Émeutes de 1962 à l'université du Mississippi

Les émeutes de 1962 à l'université du Mississippi (Ole Miss riot of 1962) ont débuté le à l'université du Mississippi, surnommée localement Ole Miss. Elles ont impliqué des civils ségrégationnistes, des forces de l'État du Mississippi ainsi que des forces fédérales américaines.

Le chef du United States Marshals Service James J. P. McShane (en) (gauche) et l'assistant du procureur général aux droits civiques John Doar (en) (droite) escortant James Meredith en classe à Ole Miss.

Les ségrégationnistes reprochaient l'inscription et la fréquentation de l'université par le militaire afro-américain James Meredith.

Lors de la première nuit, deux civils ont été tués, dont un journaliste français, et près de 70 personnes ont été blessées. Jusqu'à la fin du conflit, environ 300 personnes seront blessées[1], dont près d'un tiers des marshal déployés sur le campus.

Des frictions sont demeurées entre les forces étatiques et fédérales au cours des semaines suivant la fin des émeutes.

Histoire

Contexte

En 1954, la Cour suprême des États-Unis statue dans le jugement Brown v. Board of Education que la ségrégation dans les écoles publiques est inconstitutionnelle. Diplômé de l'université d'État de Jackson et vétéran de l'United States Air Force, Meredith applique à l'université du Mississippi. Mise au courant de la situation, l'administration Kennedy a plusieurs discussions avec le gouverneur Ross Barnett et son équipe à propos de la protection de Meredith. Cependant, Barnett affirme publiquement que la ségrégation se poursuivra à l'université.

Émeutes

Des étudiants blancs ainsi que des manifestants provenant des quatre coins de l'État démarrent une émeute sur le campus d'Oxford (Mississippi). La police d'État est dépassée par les événements et le procureur général Robert Francis Kennedy ordonne à 500 marshals de se rendre sur les lieux.

Les frères Kennedy étaient réticents à utiliser les forces fédérales pour plusieurs raisons. Robert Kennedy espérait que les moyens légaux, conjugués avec la présence des marshals, suffirait à forcer le gouverneur à se conformer[2]. Il craignait également une « mini guerre civile » entre l'armée et les manifestants[2]. Cependant, avec la montée de la violence, ils ont dû se résigner à faire intervenir les forces fédérales[3].

Le président John Fitzgerald Kennedy ordonne à la police militaire de l'United States Army d'intervenir. Des milliers d'hommes, incluant l'United States Border Patrol et la garde nationale, ainsi que du personnel médical de l'U.S. Navy, sont alors envoyés sur les lieux.

Lors de la première nuit, deux personnes sont tuées : le journaliste français Paul Guihard[4], envoyé par le journal londonien Daily Sketch et retrouvé derrière un édifice avec une blessure par balle derrière la tête, et Ray Gunter, un réparateur de juke-box de 23 ans qui visitait le campus. Les officiers de justice ont affirmé que les deux morts ressemblaient à une exécution[5].

Conséquences et héritage

« Dans une victoire majeure contre la suprématie blanche, nous avons infligé un coup décisif à la résistance des Blancs contre le mouvement des droits civiques et amené le gouvernement fédéral à utiliser sa puissance pour soutenir le combat des Noirs pour la liberté[trad 1]. »

 Charles W. Eagles, The Fight for Men's Minds[8]

  • Le gouverneur Barnett a été condamné à verser une amende de 10 000 dollars américains ainsi qu'à une peine de prison pour outrage au tribunal. Les charges ont été par la suite annulées par la cour d'appel.
  • Les événements ont inspiré à Bob Dylan la chanson Oxford Town (en).
  • La partie du campus où se sont déroulés les affrontements, Lyceum-The Circle Historic District (en), a été désigné site historique national.
  • Le , le Civil Rights Monument, intégrant une statue à l'effigie de Meredith, est inauguré pour souligner le combat de ce dernier, et de plusieurs autres, pour un accès de tous les citoyens du sud à l'éducation[9],[10]. Une statue de Meredith est érigée sur le campus pour commémorer son rôle historique.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ole Miss riot of 1962 » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) « In a major victory against white supremacy, he had inflicted a devastating blow to white massive resistance to the civil rights movement and had goaded the national government into using its overpowering force in support of the black freedom struggle. »
  1. (en) Debbie Elliott, « Integrating Ole Miss: A Transformative, Deadly Riot », sur npr.org, .
  2. Schlesinger 2002, p. 317-320
  3. Bryant 2006, p. 71.
  4. (en) « Though the Heavens Fall (5 of 7) », TIME, (lire en ligne, consulté le )
  5. Bryant 2006, p. 70-71.
  6. (en) « 1962: Mississippi race riots over first black student », BBC News - On this day, (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Leslie M. Alexander et Walter C. Rucker, Encyclopedia of African American History, Volume 1, ABC-CLIO, , p. 890.
  8. (en) Charles W. Eagles, « 'The Fight for Men's Minds': The Aftermath of the Ole Miss Riot of 1962 », The Journal of Mississippi History, vol. 71, no 1, , p. 1–53 (lire en ligne)
  9. (en) « Civil Rights Monument », sur http://www.olemiss.edu
  10. (en) Alan Blinder, « Racist Episodes Continue to Stir Ole Miss Campus », sur The New York Times,

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Nick Bryant, « Black Man Who Was Crazy Enough to Apply to Ole Miss », The Journal of Blacks in Higher Education, no 53, , p. 60–71 (lire en ligne[archive du ]). 
  • (en) Arthur Jr. Schlesinger, Robert Kennedy and His Times, New York, First Mariner Books, (ISBN 0-618-21928-5). 

Articles connexes

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