Île Verte, vue du Mugel.

Littérature

Roman

Alexandre Dumas, Le Bagnard de l'Opéra, 1868

Les vastes horizons, la mer infinie, les montagnes gigantesques, surtout lorsque tout cela est baigné de l'air pur et doré du Midi, tout cela vous mène droit à la contemplation, et rien mieux que la contemplation ne vous éloigne du travail [...].
Je contemplais, et je l'avoue, cette Méditerranée d'azur, avec ses paillettes d'or, ces montagnes gigantesques belles de leur terrible nudité, ce ciel profond et morne à force d'être limpide.

  • Le Bagnard de l'Opéra (1868), Alexandre Dumas, éd. Magnard, coll. « Classiques & Contemporains », 2001  (ISBN 978-2-210-75424-9), 1. Le forçat, p. 9

Puis il y avait les jours de tempête, les jours où le ciel si pur se voilait de nuages sombres, où cette Méditerranée si azurée devenait couleur de cendre, où cette brise si douce se changeait en ouragan.
Alors le vaste miroir du ciel se ridait, cette surface si calme commençait à bouillir comme au feu de quelque fournaise souterraine. La houle se faisait vague, les vagues se faisaient montagnes. La blonde et douce Amphitrite comme un géant révolté, semblait vouloir escalader le ciel, se tordant les bras dans les nuages, et hurlant de cette voix puissante qu'on n'oublie pas une fois qu'on l'a entendue.

  • Le Bagnard de l'Opéra (1868), Alexandre Dumas, éd. Magnard, coll. « Classiques & Contemporains », 2001  (ISBN 978-2-210-75424-9), 1. Le forçat, p. 11

Essai

Gilbert Keith Chesterton, L'homme éternel, 1925

Ce centre est la Méditerranée. Monde, plutôt que mer, mais fait à l'image de la mer, où se jettent et s'unifient les courants les plus disparates ; comme le Nil et le Tibre mêlent leurs eaux dans celles de la Méditerranée, l'Égypte et l'Étrurie se fondent dans une commune culture. Le rayonnement de la mer auguste franchit les déserts, les montagnes et les forêts, s'étend aux Arabes et aux Gaulois ; mais c'est le long de ses rives que s'accomplit la tâche première de l'antiquité et que s'élabore la civilisation qu'elle devait donner au monde ; c'est dans le cercle de l'orbis terrarum que se poursuit le combat du meilleur et du pire ; la lutte sans fin de l'Europe et de l'Asie, depuis la fuite des Perses à Salamine jusqu'à la fuite des Turcs à Lépante ; le duel à mort où s'affrontèrent selon la chair et selon l'esprit les deux formes parfaites du paganisme, latine et punique. Royaume de la guerre et de la paix, du juste et de l'injuste, royaume de toutes nos haines et de tous nos amours… toutes révérence gardée, Aztèques et Mongols, mes frères, vous n'avez rien donné au monde de comparable à la tradition méditerranéenne.

  • L'homme éternel (1925), Gilbert Keith Chesterton (trad. Maximilien Vox), éd. Éditions Saint Rémy, 2013  (ISBN 2-84519-779-9), chap. Antiquité de la civilisation, p. 52
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