Alexandru III cel Rău

Alexandru III cel Rău (le Mauvais) (exécuté par strangulation à Constantinople le ) est prince de Moldavie en 1592 et de Valachie de 1592 à 1593. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, comme en Transylvanie et en Pologne voisines : le prince (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, polonaise, russe et surtout ottomane, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales de la « Sublime Porte » ottomane dont elles étaient tributaires[1].

Origine

Alexandre se présente comme un fils du prince de Moldavie Bogdan IV Lăpusneanu.

Règnes

Il est nommé le au trône de Moldavie en remplacement d'Aaron le Tyran qui allait être déposé. Toutefois ce dernier réussit à se maintenir en place et à obtenir un sursis en promettant de régler les dettes contractées pour obtenir le trône.

Alexandre obtient en compensation le trône de Valachie en octobre 1592 à la place d'un autre prince moldave Étienne Ier le Sourd, déposé pour incapacité. Il arrive à Bucarest suivi de ses créanciers. Il pour les satisfaire, il impose à la population valaque des taxations nouvelles (constante de la politique à travers l'histoire économique), si impopulaire que, pour éviter une jacquerie, désigner des boucs émissaires et alléger les créances, il ordonne l'assassinat d'une partie de ses créanciers et des boyards qui les soutenaient, dont le ban de Craiova, Michel le Brave. Les boyards et les marchands le surnomment alors « cel Rău » (le Mauvais). Le bourreau décide cependant de son propre chef d'épargner Michel le Brave, qui saura s'en souvenir. Pour « racheter ses péchés », Alexandre paye en 1592 la restauration du monastère Sainte-Catherine du Sinaï avec des deniers empruntés, mais cela ne lui réussit pas : ses créanciers de Constantinople, ne voyant pas leur argent revenir, obtiennent sa destitution en septembre 1593. Emmené de force à Constantinople s'en expliquer, il est accusé de trahison des clauses de vassalité par la « Sublime Porte » et garroté après cinq ans de détention, le . Il est remplacé par Michel le Brave qui avait lui aussi de puissants appuis dans la capitale ottomane.

Postérité

Alexandre avait eu un fils Petru, mort le .

Notes et références

  1. Le candidat au trône devait ensuite "amortir" ses "investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins un an était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains souverains ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). En fait, le gouvernement était assuré par le Mare Vornic (premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
    Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls certains territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.

Sources

  • (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume II (1352-1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1976.
  • Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler, (ISBN 2-9520012-1-9)
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