bannir

Français

Étymologie

(v. 1100) Étymologie complexe due à la présence au Moyen Âge de trois sens différents pour le même verbe : 1°) convoquer une armée par ban (décret) ; 2°) proclamer en public ; 3°) exiler. Le premier sens est attesté au VIIe siècle et dérive du latin médiéval bannire, issu de bannus, lui-même issu de l'ancien bas francique ban (loi dont la non-observance entraîne une peine). Le deuxième sens est attesté dès 596 et le troisième dès 1186. Il est donc apparu beaucoup plus tard. Il est possible que le mot de départ ait subi l'influence des mots franciques bannjan (exiler) et bandjan (faire signe – gothique bandwa, qui a donné bande en français), ou du mot gothique bandwjan (donner le signal). Le résultat a donné bandir (proclamer) en ancien occitan, bandi (expulser) en franco-provençal, bandire (exiler) en italien, bandir (citer à comparaître en justice, puis expulser, exiler) en catalan, et bannir en français.

Verbe

bannir \ba.niʁ\ transitif 2e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se bannir)

  1. Condamner une personne à sortir d’un pays, à être chassée ou transportée hors d’un territoire, avec défense d’y rentrer.
    • Peter Schwarber fut même déchu de ses droits de bourgeoisie et banni de la ville.  (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Bannir à temps.
    • Bannir à perpétuité.
    • Il fut banni de sa patrie.
    • On l’a banni du pays.
  2. (Par extension) Expulser, éloigner, exclure, en parlant des choses aussi bien que des personnes.
    • Remplacez encore l’outremer par le bleu de Thénard n.° 19, mais bannissez le bleu de Prusse lorsque vous achevez les chairs; il est trop acre, et il change toujours davantage en vieillissant, […].  (Pierre Louis Bouvier, Manuel des jeunes artistes et amateurs en peinture, Paris : Alph. Giroux, 1832, p.36)
    • […] mais, comme on n’avait jamais eu en mains de preuves palpables, on ne pouvait bannir des jeux quotidiens, ni mettre en quarantaine les deux traîtres présumés, […].  (Louis Pergaud, Deux Veinards, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • C’est un fripon que l’on a banni de toutes les maisons honnêtes.
    • Il a banni de son ouvrage les expressions trop techniques.
    • Cette contrainte bannirait tout agrément de notre société.
    • Se bannir d’un lieu, d’une maison, d’une société, Cesser ou s’abstenir d’y aller, quoique à regret.
  3. (Figuré) Éloigner de son âme, de son souvenir.
    • Bannir toute crainte, toute honte.
    • Bannir le chagrin de son esprit.
    • Bannissez les scrupules.
    • Bannir un ingrat de sa mémoire.
  4. Publier, proclamer par ban.
    • Surpris que Pennec eût tant d’argent, je fis bannir (publier) sur la croix : mais personne ne se plaignit d’avoir perdu ou d’avoir été volé.  (Stendhal, Mémoires d’un touriste, t. 2, 1838, page 41)

Dérivés

Apparentés étymologiques

Traductions

Prononciation

  • France  : écouter « bannir [ba.niʁ] »
  • France (Toulouse) : écouter « bannir »

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (bannir), mais l’article a pu être modifié depuis.
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