Alexandre de Juniac
Alexandre Begoügne de Juniac plus connu sous le nom Alexandre de Juniac, né le à Neuilly-sur-Seine, est un haut fonctionnaire et chef d’entreprise français, ancien président-directeur général d'Air France-KLM.
Après avoir notamment travaillé 14 ans chez Thales comme secrétaire général, il devient directeur de cabinet de Christine Lagarde, ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi, de 2009 à 2011. Il est ensuite nommé président-directeur général d’Air France puis d’Air France-KLM. Il est directeur général de l'AITA, l'Association internationale du transport aérien depuis le .
Biographie
Origines familiales
Alexandre Begoügne de Juniac est issu d'une famille d'ancienne bourgeoisie française originaire de Limoges[1]. Une autre branche, éteinte, de cette famille avait reçu le titre de baron sous le Premier Empire[1]. Il est le fils de l'ambassadeur Gontran de Juniac.
Études
Il étudie au lycée Pasteur puis entre à l'École polytechnique[2],[3],[4] en 1981, dont il sort diplômé trois ans plus tard, et à l'ENA (1988, promotion Michel-de-Montaigne).
Vie privée
Alexandre de Juniac est marié et père de trois enfants[5].
Carrière dans la fonction publique
Auditeur au Conseil d'État en 1988[6], puis maître des requêtes en , il est secrétaire général adjoint du Conseil d'État de 1990 à 1993[7].
De 1993 à 1994, il devient conseiller technique au cabinet de Nicolas Sarkozy (alors ministre du Budget et porte-parole du gouvernement), chargé des dossiers de la fonction publique, de l'éducation nationale, de la culture et de la communication[8]. Il est ensuite directeur adjoint, chargé des questions relatives à la communication au cabinet de Nicolas Sarkozy[9], au ministère du Budget, porte-parole du gouvernement, de 1994 à 1995[10].
De 2009 à 2011, il est le directeur de cabinet de Christine Lagarde, ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi[11].
Carrière dans les affaires
Juniac devient directeur du plan et du développement de Thomson SA en 1995, puis directeur commercial de Sextant Avionique de 1997 à 1998 et directeur du groupement d'intérêt économique CNS Avionics, société commune entre Sextant Avionique et Dassault Électronique de 1998 à 2008[12].
Il est secrétaire général adjoint d' à 1999, puis secrétaire général de Thomson-CSF (devenue Thales en ) de 1999 à 2004[13]. Il devient alors directeur général adjoint de Thales chargé de la division « systèmes aériens » jusqu'en 2008, puis directeur général « Asie, Afrique, Moyen-Orient et Amérique latine » de Thales jusqu'en [14]. Sa carrière dans la fonction publique l'empêche en 2010 de prendre la direction d'Areva[15].
2011 à 2013
En , la commission de déontologie d'Air France valide la nomination d'Alexandre de Juniac au poste de président-directeur général[16],[9] de l'entreprise le [17].
En , il annonce le développement des bases de Toulouse et de Nice avec quatorze nouvelles liaisons au départ de Toulouse et quatre au départ de Nice[18]. Un mois plus tard, il annonce la création d'un pôle régional français et la fusion des trois filiales aériennes françaises d'Air France avec une mise en œuvre dès le [19]. Le but, selon la direction, est de créer un « pôle régional unifié français beaucoup plus autonome d'Air France » pesant un milliard d'euros et mobilisant 3 500 salariés[20]. Cette décision entraîne la création d'une nouvelle marque, HOP !, d'un nouveau numéro de plaque aérienne et d'une holding couvrant les filiales aériennes d'Air France[21]. Elle conduit à l'autonomie sur les offres tarifaires, sur le programme et la gestion du remplissage des vols[22]. Lionel Guérin est nommé président non exécutif de cette nouvelle marque[23]. Dans la continuité de cette création, l'entreprise décide en 2015 de passer à l'étape suivante en fusionnant juridiquement les trois filiales Brit Air, Régional et Airlinair afin de ramener de la croissance au sein du réseau court-courrier d'Air France[23]. La marque HOP ! doit ainsi, à terme, disposer d'une flotte opérationnelle d'environ 77 appareils à l'horizon 2016[23].
2013 à 2015
Le , il succède à Jean-Cyril Spinetta en tant que président-directeur général d'Air France-KLM[24].
Juniac présente son plan de redressement « Transform 2015[25] » visant à améliorer l'efficacité économique du groupe Air France-KLM afin de désendetter la compagnie, dont la dette culmine alors à 6,5 milliards d’euros. Fin 2014 celle-ci est ramenée à 5,4 milliards d’euros. Un résultat obtenu notamment grâce à la baisse des coûts (hors carburant) de 8 %. Fin , l’objectif initial d’une dette ramenée à 4 milliards d’euros est en passe d’être atteint puisque celle-ci s'élève à la fin du premier trimestre 2015 à 4,9 milliards d’euros[26].
En , les bases de Nice, Toulouse et Marseille, qui représentaient jusqu'alors une réponse de la société à la vague « low cost » du secteur sont menacées de fermeture selon le Figaro[27]. L'information est démentie par le porte parole d'Air France[27], ce que confirme la situation de 2015.
Le , afin de poursuivre le redressement de la compagnie et améliorer sa compétitivité, il annonce dans Les Échos la création de Transavia Europe et un investissement de deux milliards d'euros dans le « low cost » en Europe. Cinq jours plus tard, les pilotes d'Air France entament une grève qui dure plusieurs semaines, un record pour la compagnie[2], et coûte environ 500 millions d'euros. Juniac, soutenu par le gouvernement pendant toute la durée de la grève[28], annonce le retrait du projet Transavia Europe le . Le coût de la grève met en effet en péril les efforts consentis depuis plus de deux ans par le groupe et ses collaborateurs, puisque la perte nette a été ramenée à 198 millions d’euros contre 1,82 milliard d’euros en 2013. À la suite de cette grève, son résultat d’exploitation repart dans le rouge (−129 millions d’euros contre +130 millions un an plus tôt). Or, en dehors de l'impact de la grève, il aurait plus que doublé, à 99 millions d'euros[29].
Dans ce contexte de blocage et après la suspension de la grève, début , les pilotes d'Air France votent à 53 % en faveur du projet d'accord prévoyant le développement de Transavia France, la filiale à bas coût du groupe[30].
Depuis 2015
En , Juniac est cité dans les médias pour des déclarations datant d'une rencontre patronale, "Les entretiens de Royaumont", en [31]. Il y était invité à discuter sur le thème Les acquis sociaux face aux enjeux mondiaux et a notamment défini les acquis sociaux comme « très flous[32] », évoquant ensuite le travail des enfants[33],[32], la question des 35 heures[32], l'âge légal de départ à la retraite[32] et la différence de législation entre les pays comme le Qatar ne disposant pas du droit de grève et la France[32], faisant ainsi suite à la grève des pilotes de cette époque[34].
En , alors qu'il se présente à sa propre reconduction à la tête d'Air France-KLM, Juniac souhaite poursuivre son action à la tête du groupe avec la mise en place du plan » Perform 2020 » ayant « l’ambition claire de faire d'Air France au sein d'Air France-KLM un acteur européen majeur dans la concurrence mondiale[35]. » Le nouveau programme mécontente les syndicats, qui décident de ne pas assister à la réunion[34],[36] et déclarent être opposés à la reconduction d'Alexandre de Juniac dans ses fonctions de président d'Air France-KLM[37].
Le , Juniac présente devant le comité central d'entreprise la « déclinaison » par activité du plan « Perform 2020 ». Le groupe souhaite être le premier réseau long-courrier au départ d'Europe, appuyé sur le hub de Paris-Charles-de-Gaulle, avoir une activité cargo dans le « top 5 mondial », contribuant aux résultats de l'activité long-courrier, avoir un réseau point-à-point français très dense sous la marque « HOP! Air France », faire de Transavia une compagnie « low-cost' » de référence au départ de la France et être un acteur mondial de la maintenance et du catering, tout en poursuivant ses efforts de réduction des coûts unitaires[38].
Comme défini dans le cadre de « Perform 2020 », l'objectif est une baisse annuelle des coûts unitaires de 1,5 % par an (-3 % en coûts pilotables), soit 650 millions d'euros sur la période 2015-2017. Pour atteindre cet objectif en prenant en compte l'inflation, le groupe doit réaliser 1 130 millions d'euros d'économies de coûts sur cette période, indique-t-il également.
Après une année difficile marquée par la grève des pilotes, Juniac souhaite que l’ensemble des collaborateurs du groupe puissent adhérer à la stratégie et l’ambition de « Perform 2020 » comme l’indique le président-directeur général d’Air France Frédéric Gagey[39].
Le [40], Juniac est reconduit dans ses fonctions pour un second mandat de quatre ans, avec 94,21 % des suffrages exprimés[40]. Le , le conseil d’administration d’Air France-KLM valide la mise en œuvre d’un nouveau plan de restructuration, un plan qui débouchera, selon Juniac, sur « un important plan de réduction d’emplois ». Il confirme que les départs volontaires seront privilégiés, mais que la compagnie devra également « recourir à des départs non volontaires[41]. » Ce plan, prévu pour deux ans, va être lancé au début de l'année 2016[42]. Le , le conseil d'administration réaffirme son soutien à la stratégie du président d'Air France et de son équipe dirigeante[43].
Alors qu'Air France a enregistré en 2015 un résultat d'exploitation positif à hauteur de 816 millions d'euros, renouant ainsi pour la première fois depuis 2007 avec les bénéfices[44], Alexandre de Juniac déclare que « cette performance est due, pour les deux tiers, aux efforts faits par les salariés[44] ». Il ajoute cependant que « cette progression ne doit pas masquer le fossé qui sépare la compagnie de ses concurrents[44] ». Au cours de cette année, la rémunération d'Alexandre de Juniac a augmenté 65 %, pour atteindre 1,062 million d'euros[45].
Le , alors que la compagnie aérienne reçoit à Paris le premier prix dans le secteur « transports », lors de la 12e édition du « Podium de la relation client » BearinPoint - TNS Sofres[46], Alexandre de Juniac dédie cette récompense aux salariés d'Air France[46]. Le but affiché d'Alexandre de Juniac est alors de continuer sa stratégie de montée en gamme en investissant[44]. En , le groupe annonce ainsi avoir investit 500 millions d'euros dans de nouvelles cabines de voyages : « pour nous, 2015 a été l'occasion de monter en gamme sur nos produits moyens en particulier sur le Maroc[47] ».
Le , à l'occasion de l'inauguration de la première base européenne de Transavia à Munich, Alexandre de Juniac réaffirme son intention d'atteindre cent appareils et plus de vingt millions de passagers à l'horizon 2019 sous la marque low cost, faisant de Transavia l'une des cinq premières marques low cost européennes[48].
Le , le groupe annonce qu'Alexandre de Juniac va quitter la présidence d’Air France-KLM pour rejoindre la direction générale de l'Association internationale du transport aérien (IATA) dont il prend la tête le suivant[49].
Le 23 novembre 2020, l'IATA annonce qu'Alexandre de Juniac quittera la direction générale de l'association en mars 2021 pour céder sa place à Willy Walsh[50].
Autres fonctions
Alexandre de Juniac est nommé au conseil de surveillance de Vivendi, après vote des actionnaires, à l'occasion de l'assemblée générale du [51],[52].
Il est président d'honneur du Club des juristes[53].
Prix et récompenses
- Chevalier de la Légion d'honneur (2007)
- « Manager de l'année » (2012), décerné par Le Nouvel Économiste[54]
- Prix de l'Excellence française (2013).
Notes et références
- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 3, page 255 Bégougne de Juniac.
- Renaud Lecadre, « Alexandre de Juniac, bretelles et ceinture », Libération, (lire en ligne).
- De la promotion X1981, cf. « Fiche de Alexandre de Juniac », sur le site de l'association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l'AX), Paris (consulté le ).
- Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l'École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Alexandre de Juniac », résultat obtenu : « Begougne de Juniac, Alexandre Marie Henry (X 1981) ».
- « Alexandre De Juniac - Air France-KLM », sur www.lechotouristique.com (consulté le ).
- « Fac-similé JO du 22/06/1988, page 08256 | Legifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- Marie Bordet, « Juniac, itinéraire d'un patron hussard », Le Point, (lire en ligne).
- « Cabinet de Nicolas Sarkozy », sur Lesechos.fr, .
- Dominique Gallois, « Alexandre de Juniac, du cabinet de Bercy à la cabine de pilotage d’Air France », Le Monde, (lire en ligne).
- « Le CV d'Alexandre de Juniac », Challenges, (lire en ligne).
- Reuters, « Alexandre de Juniac en première ligne à Air France-KLM », Les Échos-Bourse, (lire en ligne).
- Carrière d'Alexandre de Juniac, Dirigeants Entreprise.
- « Nouvelle organisation de Thomson-CSF », sur Thalesgroup.com, .
- Alexandre de Juniac - Biography, Bloomberg BusinessWeek.
- Jean-Michel Bezat, « La Commission de déontologie juge qu'Alexandre de Juniac ne peut pas diriger Areva », sur lemonde.fr, .
- Valérie Collet, « Alexandre de Juniac prend la tête d'Air France », Le Figaro, (lire en ligne).
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- « Travail des enfants, 35 heures, droit de grève : l'intervention cash du PDG d'Air France », sur France TV Info, (consulté le ).
- « Autre élément, l’évolution des mœurs par exemple. Je me suis penché sur la réglementation du travail des enfants, qui est un "acquis social". Alors, vous savez que les premières réglementations, elles datent de 1840, il fallait avoir au moins huit ans dans des entreprises qui comptaient au moins vingt employés. Quand on avait moins de vingt employés, on pouvait travailler à moins de huit ans. Puis ensuite c’est monté à 12 ans, ensuite c’est monté à seize ans, etc., c’est assez intéressant, progressivement, ça a évolué. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que même la notion d’enfant a évolué. C’est quoi l’âge d’un enfant de nos jours : est-ce que c’est seize, c’est dix-huit ans, c’est vingt ans, c’est vingt-deux ans ? On pense à donner le droit de vote à des enfants qui ont seize ans. Est-ce que ce sont des enfants, je ne sais plus. Est-ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler, pas sûr ! On les fait travailler à quel âge, en fait ? Vous voyez, c’est un sujet pas évident. […] Les acquis sociaux, ça ne peut qu’évoluer, ça n’est pas une notion figée. Ça, c’est pas du tout français, ou ça n’est pas dans l’acception française, la notion d’acquis sociaux, dans cette notion d’irréversibilité et d’intangibilité. » Source : vidéo en ligne : https://www.humanite.fr/quand-alexandre-de-juniac-pdg-dair-france-parle-des-acquis-sociaux-et-du-travail-des-enfants-586039
- « Alexandre de Juniac seul autour de la table », sur Libération.fr, (consulté le ).
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- AFP, « Alexandre de Juniac largement reconduit a la tête d’Air France-KLM », Agence de presse, (lire en ligne).
- « Alexandre de Juniac : Air France va "essayer de privilégier les départs volontaires" », sur Europe 1, .
- « Alexandre de Juniac était l'invité du Grand Jury », sur rtl.fr (consulté le ).
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- « IATA - CEO Biography », sur www.iata.org (consulté le )
- « Le patron de l'Iata Alexandre de Juniac quittera ses fonctions fin mars », sur LEFIGARO (consulté le )
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- Factual Report AIRFrance-KLM(AFLYY) OTCQX, S&P Capital IQ / McGraw Hill Financial, 14 mars 2014.
- Vincent Nouzille, « Comment un petit club d'avocats et de juristes inspire les lois », sur rue89.nouvelobs.com,
- « Alexandre de Juniac, Air France : "Manager de l'année 2012" », sur Le Nouvel Économiste (consulté le ).
Articles connexes
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