Alain Lacoste

Alain Lacoste, né à Laval le , est un peintre et sculpteur français[1],[2] majeur dans la mouvance des arts singuliers[3],[4].

Biographie

Après avoir suivi une scolarité dans des établissements catholiques, il entame en 1954 des études supérieures d'histoire et de géographie à Rennes, puis Paris. En 1961, il obtient le C.A.P.E.S. puis un D.E.S. d'histoire. Il se marie. De retour du service militaire, il est nommé, en 1963, professeur à Béthune. Une profession qu'il déteste reconnaît-il volontiers en interview : "Je préparais mes cours, puis comme je détestais ce métier, je dessinais pour me défouler. J’ai continué en passant d’autres concours. Autres fonctionnariats, autres calvaires"[5]. Alain Lacoste rêve d'être conservateur. En 1970, son divorce et des problèmes familiaux l'exposent à des problèmes psychologiques. Il séjourne un an dans un hôpital psychiatrique: "Mon premier rendez-vous avec la dinguerie a été bref mais décisif, la folie s'est logée dans le compartiment bricolage de mon cerveau. Et de là, elle a squatté le reste". Il rencontre celle qui deviendra sa seconde femme. En 1975, il devient attaché d'administration suite à un concours. En 1978, il retourne vivre à Laval et entre au Conseil départemental de la Mayenne Alain Lacoste exercera aussi en tant que responsable d’une revue artistique (L’actualité des Arts plastiques) à l’Institut pédagogique de Paris. Il a longtemps habité Athée (Sud-Mayenne). En 1996, il prend sa retraite avec sa femme Danièle et s'installe à côté de Craon.

Peintre, "père de l'art singulier"

Alain Lacoste s’essaie très tôt aux pratiques artistiques en autodidacte et réalise une œuvre impressionnante. Alors professeur d'histoire, il commence par la sculpture sur bois et peint à partir de photographies. Plus tard, il s'oriente vers la réutilisation de déchets, notamment de bois de récupération ou de souches, au profit de son art [6]. Dans les années 1970/75, il devient responsable de la revue « L’actualité des Arts plastiques ».

Beaucoup considère Alain Lacoste comme l'un des pères des artistes singuliers[7],[8]. Ses œuvres, souvent en volume, donnent vie à des scènes de la vie quotidienne, des personnages, des animaux, qui s'emmêlent...

Alain Lacoste joue avec la matière, mais il aime aussi manipuler les mots, souvent avec humour. Il a la passion du titre qui laisse souvent perplexe le spectateur : "la Norme européenne de l'oeuf", "Mal dans son assiette", "Dégommeur de chapiteau", "le Christ bouffé par son auréole"… Le titre participe à la dimension narrative de l'oeuvre. L'artiste a toujours aimé la poésie et pratiqué l'écriture. "Cela me permet donc de trouver facilement mes titres. C’est comme un jeu. Parfois, le temps d’arriver à mon cahier pour noter le titre, j’en ai trouvé un autre"…

Inspiration

Il s'inspire dès les années 70 de l'univers surréaliste belge Paul Delvaux (il appelle d'ailleurs ses peintures naïves néoclassiques, ses "dévaultions"). Sa rencontre dans les années 80 avec l'artiste Robert Tatin est déterminante dans son parcours pictural, "une confirmation" dira-t-il[9]. De même, sa correspondance avec Jean Dubuffet. Alain Lacoste fait aussi la rencontre du peintre Stani Nitkowski avec lequel il se lie, comme Louis Chabaud, Gérard Sendrey qui l'encouragent dans sa démarche artistique anticonformiste. On évoque d'autres artistes encore à son sujet : Gaston Chaissac (dans lequel il se reconnaît), Chomo, Antoine Rigal, mais aussi Marc Chagall. Ses supports varient du bois à la pierre, du papier à la toile, sur lesquels il ajoute dessins, peinture et matériaux qu’il colle les uns aux autres, accordant toujours une grande importance à la matière, en dehors de tout esprit d'école ou de groupe.

En marge des circuits classiques du marché de l'art

Alain Lacoste est toujours resté en dehors des circuits traditionnels de marchands ou de galeristes parisiens. Cependant, en mars 2021, l’Hôtel des ventes de Laval (Mayenne) organise, en pleine pandémie de covid 19, la vente aux enchères de plus de 185 œuvres de l’artiste et une visite virtuelle de l'exposition préalable à cette vente[10]. La vente est une première pour l'artiste et un succès salué par la presse [11].

Ils ont dit de lui

  • Michel Thévoz, historien et conservateur écrit : « Lacoste est capable de déchaîner une tempête dans un tout petit format et de nous faire tanguer sur un bateau ivre… sa peinture est intensément communicative… [son] art désencadré, émasculé et jubilatoire ! »[12].
  • Jean Dubuffet écrira à Alain Lacoste : « C’est pour moi un grand plaisir de rencontrer des exemples ainsi frappants de création et témoignant d’impulsions inventives impressionnantes »[13].
  • Robert Tatin, peintre et sculpteur, qualifie Alain Lacoste dans les années 1980 d'« artiste singulier », bien qu’il se considère lui-même davantage comme « un peintre de variété ».

Expositions et musées

Dès 1982, des oeuvres de l'artiste entrent au musée de la Fabuloserie à Dicy (Yonne). En 2010, le Musée d'Art naïf et d'Arts singuliers de Laval organise une importante rétrospective de son travail. Alain Lacoste offre alors 70 oeuvres à cette institution. En 2016, des oeuvres de Lacoste intègrent le nouveau musée d'Arts brut et singulier de Montpellier. En 2020, le Musée de la Création Franche à Bègles (Gironde) organise une rétrospective de l'artiste: plus d'une centaine d'oeuvres sont exposées[14].

Un grand nombre de ses œuvres sont présentes également au Musée de l'art brut à Lausanne, mais aussi au Muséum Dr Guislain à Gand (Belgique), à la Collection Neuve invention...

Il réalise de nombreuses expositions : Paris, Le Mans, Rennes, Laval... New-York, Michigan [15], Munich, Zagreb, Minsk…

Notes et références

Annexes

Publications

  • Catalogue « Les Jardiniers de la Mémoire », Septembre 1989
  • Revue « Création Franche » N° 4, Novembre 1991
  • Catalogue « Regards sur la collection », Mars 1994
  • Catalogue « Exposition d’enveloppes peintes ou diversement illustrées », Juillet 1994
  • Revue « Création Franche » N° 15, Janvier 1998
  • Catalogue « Les Jardiniers de la Mémoire », Septembre 1998
  • Le Cas Lacoste, 2003
  • Catalogue « Collection Création Franche – 1989-2010 », Septembre 2010
  • Création Franche, Hors-série N° 2, avril 2015

Liens externes

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