André Campana

André Campana, né le au Mans et mort le à Paris[1], est un journaliste, écrivain, réalisateur et producteur de télévision français.

Cet article concerne le journaliste et réalisateur. Pour l'athlète, voir André Campana (athlétisme). Pour les homonymes, voir Campana.

Biographie

Naissance, origine et formation

André Campana nait sur les routes de l'Exode le au Mans dans la Sarthe. Ses deux parents sont d'origine Corse. Sa mère, professeure, est originaire du village d'Evisa. Son père, journaliste et rédacteur en chef de La Dépêche de Tunis avant d'entrer au Figaro, est originaire du village de Campana , deux villages de la "Terre du Commun" (par opposition à la Terre des Seigneurs ).

Le jeune André Campana passe une enfance parisienne dans le XXe arrondissement. Bachelier à 16 ans après avoir fréquenté les lycées Charlemagne, Henri IV et le collège Stanislas, il s'oriente vers une licence de lettres classiques qu'il obtient. Ces années sont l'occasion pour lui de découvrir le quartier latin ; ses cinés clubs et son effervescence. Une période toutefois interrompue par son service militaire de 27 mois, effectué au 22e bataillon de chasseurs alpins de Nice. Sa classe est la première qui ne va pas en Algérie.

Son père meurt en 1964, d'une crise cardiaque alors qu'il est journaliste parlementaire au Figaro. Pierre Brisson, le directeur du journal propose alors au jeune André d'effectuer un stage au service politique du journal. Malgré ses réticences idéologiques à rentrer dans un journal conservateur, André Campana qui était plus volontiers lecteur de Combat, accepte finalement, en partie par estime pour Raymond Aron, à l'époque très influent au sein du quotidien. Il y restera 13 ans.

Journaliste de presse écrite

Au Figaro, André Campana, suit d'abord les questions liées à l'aménagement du territoire. Il est nommé responsable du lancement d'une édition régionale à Marseille à 27 ans. Il passe ensuite au service politique, au sein duquel il est chargé de suivre l'actualité des partis de Gauche, avant de se voir confier la responsabilité de la page éditoriale. Parallèlement à son activité journalistique, André Campana se familiarise avec le mode d'enquête par entretien non directif avec Pierre Weill qui vient de fonder la Sofres.

En 1968, il quitte le Figaro pendant un mois et rejoint le comité de presse du mouvement révolutionnaire étudiant à La Sorbonne. Il participe au groupe de travail en assemblée « Nous sommes en marche ».

Revenu au Figaro, André Campana participe à l'organisation de la première et seule grève du Figaro en 1969 avec Denis Perrier-Daville, Bernard Pivot et Christian Lambert notamment qui s'inscrit dans le combat pour la création des sociétés de rédacteurs.

En 1975, il fait partie de la quarantaine de journalistes qui font jouer la clause de conscience et quittent le quotidien, au moment de sa reprise par le patron de presse Robert Hersant.

Journalisme audiovisuel

Alors qu'il est encore journaliste au Figaro, dans le mouvement d'ouverture opéré par le nouveau premier ministre Jacques Chaban-Delmas, il participe, sous l'autorité de Pierre Desgraupes à la création de l'émission de télévision A armes égales avec Michel Bassi, Alain Duhamel et Jean-Pierre Alessandri (33 numéros). L'audience est considérable, le format est révolutionnaire à l'époque. Pour la première fois deux invités de la majorité et de l'opposition représentant chacun un camp confrontent leurs points de vue, lesquels sont chacun introduits par un film dédié: c'est la sacralisation médiatique de l'opposition, la France n'est plus une et indivisible comme sous le gaullisme. Cette émission, la première à mettre en scène un affrontement de projets de société, offre à André Campana l'occasion d'animer de grands débats télévisés.

C'est au cours de l'un de ces reportages qu'il opère une « prise de conscience de classe » en découvrant l'extrême pauvreté dans laquelle vivent certains français. Sa vraie priorité pendant toutes ces années de producteur de télévision sera dès lors de « donner la parole au Français »[2], mission qu'il va poursuivre avec l'émission Vendredi sur FR3 créée par Maurice Cazeneuve, Jean Pierre Alessandri, Yvan Levai et Christine Ockrent.

Vendredi est l'occasion pour lui de faire de la TV un « voyage inter-classe » en s'intéressant à ceux que les plateaux télés n'ont pas l'habitude de montrer. L'aventure Vendredi se déroule de 1976 à 1985 et sera marquée par des départs et des retours liés à des différents éditoriaux et Politiques. André Campana sera exclu de la télévision deux fois durant cette période. En 1979 il réalise pour l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) un programme de recherche sur l'écriture du documentaire intitulé : "Chantier Réalité". Avec les réalisateurs Jean-Luc Léon, Alain Taieb et Pierre Laroux est produite une série de six émissions qui sont le compte-rendu d'un tournage permanent de deux familles françaises pendant 6 mois. Le programme s'intitule : "On dirait qu'ils vont parler". En 1981, Edouard Guibert, directeur de l'information de FR3 lui fait rencontrer le journaliste Jean Charles Eleb, ancien responsable des Étudiants communistes avec qui il s'associe, association qui continue encore aujourd'hui.

Conseil et expression citoyenne

En 1985, André Campana et Jean-charles Eleb quittent les médias officiels pour créer une agence de médiation et d ' "expression citoyenne », l'agence Lucie SA. Le produit phare de la jeune agence est l'enquête qualitative audiovisuelle ; un outil d'introspection de la société réalisé pour les institutions politiques et publiques ainsi que pour les entreprises. L'objectif est d'exprimer l'intelligence collective des gens dans un milieu ouvert (la société) ou fermé (ministère, entreprise).

Leur première enquête est réalisée pour le compte de la RATP « Derrière la vitre » où ils interviewent un échantillon d'une centaine d'usagers et de personnels de la RATP.

Poursuivant le projet de rapprocher la télévision des Français, André Campana et Jean-Charles Eleb deviennent acteurs des télévisions locales en 1987 et lancent le concept de « télé de proximité ».

En marge du festival d'Avoriaz, il crée la chaîne TV8 Mont-Blanc puis en 1990 Antille telévision (ATV) avec George Bonopera et Olivier Lauchez qui créera plus tard Trace TV. Soutenus par un groupe puissant d'actionnaires (Groupe Bremond, Crédit agricole, Caisse des Dépôts et un groupe de financiers de l'audiovisuel canadien (Pratt-Desmarets). Ils deviennent ensuite opérateur de Télé Lyon Métropole (TLM) dirigée par Laurent Sablic.

En 1992, devant l'absence de soutien des pouvoirs publics aux télés locales, ils déposent le bilan de Lucie SA et créent Campana Eleb Conseil puis Campana Eleb Sablic[3].

L'entreprise de médiation se spécialise dans l'accompagnement du changement. Elle favorise la mutation de la culture d'entreprise, en particulier des grands groupes publics comme EDF et la SNCF mais aussi privés (PSA, AGF-Alliance) par l'introduction d'enquêtes clients et salariés dont la caractéristique est le « Parler vrai » et par le développement de l'introspection collective, la mise en place concrète de projets partagés.

Depuis 2011, l'entreprise a été transmise par un système comparable au LBO (Crédit vendeur) à deux consultants seniors, Laurent Sablic, journaliste, et Frédéric Gilli, économiste des territoires et enseignant à Science Po Paris avec toute l'équipe de salariés-consultants. Une transmission réussie puisqu'elle enregistre en 2016 une augmentation du chiffre d'affaires de 20 %.

Réalisateur

Au cours de son itinéraire, André Campana a produit ou réalisé plus de 150 documentaires dont Le Prix de la vie en 1971 (Lion d'argent au prix Futura de Berlin), L'Arme verte en 1980 (TF1), Le Contrat (FR3). Avec sa femme Gloria Campana (décédée en 2012), il réalise Le combat des Klarsfeld, première approche de la complicité française dans le crime nazi (France 2, 1998). À partir d'une discussion avec Serge Klarsfeld, il est co-auteur, avec sa fille Clémentine Campana qui en est aussi la réalisatrice, de : La Corse, île des Justes ?[4] (52’, 2013)[5] diffusé sur France 5

Collectionneur

Durant toute sa vie professionnelle, André Campana a « collecté » les objets emblématiques de la société et de l’art moderne : des cartes postales arcimboldesques du début du XXe siècle au situationnisme (collecte d’affiches et de tracts en 1968), en passant par le surréalisme avec Man Ray, Pierre Molinier, Marcel Mariën, jusqu’au groupe Bazooka des années 1980-2000 (Kiki et Loulou Picasso, Olivia Clavel, Bernard Vidal, Philippe Bailly et Romain Slocombe), groupe qui a donné au mouvement punk français et européen son identité graphique. Il acquiert également à la FIAC, en 1975, les deux œuvres hyperréalistes emblématiques de Jean-Claude Meynard [6] : Hyper-Street et le Flipper[7]. André Campana apprécie particulièrement les grands auteurs de la bande dessinée devenus « les peintres » de la BD, comme Philippe Druillet, Enki Bilal et Jean Giraud dit Mœbius.

André Campana a vendu une partie de sa collection à Michel-Édouard Leclerc, grand amateur de planches originales de BD. Une deuxième partie de la collection a été vendue par Drouot sur le thème : Itinéraire d’un collectionneur dans la Société du Spectacle » le [8].

Vie privée

André Campana a été marié pendant 40 ans avec Gloria Solomidès, aujourd’hui décédée, documentariste qui a notamment réalisé, sous le nom de Gloria Campana, le seul documentaire de création sur Serge Rezvani L’énigme Rezvani, (Tv5 monde 2008) et Enki Bilal : Au delà de l’image, dans la collection Empreintes (France 3). Gloria Solomidès était la fille du docteur Jean Solomidès, l'un des acteurs réputés des médecines parallèles. Sensibilisé à ce sujet, André Campana crée en 1973 avec André Conord et Philippe Druillet le Comité de Défense et d'Information des Malades du Cancer (CDIC) qui a trois revendications : l'accès de chacun à son dossier médical, le développement des soins palliatifs et l'expérimentation des médecines parallèles.

André et Gloria Campana ont eu trois filles, Clémentine, diplômée des beaux-arts et réalisatrice, Lucie, directrice des enquêtes à l'agence Campana Eleb Sablic, et Charlotte, comédienne [réf. souhaitée].

André Campana entretient un rapport étroit avec la Corse. Il passe deux mois de l’année dans la maison familiale à Evisa et participe activement à la vie culturelle et politique corse avec, notamment, une série de projection du film La Corse, île des justes ? qu’il a réalisé avec sa fille Clémentine Campana, suivi de débats dans les villages de l’île.

Distinctions

André Campana est chevalier de la Légion d'honneur[9].

Articles de presse

  • Émission Radio France Inter - « Fiction politique, et la Corse, île des justes ? »[10](3D Le journal) -
  • Interview dans L'Humanité du

Ouvrages

Notes et références

  1. Sibylle Vincendon, « André Campana, l'homme qui faisait parler » sur Libération, 1er octobre 2017
  2. « André Campana, l'homme qui faisait parler »
  3. Campana Eleb Sablic, « Campana Eleb Sablic | Agence », sur www.campanaelebsablic.com (consulté le )
  4. « Bo Travail ! La Corse, île des justes ? »
  5. « Francetv. Documentaire. Histoire : La Corse, île des justes ? »
  6. Jean-Claude Meynard, L'Animal fractal que Je suis : l'homme et la complexité du réel, Saint-Denis/95-Domont, Editions Connaissances et Savoirs, , 220 p. (ISBN 978-2-342-16284-4), p. Chapitre Hyper-Street - Entretien André Campana avec Jean-Marc Thevenet
  7. « L'Hyperréalisme », sur www.jeanclaudemeynard.com
  8. La gazette Drouot n°38, Paris, Drouot, , 268 p., p. 72 73
  9. La promotion de printemps de la Légion d'honneur, La Croix, 2 avril 2002
  10. « Fiction politique, et la Corse, île des Justes? du 14 avril 2013 - France Inter », sur France Inter (consulté le )

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