Alain Michel (historien)

Alain Michel est un historien franco-israélien né le à Nancy[1], qui vit en Israël depuis 1985. Il est également rabbin du mouvement Conservative (Massorti) et dirige la maison d'édition Elkana, qu'il a créée en 2003. Il est spécialiste de l'histoire de la Shoah en France et a travaillé de nombreuses années à l'institut Yad Vashem.

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Biographie

Jeunesse

Alain Michel est né à Nancy d'une famille juive d'Alsace-Lorraine. Son père, Paul, représentant de commerce, est issu d'une famille de bouchers juifs traditionnels. Sa mère, Yvonne Lévy, a grandi à Biesheim, un village au bord du Rhin près de Colmar. Il est le cadet de trois enfants. Sa sœur, Claudine, est musicienne et spécialiste de yoga. Son frère, Gérard, est un avocat qui a exercé près de 40 ans au barreau de Nancy.

Alain Michel fait ses études au Lycée Henri-Poincaré, où il obtient le baccalauréat en 1972. Après s'être inscrit à la faculté de sciences (année où il a essentiellement milité à l'extrême gauche, dans le cadre des grèves contre la loi Debré), il entame des études d'architecture qu'il interrompt au bout de deux ans et demi pour étudier l'Histoire.

Parallèlement Alain Michel pratique le scoutisme au sein des Éclaireuses éclaireurs israélites de France (EEIF). De 1973 à 1976, il a dirigé le groupe local nancéien de ce mouvement. Il entre au Conseil d'administration de cette association en . Pendant l'année 1975-1976, il est également l'animateur culturel du Centre communautaire André Spire de la communauté juive.

Historien

En , Alain Michel s'installe à Paris où il a été appelé à travailler au centre national des EEIF. Pendant quatre années il est responsable de la Branche perspective (15 à 17 ans), et s'implique également dans les publications, la formation et les relations avec le scoutisme français. Après avoir quitté son poste de permanent, il est membre de l'équipe nationale du mouvement jusqu'en 1985.

En , il entame à Paris-1 Panthéon-Sorbonne des études d'histoire[1]. Après avoir obtenu la licence, il s'inscrit en 1980 dans le Centre de recherches d'histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme dont le directeur est le professeur Antoine Prost, qui a une forte influence sur sa formation d'historien et sa conception du métier.

En , Alain Michel soutient, devant le professeur Antoine Prost, une maîtrise sur Les Éclaireurs israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale, qui paraît en livre en 1984. Pour son travail, il s'appuie sur des archives des EEIF qui n'ont jamais été exploitées jusqu'alors. Il réalise également un certain nombre d'entretiens, utilisant les techniques d'histoire orale.

En 1985, il s'installe en Israël avec sa famille[1]. Il devient directeur des activités du Centre Yaïr, à Jérusalem, dirigé par Manitou[1]. Responsable du bureau francophone de l'École internationale pour l'enseignement de la Shoah à Yad Vashem, il dirige, en , le premier séminaire destiné à des enseignants francophones[1].

En , il soutient sa thèse d'histoire sur les EEIF, à la Sorbonne (Paris)[1], devant les professeurs André Kaspi, Antoine Prost et Gérard Cholvy.

Entre 1990 et 1994, Alain Michel fait des études de rabbinat à l’Institut Shechter à Jérusalem[1].

Vichy et la Shoah

En 2012, il publie un livre sur le régime de Vichy : Vichy et la Shoah[2]. Il renoue avec les thèses de Léon Poliakov et Raul Hilberg, mises à mal par Robert Paxton qui condamne sans nuance le régime de Vichy. Alain Michel affirme qu'en dépit de l'antisémitisme de Pétain et de ses lois sur le statut des Juifs, la politique de Laval face à l'occupant nazi a permis à près de 90 %[3] des Juifs ayant la nationalité française d'échapper à la déportation[4],[5].

Cette thèse donne lieu à une vive polémique en France lors de la parution du Suicide français d'Éric Zemmour en 2014[6]. Il est alors critiqué par Robert Paxton qui prétend qu'« Alain Michel n'est pas un historien sérieux : on ne peut pas écrire ce qu'il a écrit si on a lu les textes de Vichy et les ouvrages récents sur l'application de ces textes[7] », ce à quoi Alain Michel répond qu'un « historien sérieux n'est pas là pour distribuer les bonnes et mauvaises notes aux autres chercheurs », et que Robert Paxton a lui-même fait « une série d'erreurs stupéfiantes » dans son interview donnée à Rue89[6],[8].

En mars 2020, dans une lettre ouverte destinée à l'UEJF (Union des étudiants juifs de France), il dénonce le caractère scandaleux et inquisitoire du procès intenté par cette association à Eric Zemmour pour avoir affirmé que le gouvernement du Maréchal Pétain avait sauvé les Juifs français. Pour appuyer son propos il fait alors référence aux historiens Antoine Prost et Jean-Marc Berlière ainsi qu'à Léon Poliakov et Raul Hillberg qui, selon lui, ont affirmé la même chose en leur temps.[9]

Œuvres

  • Les Éclaireurs israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale : Action et évolution, Édition des E.I.F. Paris, 1984 (ISBN 978-2950038005).
  • L’Étoile et la francisque – Les institutions juives sous Vichy, avec Maurice Moch et Claire Darmon. Le Cerf, 1990 [recension sur persee.fr (page consultée le 6 novembre 2012)] (ISBN 978-2204041386).
  • Racines d'Israël - 1948, plongée dans 3000 ans d'histoire, Éditions Autrement, 1998 ; réédition 2003 (ISBN 978-2746703605).
  • Bobrek, un sous-camp d’Auschwitz, Yad Vashem, 2010.
  • Vichy et la Shoah – Enquête sur le paradoxe français, CLD éditions, 2012 (ISBN 978-2854435498).

Notes et références

  1. Jacky Tronel, « « Vichy et la Shoah – Enquête sur le paradoxe français » de l’historien Alain Michel », sur prisons-cherche-midi-mauzac.com, (consulté le ).
  2. Alain Michel, Vichy et la Shoah : enquête sur le paradoxe français, préface de Richard Prasquier, éd. Elkana, 2e édition révisée et augmentée, 2015.
  3. Longue interview, sur dreuz.info, 2 juillet 2016.
  4. « Vichy face à la Solution finale », sur herodote.net, 19 mars 2012.
  5. « Vichy, les Juifs et la Shoah », sur afhrc.org, 15 mai 2012.
  6. Interview par Thomas Liabot, « Le livre de Zemmour ne me concerne pas... mais il respecte globalement l'approche qui est faite dans mon livre », sur lejdd.fr, Le Journal du dimanche, (consulté le ).
  7. Pascal Riché, « Robert Paxton : « L’argument de Zemmour sur Vichy est vide », sur rue89.nouvelobs.com, Rue89 (consulté le ).
  8. Voir d'autres commentaires d'Alain Michel sur ses blogs : Vichy et la Shoah sur lemonde.fr et, plus récent : aux éditions Elkana.
  9. rabbin-Dr Alain Michel, « Pétain sauveur des juifs français? Un rabbin prend la défense d’Éric Zemmour, attaqué en justice par l’UEJF », sur Valeurs actuelles (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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