Décès  70 ans)
Port-Louis ( Maurice)
Origine Royaume de France
Arme Infanterie
Grade Lieutenant-général
Années de service 17451800
Commandement gouverneur militaire de Port-Louis (Île-de-France)
Distinctions chevalier de Saint-Louis
Tombe de Malartic à Port-Louis.

Europe

Sa famille comptait parmi la plus ancienne noblesse de l'Armagnac. Elle remonte à Odon de Malartic, damoiseau vivant en 1209, père du chevalier croisé nommé Artaud qui était présent au camp devant Joppé (Palestine) en 1252.

Son père, Pierre-Hippolyte-Joseph de Maurès, qui eut trois de ses frères généraux, avait épousé Antoinette-Charlotte de Savignac de Saint-Urcisse (Tarn ou Lot-et-Garonne). Leur fils Anne-Joseph-Hippolyte naquit le .

Après des études au collège de Nanterre, non loin de Paris, Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès de Malartic entra dans l’armée en 1745 comme sous-lieutenant au régiment de la Sarre. Nommé lieutenant en second au régiment de Béarn le et promu capitaine le 1er novembre suivant, il fit campagne en Flandre, en Italie et en Provence et devint aide-major, le , après la fin de la guerre de la Succession d’Autriche.

Canada

En 1755 il suivit le régiment de Béarn au Canada. Débarqué à Québec le , il fut envoyé au fort Frontenac (Kingston, Ontario) et commença dès lors à rédiger un compte rendu des déplacements de son régiment et des événements auxquels il participa. L’été suivant, Malartic prit une part active à l’expédition menée par Montcalm contre Chouaguen (ou Oswego) ; aujourd’hui Oswego, New York. Bien que défendu par plus de 1 700 hommes, Chouaguen dut capituler le , livrant un butin considérable. Trois jours plus tard Montcalm écrivit à Lévis : « Je ne saurais trop me louer de mes aides de camp, de Lapause Plantavit, de Malartic ; j’eusse succombé à la besogne sans eux ». Par la suite Malartic s’en fut dans la région du lac Champlain, au fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York) ainsi qu’au fort Carillon (Ticonderoga (New York)) où il se trouvait à l’été de 1757 avec les troupes que Montcalm y avait réunies en vue d’assiéger le fort George (appelé aussi fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York). Malartic participa à l’opération et assista le à la capitulation du fort. Au début de l’automne il suivit les troupes à Montréal où il fut chargé de surveiller la distribution des vivres aux soldats qui, comme le peuple, étaient soumis au rationnement. Ce ne fut pas toujours tâche facile parce que les soldats refusaient de manger la viande de cheval qu’on leur présentait.

En juin 1758 Malartic partit pour le fort Carillon avec le régiment de Béarn et travailla à la préparation des abattis qui devaient protéger le fort contre l’assaut que les troupes du major général James Abercrombie s’apprêtaient à donner. Attaquées le , les troupes françaises se défendirent avec énergie et, malgré leur nombre inférieur, forcèrent les Anglais à battre en retraite après avoir subi de sérieuses pertes.

Malartic, qui avait été blessé au genou, revint à Montréal le et passa l’hiver à exercer les fonctions de major de son régiment et à en surveiller les cantonnements. Il avait été fait chevalier de Saint-Louis entre-temps. Au cours de l’été suivant, il travailla à la défense de Québec, mal protégé par de piètres fortifications que l’on se hâtait de renforcer. Les Britanniques, sous le commandement de Wolfe, avaient débarqué à la fin de juin avec des forces considérables sur l’île d’Orléans et commençaient l’investissement de la ville. Même s’ils subirent un échec le lors de l’attaque du camp de Montmorency, en aval de Québec, leur étreinte se resserra inexorablement pour aboutir à leur victoire du sur les plaines d’Abraham. Après le combat au cours duquel il eut un cheval tué sous lui, Malartic se retira à Montréal pour organiser les quartiers d’hiver des troupes.

Il prit une part très active à la dernière campagne et fut blessé par un boulet de canon lui effleurant la poitrine lors de la bataille de Sainte-Foy le . Il demeura à Québec jusqu’au pour s’occuper des malades et des blessés restés à l’Hôpital Général et négocier leur évacuation avec le général Murray. Il se rendit ensuite à Montréal et tenta, avec Jean-Daniel Dumas, de retarder l’avance anglaise, mais en vain.

Il donne son nom à la ville canadienne de Malartic.

Antilles

Après la capitulation de Montréal au mois de septembre, Malartic quitta le Canada avec le régiment de Béarn et débarqua à La Rochelle en novembre. Réformé l’année suivante, il fut nommé en avril 1763 major du Régiment Royal-Comtois, puis le colonel du régiment de Vermandois dont il conserva le commandement pendant 17 ans et avec lequel il servit successivement à la Guadeloupe, envoyé en 1767 et où il fut gouverneur de la Guadeloupe de 1768 à 1769, à la Martinique, à Saint-Domingue (île d’Haïti) où il réprima les révoltes, et en Corse. Il fut promu brigadier d’infanterie en 1770 et nommé maréchal de camp le .

Île Maurice

Rallié avec modération aux idées nouvelles de la Révolution française, Malartic devint lieutenant général des armées le , commandant général des établissements français au-delà du cap de Bonne-Espérance et le suivant, gouverneur général de l’île de France. Il arriva dans une colonie agitée par les théories révolutionnaires et réussit par ses sages dispositions à ramener le calme dans les esprits.

Dès son arrivée dans une île aux prises avec la petite vérole et la famine, le gouverneur Malartic entreprend de résoudre ces difficultés. D’abord il ordonne la vaccination de tous ceux qui n’ont pas encore contracté la maladie pour enrayer la propagation de la petite vérole. Ensuite, pour mettre fin à la famine, il contourne le blocus anglais et établit un accord avec les corsaires pour une protection contre les Anglais et pour l’approvisionnement de l’île en nourriture. Robert Surcouf contribua grandement au contournement de ce blocus.

En juin 1796 il renvoya en France les agents du Directoire venus appliquer le décret sur l’abolition de l'esclavage, ce qui évita à la colonie les désordres qui se produisirent aux Antilles. Cet acte maintint toutefois 80 000 personnes en esclavage. Quatre ans plus tard, il mourut d'une congestion cérébrale à Port-Louis, capitale de l'île Maurice. Les Anglais bloquant le port au moment de sa mort, proposèrent une trêve et hissèrent des drapeaux de deuil sur leurs vaisseaux. Leur chef, le commodore William Hotham fut même autorisé à sa demande à accompagner la dépouille du "Sauveur de la Colonie" à sa dernière demeure[1]. On éleva à Port-Louis en hommage à Malartic un superbe mausolée. Ce monument, commencé par les Français, sera terminé en son honneur par les Anglais en 1847.

Citations

Malartic fut toujours très apprécié par ses chefs, étant considéré comme un « Officier instruit, zélé, ferme, [qui] a bien servi et bien fait servir son régiment ». Honnête et désintéressé, sans fortune, il est ainsi dépeint par un colon de l’île de France : « austère dans ses mœurs, réservé et assez froid dans ses manières, il s’était acquis l’attachement de toute la colonie qui, depuis longtemps, voyait en lui moins un gouverneur qu’un père [...] il offre probablement le seul exemple d’un général qui ait traversé avec honneur les temps les plus malheureux de la Révolution, inébranlable au poste où le Roi l’avait placé ».

Sources et références

  1. Anne Joseph Hippolyte, comte de Malartic, gouverneur général des Établissements français au-delà du Cap de Bonne-Espérance, Yvan Reverdy, 1986, CRDP Académie de Toulouse
  • Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire, Georges Saffroy éditeurs, Paris 1934.

Articles connexes

Liens externes

Voir aussi

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