Établissements Billard
La société anonyme des Établissements Billard & Cie est une entreprise de construction de matériel ferroviaire basée à Tours et spécialisée dans la construction d'autorails légers et de matériels à voie métrique et étroite.
Pour les articles homonymes, voir Billard (homonymie).
Établissements Billard | |
Une draisine Billard, circulant jadis sur le réseau breton et préservée par l'ACFCdN. | |
Création | |
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Disparition | |
Produits | Matériels de chemin de fer |
L'entreprise, créée en 1920, connaît un important développement jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. Confrontée par la suite à de graves difficultés financières, elle disparaît en 1964. Une partie de son activité est reprise par Socofer.
Histoire
En , la « Société Billard, Chatenay et Cie » est créée à Tours par Pierre Billard (1889-1983), Roger Ancelet (1895-1944) et Francis Chatenay (1893-1963), prête-nom de Marcelle Ancelet-Billard (1890-1983).
Dès avant la Grande guerre, Pierre, Roger et Marcelle ont le projet de créer ensemble un atelier d'assemblage d'automobiles et de construction de pièces automobile. Mais les événements les en empêchent.
Pierre Billard étant électricien dans les chemins de fer, il est incorporé dans un régiment destiné au transport ferroviaire où il acquiert des compétences, avant de les sanctionner par un diplôme d'ingénieur ferroviaire. Francis Chatenay déjà dessinateur de réseaux ferroviaires reçoit une bourse a la fin du conflit pour devenir lui-aussi ingénieur ferroviaire. Roger Ancelet, atteint de poliomyélite et ayant de grande difficultés à marcher, ne part pas à la guerre, mais en profite pour acquérir de solides connaissances de gestionnaire par le management des commerces de ses parents et de sa propre entreprise de bois en gros qu'il créé à cette époque. Pour s'assurer des liens familiaux propres à servir la future entreprise projetée, il persuade également sa sœur d'épouser Pierre Billard.
Lors de la création de l'entreprise, Roger Ancelet apporte une partie des capitaux et ses qualités de gestionnaire. Sa sœur Marcelle apporte aussi des capitaux et sera chargée dans l'entreprise de la publicité et de l'événementiel. Francis Chatenay prête son nom à Marcelle Ancelet-Billard pour que celle-ci puisse investir, car les femmes n'ont pas le droit de participer à la création d'entreprises en ce temps-là. Quant à Pierre Billard, issu d'une famille très pauvre, il apporte ses qualités d'ingénieur, son relationnel avec les ouvriers et ses qualités d'inventeur prolifique.
L'entreprise est située d'abord dans un atelier loué près des docks sur la Loire pour construire des pièces automobiles. Puis pour honorer les commandes de plus en plus nombreuses de draisines, Pierre Billard et Roger Ancelet achètent une maison juste devant la gare deux ans plus tard. Ils la font démolir et en reconstruisent une autre faite de deux appartements, l'un pour Roger et l'autre pour Pierre et Marcelle, avec en sous-sol, éclairé par de grandes baies vitrées, un bureau d'études, royaume de Pierre, de ses ingénieurs et dessinateurs industriels. À la même époque, les deux hommes achètent un terrain derrière la gare et y font construire une première usine raccordée au réseau ferroviaire. Dans la foulée, ils achètent une ligne de chemin de fer désaffectée entre Tours et Loches pour en faire leur ligne d'essais pour tous les nouveaux modèles.
En 1928, une nouvelle entreprise est créée, la « Société des Anciens Établissements Billard & Cie » pour pouvoir exporter notamment dans les colonies, mais aussi en Europe. Elle absorbe la précédente et est spécialisée dans la construction de draisines et locotracteurs à destination des réseaux de chemins de fer, des industriels pour les embranchements privés et de l'armée française. Les usines s'agrandissent en 1931 en occupant également les anciens ateliers de la compagnie des chemins de fer de la Vendée ; toute l'activité de construction est transférée sur ce site en 1934[1],[2]. Seul le bureau d'étude et les essais des nouveaux modèles restent sur le site de Tours.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Billard et Cie emploie deux mille salariés, tant dans les bureaux commerciaux à Paris, que dans le bureau d'étude et l'usine à Tours et en Vendée.
À la fin de la guerre, l'entreprise subit plusieurs avanies qui mettent grandement sa continuation en danger : Roger Ancelet, le gestionnaire, meurt de maladie, laissant Pierre seul à gérer l'entreprise. Pierre étant avant tout un ingénieur très inventif, les bénéfices de l'entreprise s'en ressentent dangereusement. Puis dans la nuit du 19 au [3], l'usine de Tours est gravement endommagée dans des bombardements alliés et ne reprend une activité normale qu'au milieu de 1945[4]. Elle travaille alors surtout pour les réseaux de chemin de fer étrangers[5]. La même année, l'entreprise doit aussi lutter contre une tentative de nationalisation orchestrée avec le concours de la Banque de France. Puis en 1957, Marcelle Ancelet et Pierre Billard divorcent, rompant ainsi définitivement l'aspect familial de l'entreprise. En 1956, l'établissement est exproprié dans le cadre de la construction du quartier du Sanitas à Tours[6]. Il est alors envisagé de s'installer dans d'autres locaux (les ateliers du PO à Saint-Pierre-des-Corps[7]), voire de reprendre les établissements Fouga et Cie de Béziers.
Mais Pierre ne parvenant pas à trouver un gestionnaire à la hauteur de ses espérances, les difficultés financières entraînent l'abandon de ces projets et, le , l'entreprise cesse son activité, mettant au chômage 250 personnes[7]. Socofer à Tours et Soulé à Bagnères-de-Bigorre poursuivent alors pendant quelques années la fabrication des modèles Billard[8].
Production
Draisines
Les draisines construites par Billard (DU49, DU50D) ont été livrées aux différents réseaux de chemins de fer secondaires, aux grandes compagnies puis à la SNCF.
À voie étroite (60 cm)
La lettre T indique tracteur, le numéro la puissance du moteur, le D pour diesel (moteur CLM), P pour moteur Panhard ou G pour Génie (militaire) et le dernier numéro pour le nombre d'essieux.
Par ordre chronologique de construction, on trouve les :
- T50D
- T50D3
- T80D3
- T75D
- T75P
- T75G
- T100D
Ils sont avant tout conçus pour l'industrie, en particulier pour le transport de betteraves (T50D2 et T80D3), ou pour les chemins de fer militaires français. Ils seront utilisés entre autres pour la desserte de la ligne Maginot, mais surtout par les troupes d'occupation allemandes et l'organisation Todt.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les T75D et les T100D furent utilisés à leur tour dans les industries betteravières, des carrières, les sablières de Nemours.
À voie normale
Différents types de locotracteurs, dont 130 exemplaires de la série Y 7100, sont réalisés pour la SNCF[8]. Socofer a aussi eu la charge du projet Y9000 pour la livraison de 110 locotracteurs à INFRA, dont 22 réalisés par ses soins, les 88 autres étant faits au Technicentre de Rouen Quatre Mares.
Autorails
Les autorails pour de nombreux réseaux de chemins de fer secondaires français
- A 80 D ;
- A 135 D ;
- A 150 D ;
- A 150 D1 ;
- A 150 D2 ;
- A 150 D6 ;
- A 210 D ;
- les réseaux de la Compagnie de chemins de fer départementaux
- Corse,
- Vivarais,
- Indre et Loire,
- Seine-et-Marne…
- La compagnie des Tramways d'Ille-et-Vilaine,
- Les réseaux d'Outre mer :
- Madagascar
- La Réunion
- Ceux de l'AOF:
- Dakar Niger
- Dahomey
- En Éthiopie :
- Le Chemin de fer franco-éthiopien recevra également en 1964 deux rames automotrices de 550 ch, pour sa ligne Djibouti - Addis-Abeba[9].
Divers réseaux européens
- En Grèce
- En Espagne
- En France
La solidité de son matériel et la simplicité de sa construction, font que beaucoup d'engins de cette firme circulent toujours aujourd'hui.
Voitures
- R 210 (remorque d'autorail)
Matériel Billard préservé
Locotracteurs
- Type T 50
- Type T 60D, sur le Petit train d'Artouste
- Type T 75, en plusieurs variantes (dont le prototype de la série, et des exemplaires militaires) sur le Tacot des Lacs, au Train Touristique de Saint Trojan ou bien encore à l'APPEVA, au Chemin de fer touristique du Tarn au Train de Rillé ainsi qu'au Fort d'Uxegney
- Type T 100
- Locotracteur type T75G N° 232 préservé au musée de l'APPEVA.
- Locotracteur type T75P N° 239, volets déposés, du Train de Rillé.
Voie métrique
- Type A 150 D
- X 153, ex-AM 20, Tramways d'Ille-et-Vilaine Portes les Valence (particulier)
- 211, cabine côté compartiment voyageurs, Ardèche miniatures
- 212, Voies Ferrées du Velay
- 213, Chemin de fer du Vivarais, classé MH
- 214, Chemin de fer du Vivarais
- Type A 80 D
- 313, Voies Ferrées du Velay
- 314, Chemin de fer du Vivarais
- 315 Voies Ferrées du Velay, confié au MTVS par convention avec le SIVU pour le maintien de la ligne touristique ferroviaire Dunières - Saint-Agrève
- 316 Chemin de fer du Vivarais
- 513 Chemins de fer de la Corse
- Type A 150 D2 Articulé
- type A 150 D8
- Remorques R 210
- 3, Chemin de fer du Vivarais
- 7, Voies Ferrées du Velay ex-Corse
- 11, Chemin de fer du Vivarais
- 22, Chemin de fer du Vivarais
- Remorques issues de la transformation d'autorail A 150 D
- R 5, MTVS, ex-AM 20, Tramways d'Ille-et-Vilaine
- R 6, chemin de fer de la baie de Somme, ex-AM 23 Tramways d'Ille-et-Vilaine.
- XR 113, « Cercle Ferroviaire Corse » à Calenzana-Lumio, ex-no 113 CFD Corse de 1938.
- Remorques issues de la transformation d'autorail A 80 D
- XBD 242, MTVS (arrivée sur le site de Crèvecœur-le-Grand le 4 février 2016), ex-A80D no 32 de 1937 ayant roulé sur les CFD Charentes,les CFD Yonne, le BA, le POC et sur les chemins de fer Corse en tant que remorque après démotorisation.
- Remorques messageries
Voie normale
- Type A 75 D
- X 901, Chemin de fer touristique de la Sarthe ex-Chemin de fer Mamers-Saint Calais (MStC)
- X 902, Train des Mouettes accompagné d'une remorque (Propriété FACS)
- X 903, Chemin de fer touristique de la Sarthe ex-Chemin de fer Mamers-Saint Calais (MStC), Classé MH (1997)[10].
- X 907, Transvap, en attente de réparation après accident au CFTR.
- X 915 2, Agrivap, garé sous abri en attente de restauration.
Véhicules transformés et modernisés
- XR 1331 (Chemins de fer de Provence), ex-RL1, origine CP, transformé par Garnéro, Carros. Préservé par Velay Express
- XRD 1333 (Chemins de fer de Provence), ex-RL3, origine CP, modifié messagerie caisse d'origine
- XRD 1337 (Chemins de fer de Provence), ex-RL7, origine CFD Vivarais 33, transformé par Garnéro, messagerie
- XR 104 (Chemins de fer de la Corse) ex-autorail A 210 D1, no 105, transformé par Garnéro, prêté aux CP mais mis à la ferraille en avant son départ sur le continent à la suite d'un incendie
- XR 105 (Chemins de fer de la Corse) ex-autorail A 210 D1, no 106, transformé par Garnéro, prêté aux CP
- XR 113 (Chemins de fer de la Corse) ex-autorail A 150 D1, no 113, transformé par Carde, Bordeaux
- XRD 242 (Chemins de fer de la Corse) ex-autorail A 80 D, no 32, origine CFD Charentes caisse d'origine
- XR 526 (Chemins de fer de la Corse) ex-autorail A 150 D6, N° AM28, origine Tramways d'Ille-et-Vilaine, mis à la ferraille le .
- Remorque XR 1331 à Nice.
- Remorque X 1337 des CP, transformée par les établissements Garnéro.
- La remorque XR 113 des Chemins de fer de la Corse.
- Remorque XRD 242 des chemins de fer de la Corse à Bastia.
Galerie photo
- Autorail type A 50D des VFIL Oise.
- Autorail type A 50 DL des VFIL Oise.
- Autorail type A 50 DL.
- Autorail AD1 de 1934 du chemin de fer Congo-Océan.
- Autorail type A 150 D7 pour l'Espagne.
- Autorail SNCF X 5600 FNC.
- Autorail type A 210 D pour la Corse.
- Autorail type A 80 E pour Madagascar.
- Autorail A 80D 313 en gare de La Voulte sur Rhône.
- Autorail type A 150D, n° 213 à Saint-Agrève.
- Autorail articulé Billard A150D2 série 221-224, 1939.
- Draisine Billard n° 3 ex-Réseau breton au Chemin de fer-musée Blonay-Chamby.
- Draisine Billard, préservée au Chemin de fer à vapeur Termonde - Puers belge.
- Draisine n° 4070 Billard.
- Draisine Billard.
- Draisine type Billard D 50 D 6 BE de 1963.
- Autorail 214 préservé par le Chemin de fer du Vivarais, typique de nombreux chemins de fer secondaires français.
- La remorque messagerie Billard RM30 des Voies ferrées du Velay.
- Autorail type A 75 D no 903 et 901.
Notes et références
- Chapuis 1981, p. 40.
- Monteil et Colombier 2003, p. 93.
- « Le 20 mai 1944, Tours dans un décor d'apocalypse », La Nouvelle République du Centre-Ouest, (lire en ligne).
- Monteil et Colombier 2003, p. 94.
- Monteil et Colombier 2003, p. 96.
- L’histoire du Sanitas en images, sur tmvtours.fr.
- Monteil et Colombier 2003, p. 98.
- Chapuis 1981, p. 44.
- Jean-Pierre Crozet, « Les autorails Billard-Soulé », sur LE CHEMIN DE FER FRANCO-ÉTHIOPIEN de DJIBOUTI à ADDIS-ABEBA de 1900 à 1980, (consulté le ).
- Notice no PM72001291, base Palissy, ministère français de la Culture.
Bibliographie
- Yves Broncard, Autorails de France : Les Autorails légers des années 1930, Les Autorails légers des années 1940, Billard (Band 4), Édition La Vie du rail, Paris, 2007 (ISBN 2-915034-68-0)
- Jacques Chapuis, « Billard, un grand nom pour les secondaires », La Vie du Rail, no 1784, , p. 39-44.
- Bernard Monteil et Christine Colombier, « Les ateliers du chemin de fer de Tours et de sa région », Revue d'histoire des chemins de fer, nos 28-29, , p. 73-99 (ISSN 0996-9403)
- Jean-Claude Riffaud, Les automotrices Billard, monographie parue dans le N° 24 (1982-4) de la revue Magazine des tramways à vapeur et des secondaires
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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