Ali Bader

Ali Bader (arabe: علي بدر, Bader Ali) est un romancier, dramaturge, essayiste, poète et scénariste né à Bagdad 1979. Ses romans sont vus comme tout à fait uniques dans le monde de la fiction arabe[1]. Son roman Papa Sartre, couronné par plusieurs prix littéraires dans le monde arabe[2], est le premier à être traduit en français aux Éditions du Seuil[3]. Il habite aujourd'hui à Bruxelles. Il est actuellement rédacteur en chef de la revue littéraire Eurolitkrant.

Biographie

Ali Bader Né à Bagdad, il vit aujourd’hui à Bruxelles. Chroniqueur de la petite histoire irakienne, il a publié dix sept romans depuis le début des années 2000, parvenant à s’imposer comme l’une des voix les plus originales de sa génération. Papa Sartre, traduit de l’arabe (Irak) par May A. Mahmoud, qui a été couronné par plusieurs prix littéraires dans le monde arabe, est la première de ses œuvres à être traduite en français aux éditions Le Seuil.

À la fois biographie fictive délirante, roman d’enquête aux accents postmodernes et satire des milieux intellectuels irakiens et arabes[4]. Papa Sartre (en) est un récit énergique, à la fois drôle et déroutant, qui met les pieds dans le plat en abordant les délicates questions de l’identité, du savoir et du pouvoir[5]. (le titre est une référence à Jean-Paul Sartre).

Son deuxième roman est Vies et morts de Kamal Medhat[6] qu'est publié aussi par les Éditions du Seuil, ce neuvième roman d’Ali Bader, est une œuvre ambitieuse, audacieuse, mais très maîtrisée[7]. il s'agit du déchaînement de violence que connaît Bagdad en 2006, le corps d’un célèbre violoniste irakien, Kamal Medhat, est retrouvé sur la rive du Tigre. Tout indique que l’artiste, kidnappé quelques semaines plus tôt par un groupe armé, a été assassiné. La presse ne tarde par à découvrir l'identité originelle de ce musicien, Youssef Sami Saleh, juif irakien né en 1926, contraint en 1950 d’émigrer en Israël (après avoir été comme la plupart de ses concitoyens de confession juive déchu de sa nationalité et expulsé du pays) et décédé officiellement en 1955. Un journal américain dépêche alors à Bagdad un reporter (le narrateur), en le chargeant de faire la lumière sur l’assassinat de Kamal Medhat, pour un article qui portera la signature du correspondant en titre du quotidien. S’ensuit une longue enquête qui conduit ainsi le narrateur de Bagdad à Damas et à Téhéran, trois capitales dans lesquelles le violoniste a vécu sous différents noms et différentes identités. L’artiste a en effet vécu trois vies : celle de Youssef Sami Saleh ; celle du chiite iranien Haydar Salman (faux nom sous lequel il s’enfuit à Moscou, s’installe à Téhéran, rejoint Bagdad d’où il est une fois de plus expulsé, dans le contexte de la première guerre du Golfe) ; celle du sunnite irakien Kamal Medhat (apparu à Damas en 1981, rentré en Irak en 1982, et assassiné en 2006)…Un parcours dont la complexité est à la mesure de celle du Moyen-Orient, région où les soubresauts de l’histoire et le jeu funeste des identités obligent parfois les individus à se délester de leurs appartenances. Après son truculent Papa Sartre (Seuil, 2014), Ali Bader s’attaque dans ce roman aux questions de la violence, de l’histoire et des identités au Moyen-Orient, en s’insurgeant contre les logiques d’assignation communautaires auxquelles, ici et là, sont soumis les individus[8].

Œuvres

  • 2001, le roman Papa Sartre, réédité douze fois, obtient de nombreux prix dans le monde arabe[réf. nécessaire] Édité en français aux Éditions du Seuil.
  • 2002, Un Hiver en famille, son deuxième roman porte sur l'aristocratie bagdadienne des années cinquante, et obtient le prix de la création aux Émirats arabes unis.
  • 2003, Sur La Route de Tel al Moutran également publié à Beyrouth, a pour personnage principal un poète excentrique qui cherche à dominer une petite ville au nord de l'Irak.
  • 2004, Le Festin nu sur le divorce entre les intellectuels laïcs et le pouvoir religieux de l'état à la fin du XIXe-début XXe siècle.
  • 2005, Du Tumulte, des femmes et un écrivain inconnu est un roman satirique sur la dernière génération des intellectuels de l'après guerre en Irak.
  • 2006, Les Lanternes de Jérusalem, sur l'écrivain palestinien Édouard Saïd et la querelle qu'il provoque entre les intellectuels irakiens après l'entrée à Bagdad des forces alliées.
  • 2006, Les Plans de minuit, est un recueil de récits de voyages effectués par Ali Bader en Iran, Istanbul, et quelques grandes villes du Moyen-Orient, pour lequel il obtient le prix "Ibn Batouta" , décerné par la Fondation émiratie "le voyage des horizons".
  • 2007, Courir après les loups , un rapport écrit par un journaliste sur les communistes irakiens qui, fuyant l'enfer de Saddam Hussein arrivent à Addis-Ababa vers la fin des années soixante dix.
  • 2008, Le Gardien du tabac le plus problématique de ses romans - et pourtant le mieux accueilli - par son traitement audacieux du problème des identités religieuses et du conflit des classes en Irak.
  • 2009, Les Rois des sables : une patrouille se lance aux trousses d'un groupe de bédouins, pendant la deuxième guerre du Golfe.
  • 2010, Le Crime, l'art, et le dictionnaire de Bagdad relate l'histoire des écoles philosophiques et gnostiques à Bagdad à l'époque abbasside.
  • 2011, Les Professeurs des illusions.
  • 2015, La Mécréante.
  • 2016, Le Musicien des nuages.
  • 2016, Vies et morts de Kamal Medhat.

Papa Sartre

Papa Sartre est une parodie satirique de l'imitation de la culture occidentale. Techniquement, le roman adopte la forme d'enchâssement, dont l'origine est à retrouver dans la narration des intrigues des Mille et une nuits : le narrateur se voit confier par deux personnes la mission d'écrire la biographie d'une personnalité éminente, celle d'Abdel-Rahman, le philosophe du quartier de Sadriya obsédé par Sartre et qui cherche à lui ressembler en tout, et à tout prix : sa coupe de cheveux, ses lunettes, etc. Il part pour la capitale de l'existentialisme, afin de préparer un doctorat à la Sorbonne, mais il échoue, et revient en compagnie d'une blonde française qu'il présente comme étant la cousine de Sartre. Il ne s'agit pas dans ce roman de présenter une œuvre de genre ironique seulement, mais aussi de brosser une image de la vie sociale et culturelle des années cinquante. De plus, le brassage communautaire des trois religions du Livre que sont l'islam, le christianisme et le judaïsme présentes en Irak est brillamment démontré.

Bibliographie

Romans

  • Papa Sartre (2001), 262 pages (ISBN 978-2-021-102-659)
  • Un hiver en famille (2002)
  • Le Festin nu (2003)
  • Sur La Route de Tel al Moutran (2004)
  • Du tumulte, des femmes et un écrivain inconnu (2005)
  • Les Lanternes de Jérusalem (2006)
  • Courir après les loups (2007)
  • Vies et morts de Kamal Medhat (2008) (en français Éditions du seuil 2016)
  • Les Rois des sables (2009)
  • Le crime, l'Art et le Dictionnaire de Bagdad (2010)
  • Les Professeurs des illusions (2011)
  • La Mécréante (2015)
  • Ne cours pas après les loups ma chérie (2016)
  • Le Musicien des nuages (2016) traduit en néerlandais[9] et en Italie[10].
  • Les monteurs emportent tout (2017)
  • La fête des tueurs (2018)

Poésie

  • Le Livre du métier : Bagdad en 1898, poèmes ethnographiques (1996)
  • Crimes de velours et de crème (2002)
  • Le Livre des assassins (2004)
  • Le Livre du désert (2005)
  • Le livre d'un homme érotique (2009)
  • Le livre d'un exilé heureux (2012)

Théâtre

  • Le Monde des femmes célibataires (2004)
  • Dans la taverne des émigrés (2009)
  • Quand Fatima se fait appeler Sophie (Monodrame 2013)

Écrits ne relevant pas de la fiction

  • Les Cartes de minuit (2006)
  • Massignion à Bagdad (2005)
  • Un prince endormi et une campagne en attente (2005)
  • Témoignages sur la transformation de l'Irak après 2003 (2006)
  • L'Identité entre l'exil et la nation (2008)
  • Invitation à la fête des célébrités (2009)

Films

  • Sous le cendre (2006)
  • L'Histoire de la littérature irakienne (2007)

Prix

  • Prix d'État pour la littérature (Bagdad 2003)
  • Prix Abu al-Qassim Al-Shabi (Tunisie 2003)
  • Prix de la créativité littéraire (U E A 2004)
  • Prix Ibn Battuta pour les récits de voyages (Abu Dhabi 2005)
  • Prix Every Human Has Rights Media, Paris, 2008[11]

Annexes

Bibliographie

  • Rafif Sidaoui, Le roman arabe entre la réalité et l'imaginaire, Dar al Farabi publishers, Beirut, 2008.

Notes et références

  • Portail de l’Irak
  • Portail de la littérature
  • Portail de la poésie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.