Ozonothérapie

L'ozonothérapie ou cure d'ozone est une technique de médecine non conventionnelle qui a pour but le traitement de différentes affections et symptômes par l'insufflation dans l'organisme d'un mélange d'ozone et d'oxygène. Le champ d'investigation de cette thérapeutique semble vaste et de nombreuses recherches existent en dentisterie, chirurgie, rhumatologie, cardiologie, gynécologie, urologie, dermatologie, orthopédie, etc. Si les résultats semblent encourageants, il n'existe à l'heure actuelle aucune étude épidémiologique démontrant la validité de cette thérapie. On dispose cependant de méta-analyses publiées dans des revues renommées qui confirment son utilité dans le traitement de la hernie discale lombaire[1][2]. Aucune des variantes de l'ozonothérapie n'est agréée par les grandes agences gouvernementales de régulation des pratiques thérapeutiques (FDA ou EMEA).

Historiquement cette méthode n'est pas nouvelle et a été pratiquée depuis la fin du XIXe siècle[3],[4]. Cette approche thérapeutique connaît cependant un regain d'intérêt depuis la fin du XXe siècle[5], au vu de l'évolution des générateurs d'ozone médical et la possibilité de calibrer les doses d'ozone.

Historique

En Allemagne

L'armée allemande eut recours à l'ozone pour traiter les blessures de guerre et certaines infections pendant la Première Guerre mondiale[6]. Vers 1936, le Dr Payr en Allemagne publie Les propriétés curatives et bactéricides de l’ozone. En 1972, les travaux du Dr Hans Wolff de Düsseldorf contribuent à faire connaître l’ozonothérapie.

Le Dr Renate Viebahn-Hansler, directrice de la firme Ozonosan en Allemagne écrit et édite "The journal of international Ozone Association". Ozone in Medicine: The low-Dose Concept - Guidelines and Treatment Strategies.

Au début du XXIe siècle plus de 6,000 médecins pratiquent l'ozonothérapie en cabinet et en clinique[réf. nécessaire].

Depuis 2003, l'ozone est utilisé par certaines industries pour effacer les traces de médicaments dans les eaux usées[7].

En France

Les propriétés thérapeutiques de l'ozone ont été découvertes en France en 1894, par les docteurs Labbé et Oudin[8]. En 1930, le docteur Pol Mathis publie une thèse sur l'action analgésique et stimulante de l'ozone qu'il démontre à l'aide de son appareillage Novozone. À partir de 1936 la technique se développe dans les milieux hospitaliers, à l'hôpital Beaujon de Clichy notamment. Son efficacité en médecine a été constatée depuis la fin du XIXe siècle sans effets secondaires . Pratiquée à l'hôpital Bichat au début du XXe siècle pendant plus de 30 ans[réf. nécessaire], cette thérapeutique a été abandonnée car la fabrication de l'ozone demandait des matériaux qui n'existaient pas à cette époque, et a été remplacée par les antibiotiques, puis par la cortisone, l'usage de l'eau ozonée s'est répandu pour soigner les problèmes digestifs ou de fatigue. Les coquelucheux au début du XXe siècle venaient se faire soigner à l'usine municipale de traitement de l'eau de Saint-Laurent-du-Var.

Un ingénieur lyonnais, Eugène Royer, a mis au point, en 1932, un appareil de soins médicaux par ozonothérapie produite à partir d'oxygène pur et permettant de recourir à des injections[réf. souhaitée].

En Belgique

L'Ozonothérapie commence à être utilisée en Belgique pour différentes pathologies souvent dues à la pollution mais pas seulement. En orthopédie, on constate la disparition des hernies discales après l'injection intramusculaire d'ozone. Un centre d'ozonothérapie médicale a fonctionné à Bruxelles, de 1953 à 1956 dans le domaine des infections, des brûlures, du vieillissement tissulaire et de la dermatologie en général. Ensuite, quelques médecins belges indépendants ont également utilisé cette méthode, entre autres le docteur Jean Baetens.

En Italie

Le Pr Velio Bocci[9],[10] est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'ozonothérapie[11],[12]. A l'université de Sienne, il est possible d'obtenir un master en ozonethérapie.

Principes et utilisations

Patient bénéficiant d'une séance de grande autohémothérapie (de) — en anglais Major Autohemotherapy ou encore O3 AHT[N 1] — dans un centre incluant l'ozonothérapie dans son panel de soins. Le sang est tout d'abord prélevé par perfusion afin d'être préalablement récolté dans un flacon en verre — ou en matériau souple spécifique — médicalement conçu à cet effet et contenant déjà un anticoagulant de type héparine. Le tout est aussitôt enrichi d'un apport spécifique d'ozone ultra pur avant de retourner immédiatement (mais lentement) dans la circulation sanguine d'origine.

On peut distinguer une dizaine de modes d'administration[6] :

  • injections intraveineuses ou intra-artérielles ;
  • insufflations rectales[13] ;
  • injections intramusculaires ;
  • auto-transfusions, sous deux formes d'autohémothérapie (de)[N 1] ;
  • eau ozonée ;
  • solution saline[13]
  • « ozone enveloppement ( sac, bagging) » ;
  • huile ozonée ;
  • injections intra-articulaires[14] ;
  • par inhalation, mais uniquement après barbotage préalablement intermédiaire dans de l'huile d'olive (étape indispensable), car l'ozone ne doit en aucun cas être directement respiré.

Cette thérapie utilise l'ozone, soit en contact direct pour traiter les affections dermatologiques, éventuellement par bain, ou encore par auto-transfusion appelée autohémothérapie[N 1], soit par inhalation d'un mélange gazeux oxygène-ozone (pour traiter les affections pulmonaires) après barbotage dans de l'huile car il ne peut être respiré directement.

L'ozone est un oxydant très réactif, environ 10 000 fois plus actif que l'oxygène, toxique en grande concentration. Lors des pics de pollution dans les villes, il est le plus facile à détecter et est dans ces cas là toujours associé à plusieurs autres toxiques irritants et nocifs. L'air et ces polluants constatés lors de ces pics vont donc créer une souffrance respiratoire pour un nombre grandissant de personnes. L'ozone ne peut être respiré et les quantités utilisées sont toujours minimes.

L'utilisation d'huile ozonée permet une revitalisation des cellules par un effet retard et son efficacité est reconnue sur l'ulcère de l'estomac (détruisant l'agent responsable : l'Helicobacter pylori)[réf. souhaitée].

Odontologie et soins bucco-dentaires

Application de l'ozone pour les soins dentaires.

L'ozone s'utilise également en odontologie pour détruire les bactéries responsables des caries[15]. Concernant les caries dentaires toutefois, une étude de la Cochrane Collaboration établissait en 2009 : « il y a un besoin fondamental en preuves supplémentaires de rigueur et qualité appropriées avant que l’utilisation de l’ozone puisse être acceptée dans la pratique dentaire courante des soins fondamentaux ou puisse être considérée comme une alternative viable aux méthodes courantes pour la prise en charge et le traitement des caries dentaires[16]. » Il existe des appareillages de traitement des caries à l'ozone pour équiper des cabinets dentaires, cette méthode est testée au département de médecine dentaire de l'Université de Berne[17][réf. insuffisante].

Analyses

Les nombreuses applications et essais cliniques semblent encourageants, cette thérapeutique est parfois controversée, d'autant plus qu'elle a pu être récupérée par des charlatans[18],[19],[20],[21], et n'est pas toujours reconnue, tant sur son efficacité que sur ses dangers potentiels.

Autres utilisations

L'utilisation de l'ozone est très fréquente, depuis plus d'un siècle, pour rendre l'eau potable dans de grandes villes à travers le monde (Nice est la première à l'avoir utilisée en 1907, Barcelone en 1955, etc.) car l'ozone est le plus puissant des virusides, fongicides et bactéricides de la planète.

Elle serait aussi utilisée comme dopage – ce qui, aux yeux de certains, peut passer pour une preuve d'efficacité – comme le montre la mise en examen du coureur cycliste Rémy Di Grégorio pendant le Tour de France cycliste 2012[22] ou la suspension de Stefan van Dijk en 2013 par la Commission antidopage belge après avoir utilisé cette thérapie[23]. Toutefois, il n'existe aucun moyen scientifique pour démontrer qu'une personne a pratiqué l'ozone thérapie par insufflation rectale ou vaginale.

Notes et références

Notes

  1. Dans le cas d'un traitement « autohémothérapeutique (de) » couplé à l'ozone, le sang du patient est d'abord prélevé puis mitigé à un mélange gazeux de type oxygène-ozone avant d'être réinjecté dans la circulation du donneur par le biais du même canal et de la même perfusion. Il existe de ce fait deux formes d'applications distinctes :
    1. la « petite autohémothérapie » où seul l'équivalent d'une petite seringue est prélevé, mélangé à l'ozone puis réinjecté à tout autre endroit du corps
    2. la « grande autohémothérapie » durant laquelle une quantité plus importante de sang est prélevée par perfusion (généralement à partir du creux de l'avant-bras) puis redirigée vers une poche en plastique ou en verre avant d'être mélangée à de l'ozone médicale puis de retourner dans la circulation sanguine par le biais de la même perfusion demeurée en place tout du long du processus rétroactif qui, généralement, dure environ entre 20 à 40 minutes

Références

  1. (en) Magalhaes, Francisco N. De Oliveira; Dotta, Luciana; Sasse, Andre; Teixera, Manoel J.; Fonoff, Erich T., « Ozone therapy as a treatment for low back pain secondary to herniated disc: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. », Pain Physician 15 (2): E115-129, (ISSN 2150-1149, lire en ligne)
  2. (en) Steppan, Jim; Meaders, Thomas; Muto, Mario; Murphy, Kieran J., « A metaanalysis of the effectiveness and safety of ozone treatments for herniated lumbar discs. », Journal of vascular and interventional radiology: JVIR 21 (4): 534-548, (ISSN 1535-7732, lire en ligne)
  3. quelques exemples.
  4. Dr A Caratzalis, « Applications thérapeutiques de l'ozone », Gazette Hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie, vol. 3, no 6, , p. 93-94 (lire en ligne)
  5. (en) (it) Bibliographie (en italien et en anglais).
  6. (en) Ozone Therapy : Health Technology Assessment Report, Medical Development Division, Ministry of Health, Malaysia, , 42 p. (lire en ligne [PDF])
  7. L'Usine Nouvelle, « L'ozone efface les traces de médicaments dans les eaux usées - Eau », usinenouvelle.com/, (lire en ligne)
  8. Paul Oudin et Donatien Labbé, Sur l'ozone considéré au point de vue physiologique et thérapeutique, Gauthier-Villars et fils, , 6 p. (OCLC 763381942, lire en ligne)
  9. (en) Roberto Quintero, ISCO : International Scientific Committee of Ozonetherapy (legal advisor), The pioneer of the modern ozone therapy: Professor Velio Bocci, Potenzi Attiva : società scientifica per la ricerca, l'analisi bioetica e la divulgazione della medicina potenziativa, , 5 p. (lire en ligne [PDF])
  10. (en) Oxygen-ozone Therapy: a critical evaluation, p. 1-440, 2002, Kluwer Academic Publishers, Dordrecht.
  11. (en) Velio Bocci ,Ozone. A new medical drug, pag. 1-295, 2005, Springer, Dordrecht
  12. (en) Velio Bocci, I. Zanardi, E. Borrelli, V. Travagli, « Reliable and effective oxygen-ozone therapy at a crossroads with ozonated saline infusion and ozone rectal insufflation », Journal of Pharmacy and Pharmacology (en), PubMed.gov, US National Library of Medicine, National Institutes of Health, NCBI Resources, vol. 64, no 4, , pp. 482–489 (DOI 10.1111/j.2042-7158.2011.01427.x, résumé, lire en ligne)
  13. (en) Paoloni, Marco MD*†; Di Sante, Luca MD*†; Cacchio, Angelo MD†; Apuzzo, Dario MD†; Marotta, Salvatore MD‡; Razzano, Michele MD‡; Franzini, Marianno MD§; Santilli, Valter MD*†, « Intramuscular Oxygen-Ozone Therapy in the Treatment of Acute Back Pain With Lumbar Disc Herniation: A Multicenter, Randomized, Double-Blind, Clinical Trial of Active and Simulated Lumbar Paravertebral Injection », Spine, Lippincott Williams & Wilkins, Inc., vol. 34, no 13, , pp. 1337-1344 (DOI 10.1097/BRS.0b013e3181a3c18d, lire en ligne)
  14. (en) Longbottom C, Ekstrand K, Zero D, Kambara M. « Novel Preventive Treatment Options » Monogr. Oral Sci. 2009;21:156-63.
  15. http://cfebd.ups-tlse.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=82:-therapie-par-lozone-pour-le-traitement-de-la-carie-dentaire-&catid=41:traitement&directory=1
  16. « Ozonothérapie dentaire »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  17. (en) Saul Green, « Oxygenation Therapy: Unproven Treatments for Cancer and AIDS », Scientific Review of Alternative Medicine, 1997.
  18. (en) Aubrey Pilgrim et David Crawford, Scientific Review of Alternative Medicine, (lire en ligne), chap. 20 (« Quackery »).
  19. (en) « Quackbusters Inc.: Hot On The Heels Of Medical Hucksters », The Scientist magazine for the life sciences
  20. (en) « So what has ozone ever done for us? », The Guardian Unlimited.
  21. Laurent Telo et Emmanuel Versace, envoyés spéciaux à Marseille, « Tour de France : pour les enquêteurs, Rémy di Gregorio serait au cœur d'un réseau pratiquant l'ozonothérapie » Le Monde du 14 juillet 2012.
  22. « Van Dijk suspendu 8 ans pour ozonothérapie », sur rtbf.be,

Voir aussi

Article connexe

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