Abou Hammou Moussa II

Abou Hammou Moussa II, a été sultan du royaume zianide de 1353 à 1389. Lettré, plus enclin à la diplomatie qu'aux batailles, il dut passer son règne à réprimer des révoltes, à lutter contre les prétendants soutenus par les Arabes et les Mérinides et à se défendre contre les intrigues et les complots de son fils[1].

Biographie

Abu Hamu Musa II est né et élevé à al-Andalus[2], il a fait son éducation à Grenade[3] et devient un fin lettré. Puis, rentré à Tlemcen, il subit la défaite des Zianides face aux Mérinides, il s'enfuit et trouve refuge, à Tunis où il est bien accueilli par les Hafsides[4].

Abu Hamu profite de la mort d'Abu Inan Faris et de la crise de succession qui affaiblit les Mérinides, pour reconquérir Tlemcen où il est intronisé le . Il reconstruit la souveraineté de l'État zianide[5] et veut attester le souverain pouvoir de ses troupes, il attaque Béjaïa en 1366, mais y essuie un échec[3]. Entre 1370 et 1372, il perd de nouveau sa capitale, au profit des Mérinides et se réfugie dans le Gourara-Touat. Puis il restaure à nouveau le sultanat zianide et envisage de déplacer sa capitale à Alger. Il compose également avec les tribus hilaliennes[5].

Sous son long règne (1359-1389, mais interrompu)[2], l'État zianide a une vraie consistance. Il embellit Tlemcen, il fait construire la madrasa Yakoubia, l'une des cinq madrasa édifiées à Tlemcen sous les Zianides, ainsi que la mosquée voisine de Sîdî Ibrâhîm al-Masmûdî[3]. Poète, lettré et artiste, il fait édifier à El Mechouar, le palais de Dâr al-Fath, où il organise des réceptions fastueuses[3]. Tlemcen connaît, sous l'influence de ce monarque cultivé, de brillantes fêtes, en particulier lors de la célébration du Mawlid[4]. Le soufisme se développe également, avec le culte des walîs et autres chorfas. C'est dans cette atmosphère inspirée que se développe l'école musicale gharnati[3].

La fin de son règne demeure troublée, cette fois-ci par des querelles intestines suscitées par son fils aîné Abu Tashfin II[4], alors gouverneur de Ténès. Il est mort ainsi assassiné sur ordre de son fils[5].

Yahya Ibn Khaldoun était son plus proche conseiller et son historiographe. Abu Hamu Musa II a rédigé un ouvrage dans lequel il avait exposé ses vues sur l'art de gouverner : Wasitat al Suluk fi siyasat al Muluk (Le chapelet de perles ou le meilleur comportement politique des rois)[5]. Il est également l'auteur du poème chanté dans le gharnati, al-faradj karib (Que proche est la délivrance), d'inspiration événementielle, fêtant la délivrance de Tlemcen[6].

Notes et références

  1. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 159
  2. « Qantara - Les Abdelwâdides », sur www.qantara-med.org (consulté le )
  3. Gilbert Meynier, L'Algérie, cœur du Maghreb classique : De l’ouverture islamo-arabe au repli (698-1518), Paris, La Découverte, , 358 p. (ISBN 9782707152312), p. 198-199
  4. C. El Briga, « Abū Hammū Musa. (Voir Abd-el-Walide) », Encyclopédie berbère, no 1, , p. 88–89 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.795, lire en ligne, consulté le )
  5. Collectif coordonné par Hassan Ramaoun, Dictionnaire du passé de l'Algérie: de la préhistoire à 1962, Oran, CRASC Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, , 630 p. (ISBN 978-9931-598-01-5), p. 556
  6. « La «Sana'a», «Ala» ou «Gharnata» : un art musical national (Suite et fin) », sur www.lequotidien-oran.com (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Hadjiat Abdelhamid, Le Maghrib central sous le règne du sultan abd al-Wadid Abou Hammou Mousâ II (1323-1389), Université de Provence, 1991.
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