Abbaye de Boulaur

L'abbaye Sainte-Marie de Boulaur, ancien prieuré de l'ordre de Fontevraud, est un monastère de moniales cisterciennes situé à Boulaur dans le département du Gers, en région Occitanie (France).

Abbaye Sainte-Marie de Boulaur

Vue générale de l'abbaye

Diocèse Auch
Patronage Sainte-Marie
Fondation 1140
Origine religieuse Fontevriste
Cistercien depuis 1949
Dissolution 1792-?
1904-1949
Abbayes-filles Rieunette
Période ou style gothique
Protection  Inscrit MH (1972)[1]

Coordonnées 43° 32′ 28″ nord, 0° 46′ 31″ est [2]
Pays France
Province Gascogne
(Duché d'Aquitaine)
Région Occitanie
Département Gers
Commune Boulaur
Site http://www.boulaur.org
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Occitanie (région culturelle)
Géolocalisation sur la carte : Gers

Fondée au XIIe siècle, c'est à l'origine un prieuré fontevriste, supprimé lors de la Révolution française, puis rétabli au XIXe siècle. Les religieuses en sont chassées par les lois d'expulsion des congrégations en 1903.

La vie monastique y est définitivement rétablie en 1949, avec une communauté cistercienne. Celle-ci reste très modeste jusqu'en 1979. À cette date, les sœurs font le choix de prier pour de nouvelles vocations en demandant l'intercession de Claire de Castelbajac. S'ensuit une forte croissance des arrivées. En 2020, la communauté compte vingt-sept moniales.

Le couvent est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 1972.

Historique

Prieuré fontevriste (1140-1904)

L'abbaye Sainte-Marie de Boulaur est fondée en 1142 par Pétronille de Chemillé, abbesse de Fontevraud, avec le soutien de l'archevêque d'Auch et de Sanche Ier, comte d'Astarac. Elle dépendait de l'abbaye de Fontevraud, maison-mère de l’Ordre de Fontevraud. La première abbesse de Boulaur fut Longuebrune, veuve du comte d'Astarac, qui à la mort de son mari avait décidé d'entrer dans les ordres. Le monastère tire son nom du latin Bonus Locus signifiant « Bon lieu », et a donné son nom au village de Boulaur qui s'appelait auparavant Saint Germier, en hommage à Germier de Toulouse, évêque de Toulouse qui évangélisa la région[3]. Le prieuré est cependant considéré comme le plus pauvre de tout l'ordre de Fontevraud[4].

À la Révolution française, le prieuré est déclaré bien national et les religieuses doivent se disperser, le clergé régulier étant supprimé. La vie monastique y revient à la fin du XIXe siècle. Les religieuses en sont de nouveau chassées par les lois d'expulsion des congrégations en 1903[3].

Fondation

Le monastère est restauré en 1949 par des moniales bénédictines souhaitant rejoindre l'ordre cistercien ; elles vivent d'une petite exploitation agricole dont les produits sont transformés et vendus sur place[4]. Le monastère reste un simple prieuré de 1949 à 1990 ; sa prieure est la fondatrice Marie-Pia Le Thomas. En 1979, trente ans après la refondation, l'abbaye ne compte toujours que cinq religieuses[5].

Développement

La prieure est une amie de jeunesse de la mère de Claire de Castelbajac. Elle fait lire à l'abbé général cistercien un recueil de lettres de la jeune défunte ; celui-ci décide, en parallèle avec l'ouverture de la cause de béatification de Claire, de demander aux religieuses de prier pour cinq nouvelles vocations durant l'année 1981. Cinq jeunes femmes se présentent effectivement durant l'année, puis une à deux par an depuis. La communauté accueille également, jusqu'à sa mort en 2005, la mère de Claire de Castelbajac. La tombe de la jeune servante de Dieu y est également déplacée[5].

En conséquence de l'accroissement de la communauté, le monastère est érigé en abbaye en 1990. En 1998, essaime à l'abbaye de Rieunette, près de Narbonne, abandonnée depuis la Révolution, et qui accueille également une petite communauté monastique. En 2021, la communauté de Boulaur compte trente-et-une sœurs, dont la moyenne d'âge n'est que de quarante-trois ans en 2020[6].

Production

Le projet agricole de la communauté est ambitieux ; il est engagé dans une démarche d'agriculture biologique, démarche encore renforcée depuis l'encyclique Laudato si' en 2015. Le verger est notamment en permaculture. Début 2020, les sœurs diffusent sur Internet une vidéo où elles expliquent le projet qu'elles ont de bâtir « une grange cistercienne du XXIe siècle ». Le bâtiment qu'elles veulent construire leur permettra, à leurs dires, de quintupler leur production en accueillant vingt-cinq vaches, une douzaine de cochons, des ateliers, une fromagerie, une charcuterie, un espace d’accueil et une salle d’exposition. Mais, comme il est situé dans le périmètre de protection du monument inscrit qu'est l'abbaye, il doit respecter l'architecture locale en utilisant des matériaux typiques : tuile, pierre, terre, bois. La communauté fait donc appel aux dons, dans une vidéo vue plus de 100 000 fois[7],[8],[6].

En 2017, la surface exploitée est de vingt-sept hectares ; en 2020, elle passe à quarante-cinq[8],[6]. La communauté vit de son travail agricole et des produits transformés qu'elle vend : fromages (deux tonnes et demie par an), pâtés (huit cent kilogrammes annuels), confitures (quatre tonnes par an) et farines. Elle compte entre autres deux sœurs ingénieurs agricoles[9],[10].

Architecture de l'église et des bâtiments conventuels

L'église abbatiale.

L'architecture de l'abbaye est fontevriste et non de type cistercien. L'église abbatiale est bardée de contreforts épais. Une file d'arcatures en plein cintre court sous le toit. Son chevet est à pans coupé et est également flanqué de contreforts. Une galerie est destinée à la défense et à l'observation.

Tout comme le clocher carré, l'église, romane dans sa base, comprend trois travées de voûtes gothiques et deux travées Renaissance. Des fresques du XIVe siècle couvrent les voûtes du chœur et de la travée suivante. Des grilles en fer forgé de l'avant-chœur en tôle repoussée datent du XVIIIe siècle.

À l’intérieur, le cloître est du XVIIe siècle et abrite la statue d'une Vierge à l'Enfant datée fin XIIIe siècle - début XIVe siècle, retrouvée sous un carrelage et baptisée la « Belle Dame » de Boulaur.

L’aile est datée de la fin du XIIIe siècle, avec une construction de briques et pierres alternées, remaniée au XVIIe siècle.

Supérieures et abbesses

Supérieure
  • 1949-1990 : Sœur Marie-Pia Le Thomas, supérieure
Abbesses
  • 1990-2000 : Sœur Marie-Pia Le Thomas
  • 2000-2012 : Sœur M. Pauline Couette
  • 2012- : Sœur M.Emmanuelle Desjobert[11].

Galerie

Notes et références

  1. Notice no PA00094749, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. (it) Luigi Zanoni, « Boulaur », Certosa di Firenze (consulté le ).
  3. « Historique de l'abbaye », Abbaye de Boulaur (consulté le ).
  4. « L’abbaye de Boulaur, ses vaches et son verger », Infos Toulouse, (consulté le ).
  5. Bérengère Dommaigné, « L’incroyable multiplication des sœurs de Boulaur », Aleteia, (lire en ligne).
  6. Christophe Henning, « L’abbaye de Boulaur à la conquête des réseaux sociaux », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  7. Quentin Marais, « Gers. Les sœurs de l’abbaye de Boulaur font un appel aux dons : leur vidéo fait un énorme buzz », Actu.fr, (consulté le ).
  8. Sophie Vigroux, « Pour les moniales de Boulaur, le bonheur est à la ferme », La Dépêche, (ISSN 0181-7981, lire en ligne).
  9. « Dans le Gers, le buzz improbable des sœurs de l'abbaye de Boulaur sur Facebook », La Dépêche, (ISSN 0181-7981, lire en ligne).
  10. Étienne Pépin, « Les sœurs de Boulaur font le buzz sur la toile », RCF, (lire en ligne).
  11. Christophe Henning, « Mère Emmanuelle, nouvelle abbesse de l’abbaye cistercienne de Boulaur », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

  • Jacques Dubourg, Les abbayes de Midi-Pyrénées, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, coll. « Passé Simple », , 192 p. (ISBN 978-2813800206)
  • [Kaniv & You 2019] Emmanuelle Desjobert, « Boulaur », dans Nathalie de Kaniv, François You, L'écologie intégrale au cœur des monastères, Parole et Silence, , 279 p. (ISBN 978-2889591046), p. 83-91.

Articles connexes

Liens externes

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