Ahmed Khalfan Gailani
Khalfan Gailani, de nationalité tanzanienne, est un détenu de Guantanamo, accusé d'avoir participé à l'organisation des attentats de Nairobi et Dar-es-Salaam en 1998, revendiqués par Al-Qaïda.
Arrêté en juin 2004, à Lahore, au Pakistan, il fut transféré en 2006 au camp de Guantanamo, puis transféré en , sous l'administration Obama, devant une juridiction fédérale.
Premier et unique « combattant ennemi » jusqu'à présent à avoir été jugé devant une juridiction civile, il a été reconnu coupable, en , de conspiration pour destruction de biens américains, et innocenté des 284 autres chefs d'accusation portés contre lui, notamment de meurtres multiples. Bien que susceptible de passer de 20 ans à la perpétuité en prison, ce verdict a conduit les républicains à exiger que les détenus extra-judiciaires des États-Unis soient jugés devant les commissions militaires de Guantanamo plutôt que devant des juridictions civiles, lesquelles écartent les aveux et témoignages obtenus à l'aide de la torture. Il a finalement été condamné à perpétuité et incarcéré dans une prison haute sécurité, ADX Florence au Colorado.
Capture
Il a été interpellé par l'armée en compagnie de Naim Noor Khan, un ingénieur pakistano-britannique. Deux plans d'attaque auraient été retrouvés sur les disques durs de leurs ordinateurs :
- l'un contre les sièges du FMI et de la Banque mondiale à Washington ;
- l'autre contre le métro de Londres, dont la précision des repérages effectués et des informations recueillies, avait conduit les services antiterroristes britanniques à mener une grande vague d'arrestations dans les milieux islamistes pakistanais du « Londonistan ».
En 2006, il fut transféré au camp de Guantanamo avec d'autres détenus importants.
Procès
En , il devenait le premier détenu de Guantanamo à être transféré devant une juridiction de droit commun[1],[2]. On l'accuse notamment d'avoir repéré les lieux des attentats de 1998, d'avoir obtenu le matériel explosif (du TNT) et d'avoir guidé le kamikaze égyptien. Néanmoins, en , le juge Lewis A. Kaplan a rejeté le témoignage d'un chauffeur de taxi tanzanien, Hussein Abebe, qui devait déclarer avoir vendu le TNT à Gailani. Le tribunal a motivé sa décision en affirmant que la CIA avait appris l'existence du chauffeur en torturant Gailani, rendant ce témoignage nul et non avenu[3].
En , après cinq jours de délibération[4], le jury le reconnaît coupable d'un seul chef d'accusation, à savoir conspiration pour destruction de biens américains[4], sur les 285 portés contre lui (dont meurtres multiples et tentatives de meurtres), qui peut cependant lui valoir 20 ans de prison [5] au minimum, voire la prison à perpétuité[4]. Ce verdict, communiqué par le juge de district Lewis A. Kaplan, a conduit le républicain Peter T. King, prochain président de la Commission sur la sécurité à la Chambre des représentants, à demander que les autres détenus de Guantanamo soient jugés devant des commissions militaires, dont le seuil d'acceptation des preuves est plus laxiste[5],[4]. Une loi a notamment interdit au Pentagone de financer le transfert de prisonnier de Guantanamo vers le sol américain[6]. Le , il est condamné à la prison à vie sans possibilité de libération[6].
Notes et références
- Laure Mandeville, Guantanamo : un premier détenu transféré à New York, Le Figaro, 10 juin 2009
- Guantanamo:premier détenu jugé par une cour civile, France 2, 21 mai 2009
- Peter Finn, Ruling in '98 East Africa embassy bombings case is setback for U.S., Washington Post, 6 octobre 2010
- Peter Finn, Ahmed Ghailani, Gitmo detainee, acquitted of all but 1 charge in N.Y., Washington Post, 18 novembre 2010
- Valérie Rohart, A la Une : le premier détenu de Guantanamo jugé par un tribunal fédéral, RFI, 18 novembre 2010
- CNN 25/01/2011
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