Épuration (politique)
Dans le domaine socio-politique, l’épuration, terme utilisé au sens propre en matière physique, chimique, ou médicale, consiste en l’élimination du corps social des membres jugés indignes d’en faire partie ou considérés comme indésirables.
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On parle dans le même sens de purge, mais ce mot a pris un sens historique précis, désignant les purges dans l’appareil communiste.
Parmi les vagues d’épuration historiques, en France, on compte notamment :
- l'épuration démarrée après la répression des journées de Juin 1848 qui voit notamment une « grande purge » de l'enseignement public entre 1848 et 1852, avec l'élimination des instituteurs, professeurs et membres de la haute administration ayant manifesté des sympathies pour les idées démocratiques ou « sociales », mais aussi la dissolution du Conseil d'État et d'autres corps[1] ;
- l'épuration de la fonction publique (1877-1883), lors de l'installation de la Troisième République qui voit, après la crise du 16 mai 1877 se succéder une « orgie de fonctionnaires républicains » par les conservateurs (Mac Mahon, De Broglie et Fourtou) puis un mouvement de sens inverse de « main-mise sur la fonction publique » par les ministres républicains à partir de 1879[2] ;
- l'affaire des fiches, épuration des officiers catholiques entre 1900 et 1913, avec l'aide du Grand Orient de France ;
- l’épuration par le régime de Vichy entre 1940 et 1944 ;
- l’épuration à la Libération ;
Dans le reste du monde, les évènements suivants sont des épurations :
- la purge de Pride en 1648, au cours de la deuxième guerre civile anglaise ;
- l’épuration et les Grandes Purges en Union soviétique dans les années 1930 ;
- l'épuration au sein du parti nazi contre la SA en 1934 ;
- l’épuration communiste en Europe de l’Est entre 1945 et 1965 ;
- l’épuration anti-communiste aux États-Unis entre 1950 et 1955 ;
- l’épuration maoïste en Chine communiste ;
- les massacres anti-communistes de 1965 en Indonésie .
Citations
- Le dictionnaire de l’Académie française, dans sa huitième édition (1932), donne : « Épuration d’un corps politique, d’un personnel administratif ».
- « Poursuivre sans faiblir cette épuration de nos cadres » (Joseph Joffre, Mémoires, t. 1, 1914, p. 478)
Jean Anouilh
- D'ANOUVILLE un peu triste - Votre majesté compte faire une épuration ?
- NAPOLÉON frappé - Épurer ! Voilà un mot auquel je n'aurais pas pensé. (Il considère d'Anouville.) Vous ne manquez pas de talent, mon petit. C'est dommage que *vous soyez dans la lune, je vous aurais employé ! Jusqu'ici on avait toujours parlé de répression. C'était trop franc. (Il se met le mot dans la bouche avec ravissement.) « L'épuration. » Cela a un petit air hygiénique. C'est une trouvaille ! Vous avez des tablettes ? (D'Anouville lui en tend.) Je note le mot. (Il répète, ravi.) « L'épuration. » (Il a une idée.) Et purge, peut-être ? Non, ça fait sale, ça fait colique. (Il répète, satisfait.) « L'épuration. »
[...]
- NAPOLÉON - Je fais ma liste pour l'épuration. J'ai besoin de vous.
- LE MARÉCHAL surpris - L'épuration ?
- NAPOLÉON ravi - Oui. C'est un nouveau mot que j'ai trouvé ! Répression n'est plus dans ma nouvelle ligne.
- Jean Anouilh, La Foire d'empoigne.
Références
- Paul Gerbod, Claude Goyard, Pierre Guiral et Pierre Sandevoir, Les épurations administratives: XIXe et XXe siècles, Librairie Droz, 1977-11-xx (ISBN 978-2-600-03379-4, lire en ligne), p. 91, 108
- Paul Gerbod, Claude Goyard, Pierre Guiral et Pierre Sandevoir, Les épurations administratives: XIXe et XXe siècles, Librairie Droz, 1977-11-xx (ISBN 978-2-600-03379-4, lire en ligne), p. 41
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