Élisa Schlésinger

Élisa Schlésinger ( à Vernon à Illenau), née Caroline-Élisa-Augustine Foucault, est une femme française connue principalement pour avoir été l'égérie de Gustave Flaubert tout au long de sa vie et le modèle de certains de ses personnages romanesques.

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Biographie

Née à Vernon, elle y épouse en premières noces Émile-Jacques Judée (né à Issoudun le ), puis après son veuvage, elle épouse en 1840, Maurice Schlesinger, avec qui elle vit depuis huit ans déjà. Maurice Schlésinger, né à Berlin le , ancien hussard de Brandebourg, est directeur de la Gazette et revue musicale de Paris, activité semblable à celle de son père à Berlin (fondateur de la Schlesingersche Buch und Musikalienhandlung). Richard Wagner a tracé dans Ma vie un portrait sévère de Schlésinger, homme dur et sans scrupules en affaires, qui ressemble beaucoup à celui de Jacques Arnoux dans L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert ; tout musicien doit remonter à Schlésinger, s'il veut assurer son avenir.

Dans le couple Schlésinger encore illégitime, naît une fille, Marie-Adèle-Julie-Monica, le , reconnue par son père, mais déclarée « de mère inconnue », puisque Élisa est toujours mariée à Judée (qui a disparu, selon un accord entre les deux hommes — Émile Gérard-Gailly en a fourni les preuves[réf. nécessaire]).

Élisa Schlésinger et Gustave Flaubert

C'est sous le nom de ce second mari qu'Élisa passera à la postérité pour avoir été l'objet de la passion de Gustave Flaubert tout au long de sa vie sentimentale pourtant tumultueuse.

Leur première rencontre eut lieu à Trouville-sur-Mer durant l'été 1836 et ce fut comme une brûlure qui laissa une cicatrice au cœur du jeune homme. Il avait 15 ans, Élisa 26, et l'enfant d'Élisa quelques mois. Elle était déjà connue sous le nom de Mme Schlésinger, bien qu'elle ne fût pas encore remariée puisqu'elle n'était pas encore veuve. À cette époque, le divorce n'existait pas. Un second enfant naîtra dans la légalité du mariage, le et sera prénommé Adolphe-Maurice. En 1838, Flaubert publie Mémoires d'un fou, son premier roman de jeunesse, où transparaissent déjà des portraits d'Élisa Schlésinger.

Gustave Flaubert fréquenta la maison Schlésinger durant ses études de droit à Paris, et, pour maintenir le contact avec Élisa, il entretiendra des relations épistolaires avec Maurice, le mari (mais à double lecture pour un cœur aimant), y compris après le départ définitif de la famille Schlésinger pour Baden en Allemagne, dans le courant de l'année 1852. Il y racontera ses déboires juridiques après la publication de Madame Bovary, et restera aussi en contact avec le fils Schlésinger, à Paris.

Dans une lettre à son ami Flaubert du (Correspondance de Flaubert, vol. III, p. 848, La Pléiade), Maxime du Camp, alors à Baden-Baden, annonce à Flaubert qu'Élisa Schlésinger est internée dans une maison de santé, atteinte de lypémanie (dépression). Plusieurs autres internements suivront.

Le , Flaubert commence à écrire L'Éducation sentimentale après être retourné à Trouville pour raviver ses émotions. Il y exprime cet amour toujours comprimé en lui.

Élisa sera veuve pour la seconde fois en , et, à l'occasion de la succession, devra retourner à Trouville. Une correspondance entre les deux amis atteste d'une visite d'Élisa à Croisset (qui serait la seconde). La dernière lettre adressée à cette femme si désespérément aimée est datée du .

La vie d'Élisa Schlésinger n'aura été qu'une suite de sacrifices et de renoncements qu'elle aura dû taire, bien que les lettres entre Flaubert et elle révèlent des sentiments forts et cependant contenus. Elle mourra dans l'asile d'aliénés d’Illenau, près de Baden, le . On ignore si elle a jamais su la mort de Gustave Flaubert survenue le .

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