Alexandre Fadeïev (écrivain)

Alexandre Aleksandrovitch Fadeïev (en russe : Алекса́ндр Алекса́ндрович Фаде́ев, né à Kimry le 11 décembre 1901 ( dans le calendrier grégorien) et mort à Moscou le , est un écrivain soviétique, l'un des fondateurs de l'Union des écrivains soviétiques dont il fut le président de 1938 à 1944 et de 1946 à 1954.

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Alexandre Fadeïev
Portrait d'Alexandre Fadeïev.
Naissance
Kimry
Décès
Moscou
Activité principale
écrivain, soldat, président de l'Union des écrivains soviétiques
Distinctions
Auteur
Mouvement réalisme socialiste, stalinisme
Genres
romans

Œuvres principales

Hors de son pays, il n'est plus guère connu aujourd'hui que pour avoir, au Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw, en 1948, qualifié Jean-Paul Sartre, absent de la cérémonie, de « chacal muni d'un stylo » et de « hyène dactylographe », injures qui provoquèrent la stupeur des délégués français, le dégoût de Paul Éluard et la fureur de Pablo Picasso[1],[2].

Biographie

Né à Kimry Alexandre Fadeïev se distingue par son intérêt pour la lecture dès l'âge de quatre ans lors qu'il apprend l'alphabet en observant sa sœur ainée Tania. Dans son enfance, ses écrivains préférés sont Jack London, Thomas Mayne Reid et James Fenimore Cooper. En 1908, la famille déménage dans le kraï de l'Oussouri. En 1912-1918, Fadeïev fait ses études à l’École de commerce de Vladivostok, puis il abandonne tout pour se consacrer à des activités révolutionnaires. Pendant la Révolution russe, il combat au sein de l'Armée rouge bolchévique. Il rejoint les rangs du parti communiste en 1918.

En 1919-1921, il participe aux opérations militaires dans l'Extrême-Orient russe et s'y illustre également comme commissaire politique.

En 1921-1922, il étudie à l'Académie d'exploitation minière de Moscou, l'établissement sous égide du Commissariat du Peuple à l'éducation.

Il est délégué du 10e Congrès du parti communiste qui se déroule du 8 au à Moscou, quand il participe à la répression de la révolte de Kronstadt. Là, il est blessé pour la seconde fois. Démobilisé il reste à Moscou.

En 1927, dans La Défaite (traduit en 1976), il retrace le sort tragique d'un détachement de partisans encerclés et écrasés par les Japonais et les cosaques blancs lors de la guerre civile russe dans le kraï de l'Oussouri.

Il occupe le poste de président de l'Union des écrivains soviétiques en 1938-1944.

En 1945, il publie La Jeune Garde, livre sur l'héroïsme d'adolescents membres d'une organisation clandestine. C'est un hymne à la patrie et à l'homme soviétique, qui obtient le prix Staline.

En , à la suite du scandale provoqué par la publication des œuvres de Mikhaïl Zochtchenko et Anna Akhmatova dans les revues Zvezda et Leningrad, le président de l'Union des écrivains soviétiques Nikolaï Tikhonov est démis de ses fonctions et Alexandre Fadeïev se voit nommé à sa place.

Il prend part à plusieurs attaques publiques contre Boris Pasternak qu'il admire pourtant. Celui-ci remarque à son propos : « Fadeïev me traite bien en personne, mais si on lui ordonne de m'écarteler, il le fera consciencieusement et le rapportera gaiement, bien que plus tard, quand il sera de nouveau saoul, il dira qu’il est vraiment désolé pour moi et que j’étais quelqu'un de très bien. »[3]

Une nouvelle version du roman La Jeune Garde est publiée en 1951, où le rôle joué par le parti communiste se trouve renforcé, selon les critères de la doctrine littéraire soviétique[4].

En 1931, il est le rédacteur en chef du mensuel Krasnaïa nov.

Proche de Staline, il est récompensé de l'ordre de Lénine en 1949. Actif jdanovien, il est fondateur et président de l'Union des écrivains soviétiques, de 1946 à 1954. Par ailleurs, il assure un rôle important au Conseil mondial de la paix, où il devient la courroie de transmission de Staline.

Député du 2e-4e Soviet suprême de l'Union soviétique - du jusqu'à sa mort.

Pendant les dernières années de sa vie, Fadeïev devient alcoolique. Il se suicide d'un coup de révolver à sa maison de campagne de Peredelkino et est inhumé au cimetière de Novodevitchi. La lettre d'adieu de Fadeïev, adressée au Comité central du PCUS, saisie par le KGB n'est publiée qu'en 1990[5]. Il y est écrit :

« Je ne vois pas la possibilité de continuer à vivre, puisque l'œuvre, à laquelle j'ai consacré ma vie, est anéantie par l'ignorance et l'arrogance du parti et maintenant ne peut plus être corrigée. <...> Ma vie d'écrivain perd son sens, et moi, avec une grande joie, je me débarrasse de cette abominable existence, où vous tombent dessus bassesses, mensonges et calomnies. Mon dernier espoir consistait à me faire entendre par les hommes qui gouvernent notre État, mais au cours des trois dernières années, malgré mes demandes, il n'y a eu personne pour me recevoir. <...> Je demande d'être enterré à côté de ma mère.

- Lettre d'adieu de Fadeev au Comité Central du PCUS. Le (Izvestia du Comité central du PCUS - 1990. - n° 10. - pp. 147-151)[6]. »

Famille

  • Père, Alexandre Ivanovitch Fadeïev (1862-1917), membre de Narodnaïa Volia, une organisation anarchiste terroriste russe, puis révolutionnaire professionnel.
  • Mère, Antonina Vladimirovna Kuntz (1873-1954). Après la mort de son mari elle se remarie avec Gleb Illich-Svitych qui élève ses enfants.
  • Sœur, Tatiana Aleksandrovna Fadeïeva (1900-1982). Diplômée de l'Institut des professeurs rouges.
  • Frère, Vladimir Aleksandrovitch Fadeïev.

Notes et références

  1. Ariane Chebel d'Appollonia, Histoire politique des intellectuels (1944-1954). 1. Des lendemains qui déchantent, Bruxelles, Éditions Complexe, 1991, p. 166
  2. "Picasso arrache ses écouteurs comme on trépigne. Éluard les ôte lentement et se met à crayonner. Vercors et Léger se figent. À la tribune, Irène Joliot-Curie et Julian Huxley (présidents de séance, NDA) échangent des billets griffonnés. Borejsza semble un acrobate poignardé. Il dit à D. Desanti : "Voilà, ils ont foutu en l'air mon congrès. C'est donc ça qu'ils sont venus faire !" — Joël Kotek & Dan Kotek, L'Affaire Lysenko ou l'histoire réelle d'une science prolétarienne en Occident, Bruxelles, Éditions Complexe, 1986, p. 130.
  3. Abram Blokh, Советский Союз в интерьере нобелевских премий. Факты. Документы. Размышления ..., p. 229
  4. Marc Slonim (trad. Mary Fretz, Roger Stuveras), Histoire de la littérature russe soviétique, vol. 19, L'Age d'Homme, coll. « Slavica », (lire en ligne), p. 156
  5. (en)Christopher Barnes, Christopher J. Barnes, Boris Leonidovich Pasternak, Boris Pasternak: A Literary Biography, vol. 2, Cambridge University Press, (ISBN 9780521520737, lire en ligne), p. 302
  6. (ru) « Не вижу возможности дальше жить... 34 года ЦК КПСС не решался предать это письмо гласности. Вопрос - почему? », sur rg.ru, (consulté le )

Liens

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