Alphonse de Neuville

Alphonse de Neuville, pseudonyme d’Alphonse Marie Adolphe Deneuville[2], né le à Saint-Omer (Pas-de-Calais) et mort le à Paris, est un peintre, dessinateur et illustrateur français.

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Alphonse de Neuville en uniforme de la Garde nationale en 1870-1871.

Élève de François Édouard Picot, il fut l'un des représentants principaux de la peinture militaire du XIXe siècle. Il s'est rendu célèbre par des tableaux relatant la guerre franco-prussienne de 1870.

Biographie

Né dans une famille aisée, Alphonse de Neuville s'inscrivit, malgré l’opposition de sa famille, à l’École des mousses à Lorient après son baccalauréat. Sans y poursuivre ses études, il fut admis en 1853 à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de François Édouard Picot et exposa dès 1859 au Salon, où il reçut, pour sa première participation, une médaille de 3e classe et des conseils et des encouragements d'Eugène Delacroix[3]. En 1861, il obtient une seconde médaille pour Chasseurs de la garde à l'assaut du Mamelon-Vert[4].

Il a contribué abondamment, par ses dessins d'illustration, à la revue Le Tour du monde d'Édouard Charton, aux revues de théâtre, aux éditions illustrées de Jules Verne et d'autres auteurs, mais son ambition est de devenir un peintre d'histoire.

Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870 en tant que garde national à Belleville et au Bourget, et devient un « peintre-combattant ». Il connait le succès après la guerre de 1870, par sa peinture militaire[5]. De 1881 à 1883, il collabore avec Édouard Detaille à la réalisation des panoramas de batailles : La Bataille de Champigny et celle de Rezonville.

Il épousa l'actrice Mimi Maréchal, qui avait quitté pour lui le théâtre, peu avant sa mort, après 25 ans de vie commune[6].

Thèmes picturaux

« C'était par excellence le dramaturge de la guerre », écrit Wolff, « dont il retraça les épisodes sanglants avec une rare puissance de mise en scène et une saisissante vérité. Ni dessinateur irréprochable comme Detaille, ni coloriste au sens propre du mot. de Neuville n'en est pas moins parvenu à prendre rang parmi les meilleurs qui ont consacré leur talent à l'armée ».

Parmi les sujets qu’il a peints, on trouve la guerre franco-prussienne, la guerre de Crimée, la guerre anglo-zouloue et des portraits de soldats.

Au sujet de son travail, souvent qualifié de « patriotique[7] », sur la guerre franco-prussienne l'artiste déclare :

« Je désire raconter nos défaites dans ce qu’elles ont eu d’honorable pour nous, et je crois donner ainsi un témoignage d’estime à nos soldats et à leurs chefs, un encouragement pour l’avenir. Quoi qu’on en dise, nous n’avons pas été vaincus sans gloire, et je crois qu’il est bon de le montrer ! »

 Lettre d’Alphonse de Neuville au critique d’art Gustave Goestschy, 1881[8].

Principales œuvres

Ses œuvres sont conservées, entre autres, à Paris au musée de l'Armée et au musée d'Orsay, à Saint-Pétersbourg au musée de l'Ermitage et à New York au Metropolitan Museum of Art.

Les Dernières Cartouches (1873)

Son œuvre la plus célèbre est intitulée Les Dernières Cartouches (1873), il s'agit d'une représentation d'un épisode de la bataille de Sedan, soit la défense jusqu'aux dernières cartouches d'une maison cernée par l'ennemi à Bazeilles dans les Ardennes durant la guerre franco-prussienne, œuvre qui lui valut la Légion d'honneur[9].

Elle passa en vente à la fin du XIXe siècle et fut alors le tableau le plus cher du monde[réf. souhaitée]. L'original a été racheté en 1960 et est depuis conservé à Bazeilles au musée de la Maison de la dernière cartouche, qui n'est autre que l'ancienne auberge Bourgerie dans laquelle s'est déroulée la scène historique dépeinte dans l'œuvre.

Peinture

Représentation de la partie de La Bataille de Champigny exécutée par Alphonse de Neuville, issue du livret descriptif vendu aux visiteurs du panorama.

Illustration

Hommages

Francis de Saint-Vidal, Monument funéraire d'Alphonse de Neuville (1894), Paris, cimetière de Montmartre.

Un Monument à Alphonse de Neuville du sculpteur Francis de Saint-Vidal a été inauguré en 1889 à Paris au centre de la place de Wagram, quatre ans après la mort du peintre. Il a été envoyé à la fonte en 1942 sous le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux[11].

Inhumé à Paris au cimetière de Montmartre (23), le monument funéraire du peintre, également sculpté par Francis de Saint-Vidal en 1894, représente la porte du cimetière de Saint-Privat telle qu'elle figure sur le tableau que Neuville avait peint.

Il existe depuis 1888 une rue Alphonse-de-Neuville dans le 17e arrondissement de Paris.

Postérité

Une vente d’œuvres de l’artiste eut lieu à son hôtel particulier au 25, rue Alphonse-de-Neuville à Paris, les 23, 24 et . Elle comportait 64 tableaux et aquarelles de l’artiste, du no 65 au no 91 bis des tableaux anciens et modernes.

Les Dernières Cartouches (1873, Bazeilles, Maison de la dernière cartouche) a été adaptée au cinématographe en 1897 par Georges Méliès dans un court-métrage muet en noir et blanc nommé Bombardement d'une maison, puis par les Frères Lumière entre autres, ce qui en fait le sujet d'un des premiers films de guerre de l'Histoire.

Bivouac après le combat du Bourget (1873, Paris, musée d'Orsay) a inspiré le tableau Le Rêve peint par Édouard Detaille en 1888 (Paris, musée d'Orsay)[12].

Notes et références

  1. Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, t. 2, , p. 157.
  2. La particule fut créée par l’artiste.
  3. « Nécrologie - A. de Neuville », La Justice, Paris, (lire en ligne) ; « A. de Neuville », Le Voleur, cabinet de lecture universel, (lire en ligne) ; Lostalot 1885; Bellier de la Chavignerie.
  4. Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique, tome 6, p. 356.
  5. Wolff 1886, p. 302sq.
  6. Wolff 1886, p. 309.
  7. Wolff 1886, p. 300, entre autres.
  8. « Le cimetière de Saint-Privat - Interprétation », sur histoire-image.org (Musée de l'Armée).
  9. Chabert 1979, p. 76.
  10. « Gallica : L'histoire de France : depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, racontée à mes petits-enfants. Tome 1 / par M. Guizot », sur Gallica (consulté le ).
  11. « Monument à Alphonse de Neuville », notice sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr.
  12. Bertrand Tillier, « Analyse de l'œuvre, L’Histoire par l’image ».

Voir aussi

Bibliographie

  • Gustave Goetschy, Les jeunes peintres militaires. Deneuville, Detaille, Dupray, Paris, Baschet, (disponible sur Internet Archive)
  • Catalogue des tableaux aquarelle et dessins, armes de guerre, coiffures militaires et pièces d'armement provenant de l'atelier A. de Neuville précédé d'une notice par Gustave Gœtschy, Paris, Drouot, , 114 p. (disponible sur Internet Archive)
  • Alphonse Deneuville dit de Neuville, [catalogue d’exposition], Saint-Omer, Musée de l'hôtel Sandelin, 1978.
  • Philippe Chabert, Alphonse de Neuville : l'épopée de la défaite, vol. 2, Copernic, coll. « Peintres témoins de l'histoire », , p. 76.
  • Alfred de Lostalot, « Alphonse de Neuville », Gazette des Beaux-Arts, , p. 164-172 (lire en ligne).
  • Thomas Jules Richard Maillot (alias Jules Richard), En campagne, deuxième série, tableaux et dessins de Meissonier, Ed. Detaille, A. de Neuville, Paris, chez Boussod, Valodon et Cie Successeurs de Goupil et Cie et Ludovic Baschet Librairie d'Art, [vers 1890].
  • François Robichon, Alphonse de Neuville 1835-1885, Paris, Nicolas Chaudun, 2010.
  • Albert Wolff, « Alphonse de Neuville », dans La capitale de l'art, (lire en ligne), p. 299-.

Article connexe

Liens externes

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