Étienne Grass

Fils de parents enseignants, Étienne Grass grandit en banlieue de Nancy[2]. Se destinant initialement à intégrer un lycée technique, il prépare finalement le concours d’entrée à l’institut d’études politiques de Paris, dont il est le plus jeune reçu[2].

Il intègre par la suite l’École nationale d'administration, promotion Léopold Sédar Senghor, où il est camarade de promotion du président Emmanuel Macron. Il choisit l’inspection générale des affaires sociales[3].

Il a exercé dans plusieurs cabinets ministériels, comme directeur adjoint (Haut commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté de 2007 à 2009) et Directeur de cabinet (Ministère des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports, de 2012 à 2014).

Avec Martin Hirsch, il est à l’origine de la création du Revenu de solidarité active au sein de la Commission « Au possible, nous sommes tenus » (2005), dont il était le rapporteur[4]. En 2006, il crée avec Martin Hirsch président d’Emmaüs France et Benoit Genuini, l’Agence nouvelle des solidarités actives, une association qui promeut les expérimentations sociales. Il y teste de nouvelles méthodes de politiques publiques qui aboutiront à la création du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, doté par le gouvernement de 150 millions d'euros pour promouvoir des dispositifs s'inspirant d'evidence based policy^[Quoi ?].

Étienne Grass est un spécialiste des questions de santé, qu’il enseigne à Sciences Po. Avec François Bourdillon, il est l'auteur d'un ouvrage sur les inégalités de santé[5]. De 2015 à 2017, il a été le Directeur de la stratégie de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (2015-2017), où il a notamment porté le projet de Campus du Grand Paris Nord. Il a porté personnellement plusieurs chantiers de transformation des hôpitaux de Paris : déploiement de la prise de rendez-vous en ligne pour les patients[6], nouveaux outils d'intelligence artificielle[7], expérimentation des hôtels hospitaliers[8], déploiement du sport sur ordonnance[9]. Il a initié une procédure d'Appel à Manifestation d'Intérêt pour identifier les technologies qui feront les hôpitaux du futur[10]. La démarche a reçu un très large succès, recueillant plus de 380 candidatures[11].

Au moment du Ségur de la santé, il appelle à une transformation du modèle managérial des hôpitaux français[12].

Dans le journal Les Echos du 17 octobre 2020, il souligne le retard du gouvernement français dans sa préparation à l'arrivée des vaccins COVID[13]. Deux semaines plus tard dans "Le Monde", il prend position avec Alain Fischer et Michel Goldman pour préparer plus activement l'arrivée sur le marché des vaccins COVID[14].

Il rédige des chroniques régulières pour le journal Les Échos consacrées aux transformations digitales et aux enjeux éthiques de l'Intelligence Artificielle[15]^,[16]^,[17]^,[18].

Étienne Grass a été le Chef du service des affaires sociales à la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne (septembre 2009-mai 2012). Il est l’auteur d’un ouvrage de référence sur l’Europe sociale (La Documentation Française, 2013)[19].

A l’issue de leur rapport sur les pratiques de disease management[20], Étienne Grass et Pierre-Louis Bras ont proposé en 2006 la création d’un "bouclier sanitaire"[21], une réforme d’envergure du système de participation de l’assuré. Cette réforme consiste à substituer à l’actuel système des affections longue durée, qui assure la prise en charge à 100 % des soins liés aux pathologies chroniques, un dispositif universel de prise en charge. Ce dispositif assure une prise en charge intégrale lorsque la dépense de santé supportée par l’assuré dépasse un seuil d’effort, seuil qui peut être fixé en valeur absolue (les auteurs proposent 800 euros par an) ou en pourcentage du revenu (par exemple, 5 %). Cette réforme a été étudiée par le gouvernement de François Fillion[22] et régulièrement débattue¹⁵[23].

Dans son ouvrage Génération réenchantée (Calmann Levy, 2016)[24]^,[25], Étienne Grass revient sur une proposition qu'il avait déjà développée en 2006 et 2007, notamment dans le cadre des travaux du rapport « Familles, vulnérabilité, pauvreté » et du Centre d'analyse stratégique[26]. La proposition consiste à créer un droit à une Dotation initiale dans la vie active (DIVA) sous la forme d’une dotation de 5000€ disponible pour tous les jeunes, nationaux et européens. Ce droit sera accessible sur des livrets d'épargne dédiés et pourrait financer la création d’une activité professionnelle, la poursuite d’études supérieures ou la réalisation d’une année de césure (service civique, Erasmus). Il pourrait financer également l’acquisition d’un logement ou tout autre projet validé par un comité de citoyens tirés au sort. Les éventuelles sommes non consommées à l’âge de 26 ans pourraient venir abonder le Compte personnel d'activité. Étienne Grass propose plusieurs options de financement de la mesure, dont le coût est estimé à 4,5 milliards d'euros, dont l'une repose sur le recours à la création monétaire, sous la forme de monnaie hélicoptère.

La DIVA s'inspire du courant de « nouvel égalitarisme fondé sur le patrimoine » (asset based egalitarism), qui fait le constant que les inégalités de patrimoine ne sont pas des inégalités comme les autres. Elles sont à la racine d’autres inégalités (l’accès aux études, à la création d’entreprise, aux prêts bancaires, au premier logement…). Elles se transmettent de génération en génération, par l’intermédiaire de l’héritage et des donations. Elles sont celles qui pénalisent le plus la prise de risque.

Cette proposition a été étudiée par Najat Vallaud Belkacem[27] et le Président François Hollande[28]^,[29], dans le cadre de la campagne électorale pour les élections présidentielles.

• Mathieu Larnaudie, Les Jeunes Gens : Enquête sur la promotion Senghor, Paris/72-La Flèche, Grasset, 4 avril 2018, 205 p. (ISBN 978-2-246-81509-9).

• Promotion 2002-2004 de l’École nationale d’administration

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