Éphèbe de Critios

L’éphèbe de Critios est une statue grecque antique en marbre de Paros découverte sur l'acropole d'Athènes, attribuée au sculpteur Critios et datée des environs de

L'Athéna Angélètos, le Moscophore et l'éphèbe de Critios au moment de leur découverte, en 1865.

Éphèbe de Critios
Type Kouros en marbre
Dimensions 86 cm
Inventaire 698
Matériau Marbre de Paros
Méthode de fabrication Sculpture, ronde-bosse
Période Transition entre la sculpture archaïque et le style sévère
(vers 480 av. J.-C.)
Culture Grèce antique
Date de découverte 1865
Lieu de découverte Acropole d'Athènes (Perserschutt)
Coordonnées 37° 58′ 09″ nord, 23° 43′ 42″ est
Conservation Musée de l'Acropole d'Athènes, salle des œuvres archaïques
Signe particulier Attribué à Critios

Découverte

La statue a été découverte en 1865 lors des travaux de fondation de l'ancien musée de l'Acropole à Athènes. On retrouve d'abord le torse et une partie des membres. Vingt-trois ans plus tard, la tête est retrouvée entre le musée et le mur de l'acropole. Elle était enfouie dans le dernier niveau de gravats qui correspond aux destructions occasionnées lors de la Seconde Guerre médique et du pillage de l'Acropole[1], en La découverte de la tête est un élément essentiel pour la datation de la statue et son étude stylistique.

Dans un premier temps, la tête 699 de l'Acropole, en marbre de Paros, datable du milieu du Ve siècle av. J.-C. et trouvée en même temps que le torse, a été considérée comme appartenant à la statue dans la reconstruction réalisée par Adolf Furtwängler de 1878 à 1880. La tête qui complète actuellement le torse de l'éphèbe a été retrouvée en 1888 lors des travaux et fouilles menés par Panayiótis Kavvadías et Georg Kawerau, entre le musée et les murs sud de l'Acropole : immédiatement reconnue comme appartenant au torse 698, la tête se substitua à la précédente.

Humfry Payne (en) a été le premier à mettre en évidence les éclats présents sur les parties jointives du torse et de la tête, qu'il croyait avoir été pratiquées dans l'Antiquité lors d'une réparation[2] La statue a subi une première restauration dans les années 1950 ou au début des années 1960 lorsque le bouchon de fer qui maintenait les deux parties ensemble a été remplacé par un bouchon de bronze plus sûr. Un joint en stuc, ajouté entre les deux parties, a conduit à un allongement du cou d'environ 1 cm et à une position arbitraire de la tête par rapport au corps. En 1987, une seconde opération de restauration a mis en lumière l'arbitraire de la première et a permis de comprendre comment les deux surfaces s'emboîtent effectivement en certains points, notamment sur le devant et la droite du cou, conduisant à les reconnaître comme originellement pertinentes, une pertinence également confirmée par l'observation de la musculature qui se poursuit sans interruption à travers la fracture. De gros éclats sont présents sur le devant du cou et sur le dos. Le type d'endommagement ne peut résulter d'une réparation antique et les éclats ovales, observables sur le devant et l'arrière du cou, semblent plutôt résulter d'une décapitation intentionnelle.

Description

La statue représente un éphèbe, un jeune homme nu, dans une position naturelle, les bras le long du corps. L'échelle est notablement plus petite que nature, la statue mesurerait complète environ 1,17 m. Il manque les deux avant-bras et le bas des jambes. On retrouve là une forme évoluée des anciens kouroi, mais pour une des premières fois dans la sculpture grecque, la position du corps présente l'attitude en contrapposto : un déhanchement qui met le poids du corps sur une seule jambe et une légère rotation de la tête.

Contrairement aux kouroi du style archaïque de la sculpture grecque de -650 à -500 - les yeux sont creux, ils devaient être incrustés de pierres ou de verres colorés et le sourire a pratiquement disparu, remplacé par une expression plus profonde. Le modelé général du corps est plus réaliste.

Il se pourrait aussi que la statue soit une représentation du héros Thésée et non une représentation anonyme, offrande à un temple ou décor d'une tombe. L'attribution à Critios provient de la ressemblance de la tête avec celle d'Harmodios, un des deux Tyrannoctones, œuvre de Critios et de Nésiostès, connue par des copies romaines. D'autre part, l'incrustation des yeux fait penser au travail d'un sculpteur bronzier comme l'était aussi Critios.

Étude stylistique

L'Apollon Strangford, vers

Par son apparence générale encore un peu hiératique, mais aussi par son traitement déjà très naturaliste, l'éphèbe de Critios est souvent considéré comme un exemple de la transition entre le style archaïque tardif de la fin du VIe siècle av. J.-C. et le premier classicisme[3], encore appelé style sévère.

La statue de Critios montre une évolution, ou une virtuosité sculpturale, très nette par rapport à l'Apollon Strangford du British Museum antérieur de quelques dizaines d'années seulement ; les volumes sont plus modelés et, comme le dit John Boardman, c'est « l'œuvre d'un sculpteur pour qui le corps humain n'est plus un mannequin aux membres raides, mais une structure de chair et d'os. »[4]

La coiffure est particulière, avec un bourrelet circulaire, très proche du style de celle de la tête de l'éphèbe blond (marbre, vers 490-, musée de l'Acropole, no 689. H. 25 cm). Elle aussi a été trouvée sur l'Acropole, elle présente des traces de peinture brun jaune dans les cheveux ce qui peut faire penser que l'éphèbe de Critios était lui aussi peint à l'origine. Une autre tête de jeune homme en bronze du musée national archéologique d'Athènes, datée de la même époque, montre ce type de coiffure et possède encore l'incrustation des yeux.

Exposition

Bibliographie

  • André Joubin, La sculpture grecque entre les guerres médiques et l'époque de Périclès, Paris, Hachette, 1901 [lire en ligne].
  • John Boardman, La Sculpture grecque classique, Thames & Hudson, coll. « Histoire de l'art », Paris, 2003 (ISBN 2878110862).
  • Le miracle grec, hors-série no 2H de la revue Archéologia, 1993.
  • (en) Jeffrey M. Hurwit, « The Kritios Boy: Discovery, Reconstruction and Date », Journal of Archaeology, volume 93, no 1, pp. 41-80 [lire en ligne].

Notes et références

  1. Michel Kaplan, Le Monde grec, Bréal, 1995.
  2. Humfry Payne, Paolo Enrico Arias, La sculpture archaïque en marbre de l'Acropole, Rome, 1981, (ISBN 88-7062-500-1), p. 69-70
  3. Adolf H. Borbein, « Polykleitos », Personal Styles in Greek Sculpture (s. dir. Olga Palagia et Jerome J. Pollitt), Cambridge University Press, 1998, p. 71.
  4. John Boardman, L'Art grec, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Paris, 1989 (ISBN 9782878110012)[Où ?].

Articles connexes

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