embrasser

Français

Étymologie

(1080) Verbe dérivé de brasser avec le préfixe en-, de bras → voir embracier en ancien français.

Verbe

embrasser \ɑ̃.bʁa.se\ 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Serrer, étreindre avec les deux bras.
    • Embrasser étroitement.
    • Priam se jeta aux pieds d’Achille et lui embrassa les genoux.
    • Cet arbre est si gros, que deux personnes ne sauraient l’embrasser.
  2. (Par analogie) Entourer, contourner.
    • Le lierre embrasse cet ormeau.
    • Cette rivière se sépare en deux et embrasse une grande étendue de terrain.
  3. Contenir quelque chose dans toute son étendue.
    • L’ancien empire germanique embrassait une grande partie de l’Europe.
  4. (Figuré) Saisir par le regard, par la pensée quelque chose dans toute son étendue.
    • Je me fis conduire les yeux fermés, par mon guide, à l’endroit le plus favorable pour embrasser d’un seul coup-d’œil la double chaîne des Alpes.  (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, La Revue des Deux Mondes, tome 1, 1833)
    • Quand on sait peu, on éprouve le besoin de tout embrasser ; quand on sait beaucoup, on sent la nécessité de tout résumer.  (Jean-Jacques Ampère, La Chine et les travaux d’Abel Rémusat, Revue des Deux Mondes, tome 8, 1832)
    • Pour élucider cette idée, je me propose d’embrasser l’Univers dans un seul coup d’œil, de telle sorte que l’esprit puisse en recevoir et en percevoir une impression condensée, comme d’un simple individu.  (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire)
    • La conviction de l’existence d’un objet éternel, embrassée quand on est jeune, donne à la vie une assiette particulière de solidité.  (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 193.)
    • La littérature érotique embrasse plus de réalités psychologiques que la morale bourgeoise ne voulait en connaître, et que le puritanisme n’en tolère.  (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l’Amour, Albin Michel, 1961, page 41)
  5. (Équitation) Serrer avec les cuisses son cheval pour être plus ferme.
    • Embrasser bien son cheval.
  6. (Figuré) S’attacher à quelque chose par choix, par préférence.
    • Ces docteurs confondent, par un grossier sophisme, un idéal qui, en tant que non changeant, peut par pure métaphore être qualifié de mort, avec les hommes, les êtres charnels qui embrassent cet idéal, lesquels, en cet embrassement, peuvent être si peu morts qu’ils se battront avec acharnement pour le défendre.  (Julien Benda, La Trahison des clercs : Appendice des valeurs cléricales, 1927, éd. 1946)
    • Des comtes et des palatins embrassent la vie cénobitique. Or, cette vie exige une austérité décourageante.  (Abbé Paul Buysse, Vers la Foi catholique : L’Église de Jésus, 1926, page 148)
    • Car si les Goths, les Francs et les Burgondes embrassèrent le christianisme, ils le firent d’une manière superficielle et ils se laissèrent facilement gagner aux hérésies, en particulier à l’arianisme.  (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • De très bons dessinateurs embrassent d’autres métiers parce qu’ils estiment que c’est dangereux et que ça ne nourrit pas son homme.  (Emeline Wuilbercq, « En Afrique, « la caricature est dangereuse et ne nourrit pas son homme » », Le Monde. Mis en ligne le 6 mai 2019)
  7. (Par extension) Serrer quelqu’un entre ses bras et lui donner un baiser.
    • Je ne voulais pas me faire à l’idée que mon père fût mort, et que plus jamais il ne reviendrait. Durant sa maladie, on m’avait défendu de pénétrer dans sa chambre, et il était parti sans que je l’eusse embrassé.  (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Mme Pasteur pouvait bientôt écrire : « Grandeau vient d'annoncer au laboratoire que Roux et Chamberland sont décorés et que Pasteur est grand-cordon . On s'est embrassé cordialement au milieu des cochons d'Inde et des lapins. »  (Victor Fraitot, Une page d'histoire du XIXe siècle - Pasteur (l’œuvre, l’homme, le savant), Paris : librairie Vuibert, 1905, page 47)
  8. (Par extension) Donner un ou des baisers à quelqu’un.
    • Ils mangent et boivent, font ripaille, remuent leurs membres, embrassent les filles, sonnent les cloches, s’emplissent de bruit : rudes bacchanales où l’homme se débride, et qui sont la consécration de la vie naturelle : les puritains ne s’y sont pas trompés.  (Hippolyte Taine, Histoire de la littérature anglaise, volume 1, 1856, page 255)
    • Des messieurs parfumés, que d’affreux gigolos embrassaient sur la bouche, poussaient des gloussements et, tournoyant avec ivresse, s’abandonnaient.  (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Un mec qui ne s'encombrera pas des convenances et de la séduction à deux balles, qui rentrera, posera le kébab et sans dire un mot, m’embrassera fougueusement en me disant de ne pas m'inquiéter pour toutes les histoires de couple pourries […].  (Laura Bernard, Football, amour, kébab, Éditions Publibook, 2012, page 49)

Dérivés

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Prononciation

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Paronymes

Références

  • « embrasser », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (embrasser), mais l’article a pu être modifié depuis.
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